Jean-Paul Bostoen, MOF 2011 pose à coté du portrait de Monsieur Paul. ©Sandrine Kauffer

Le décès de Paul Haeberlin, chef trois étoile de l’auberge de l’Ill à Illhaeusern

10 mai 2011. Cela fait 3 ans déjà que le chef, “Monsieur Paul Haeberlin nous a quittés. Il y a deux jours à peine, nous étions à l’auberge de l’Ill “fêter” le titre d'”Un des Meilleurs Ouvriers de France” décroché cette année par Jean-Paul Bostoen, un des seconds de Marc Haeberlin.

Le nouveau promu a instinctivement souhaité poser à coté du portrait du chef. “Papa était si triste pour lui quand il avait échoué en finale en 2007 ” nous dit Danielle Baumann-Haeberlin,”Aujourd’hui, il est très fier de lui, là où il est. “.

Voici le texte “très personnel” (mais événement exceptionnel) que nous avions publié quelques jours après l’enterrement. C’était juste hier. …le 10 mai 2008…

“Merci “Chef”, par Julien Binz

Les saules pleurent à Illhaeusern. Le patriarche s’en est allé. Il a été inhumé en fin d’après-midi dans le cimetière du village, auprès de sa famille.
” La génération Haeberlin ” est venue des quatres coins du monde pour lui rendre un dernier hommage. Il entre dans l’Histoire.
“AMOUR, GENEROSITE et HUMILITE”; trois mots pour le qualifier. Une trilogie pour un chef étoilé.
Édouard, son petit-fils, a présenté sa biographie. Plus que son parcours de chef étoilé, impressionnant de longévité, c’est sa personnalité, son humanité qui ont été célébrées. J’ai eu la chance de travailler à ses côtés. Je rejoins tous les témoignages d’amour, de respect, d’admiration, qui ont été exprimés.

Marie et Paul Haeberlin. Visuel exposé lors de la remise du Trophée Paul Haeberlin. Egast 2010. ©Sandrnie Kauffer

Je regarde autour de moi. La grande famille s’est rassemblée. La famille, les proches, les villageois, les cuisiniers. Ils sont tous présents. Émus. Silences respectueux. Chants bouleversants, de très belles voix qui vous transportent d’émotion. Qui vous font pleurer. Identiques à celle de Danielle Baumann-Haeberlin, sa fille, qui, en d’autres circonstances, aurait certainement chanté.

“Je vous remercie d’être venus si nombreux, c’est un grand témoignage d’amour pour mon père. Je vous vois un peu comme des étoiles qui scintillent “ nous a-t-elle dit, fragile et forte à la fois.

Le cercueil “du chef”, comme nous l’appelions, est sorti de l’Eglise, sous les applaudissements. J’en étais tout retourné.

“Monsieur Paul” Haeberlin: en souvenir
“L’arbre vert”, affaibli, s’est déraciné. Dans la douleur.
Pour nous, cuisiniers, c’est notre “père de la cuisine” qui nous s’en est allé.Sa brigade et de nombreux chefs sont venus lui rendre hommage en tenue de cuisine.

Nombreux sont ceux qui ont été formés par ses soins.
Nombreux sont ceux, à qui, il a transmis sa passion.
Nombreux sont ceux, qui gardent un souvenir impérissable de cette maison réputée non seulement par sa cuisine, mais aussi par la famille Haeberlin, si chaleureuse, si généreuse, si bienveillante.

Je savais pourquoi j’avais choisi ce métier, mon grand-père était boulanger, et je sais pourquoi je l’ai aimé, c’est en travaillant auprès des” Haeberlin”.

J’ai travaillé à l’Auberge de l’Ill pendant cinq années. Merveilleuses.
Je me rends compte chaque jour qui passe de ce bonheur et de cet honneur. J’ai toujours eu un immense respect pour le Chef. Il avait le gout des choses simples, le gout de l’essentiel.
La cuisine était sa passion. L’Auberge de l’Ill était sa maison. Il ne rentrait chez lui, “en face ” qu’au début du service du soir, après avoir pris le soin de saluer les clients qui arrivaient dîner.

Il demandait toujours “wie geht’s” et moi, je ne pourrais plus jamais demander à Monsieur Marc, “Comment va le chef ?”

Julien Binz
Ancien second à L’Auberge de l’Ill.
Jeudi, 15 mai 2008

 

Le magnifique jardin de l’Auberge de l’Ill avec ses saules pleureurs