Foire aux Vins d’Alsace 2025 du 25 juillet au 3 août 2025

Vendredi 25 juillet 2025, la 76e édition de la Foire aux Vins d’Alsace a été officiellement inaugurée à Colmar, marquant le coup d’envoi de dix jours de festivités mêlant musique, gastronomie, artisanat et viticulture. Cette manifestation populaire et économique, pilier de l’été alsacien, s’est ouverte par une série de discours portés par des voix engagées du territoire.

Bertrand Burger, président de Colmar Expo, a rappelé le rôle structurant de la Foire pour l’économie locale et régionale, tout en soulignant les efforts entrepris en matière de responsabilité sociétale. Éric Straumann, maire de Colmar, a insisté sur l’importance de conserver la maîtrise publique du parc des expositions, garant d’une vision cohérente et ancrée dans le territoire. Serge Fleischer, président du CIVA, a livré une analyse lucide et alarmante de la filière viticole, appelant à une transformation profonde des pratiques et des modes de consommation. Enfin, Franck Leroy, président de la Région Grand Est et invité d’honneur de cette 76e édition, a salué l’engagement collectif et rappelé combien le vin constitue, au-delà d’un produit, un symbole identitaire et culturel fort du territoire.

Tous ont à leur manière défendu les valeurs de convivialité, de résilience et de transmission, affirmant la volonté partagée d’un avenir à construire pour les Vins d’Alsace et la région dans son ensemble.

C’est avec une émotion sincère que Franck Leroy, Président de la Région Grand Est, a ouvert son discours à Colmar, saluant « une institution » qu’est la Foire aux Vins d’Alsace. Une foire qui, selon lui, s’impose comme la première de France, exception faite de la région parisienne, mais « quand vous avez 12 millions d’habitants en région parisienne, ils partent avec un avantage évidemment… qui les discrédite quelque part. La vraie foire, c’est ici ! » Il loue également la dimension internationale et intergénérationnelle de la Foire aux Vins de Colmar : « Un événement qui vous invite à la fête dans une période où les moments d’anxiété sont légion. » Le président du Grand Est rappelle que le vin est un pilier économique régional, fort de 20 000 vignerons, 45 000 emplois directs et 171 000 saisonniers chaque année pendant les vendanges. « Le vin, c’est notre fierté, notre art de vivre, notre identité. »

Il évoque aussi le rôle fédérateur de la viticulture européenne, portée par 40 régions membres de l’AREV (Association des Régions Européennes Viticoles), dans « une tradition du partage et de la convivialité ».

Mais il n’élude pas les défis majeurs : changement climatique, évolution des modes de consommation, pressions douanières, et injonctions culturelles venues de l’étranger. « On consomme de plus en plus en dehors du domicile. Le fast-food prend le pas sur la slow food. » Il s’élève aussi contre certaines tendances comme le « Dry January » : « Imaginez qu’on arrête de boire du vin au moment des vœux ? Un verre de crémant, de champagne, de vin, ça égaye ces moments. »

Il rend hommage à la Route des Vins d’Alsace, « référence absolue » en matière d’œnotourisme, et salue l’engagement du vignoble alsacien pour l’environnement : « Le vignoble d’Alsace est le plus vert qui soit. » Il confirme également le soutien du Grand Est à la future Cité des Vins à Kaysersberg : « Un joyau architectural et paysager pour offrir aux Vins d’Alsace un écrin encore plus prestigieux. » Enfin, Franck Leroy invite à résister à la morosité ambiante, à « tenir un discours positif », à valoriser les pépites locales, à faire rayonner les talents, et à célébrer ce que la France, et en particulier l’Alsace, offre de meilleur.

De G à D: Didier Petermann, Eric Straumann, Franck Leroy, Serge Fleischer, et Bertrand Burger à l’inauguration de la FAV de Colmar 2025 ©Sandrine Kauffer

Éric Straumann défend un modèle colmarien ancré et ambitieux

Devant les officiels et les acteurs du territoire réunis pour l’inauguration de la 76e Foire aux Vins d’Alsace, Éric Straumann a livré un discours dense, entre fierté locale, vision stratégique et tonalité volontiers directe.

D’emblée, il réaffirme la place singulière de Colmar dans le paysage viticole régional :
« Colmar est la capitale des vins d’Alsace : 400 hectares de vignes sur notre ban communal, cinq domaines viticoles, le siège du CIVA… » Et tout en saluant l’image mondiale du champagne, il défend une ambition collective : « Tous les vignobles de notre région peuvent s’en inspirer. Nous ne cherchons pas à supplanter le champagne, bien sûr, mais nous avons aussi notre place, notamment sur le marché japonais. »

Il revient sur l’implantation prochaine de la Maison des Vins d’Alsace à Kaysersberg : une décision qu’il n’a pas immédiatement accueillie avec enthousiasme, mais qu’il soutient désormais dans une logique de coopération territoriale.
« Notre rayonnement dépasse nos frontières administratives », insiste-t-il, tout en rappelant l’engagement de Colmar Agglomération dans le projet.

Le maire salue aussi les partenaires historiques du monde viticole alsacien – IFVV, Chambre d’agriculture, AVA – et insiste sur la nécessité d’accompagner les transitions en cours : « Les vins changent, et nous devons nous y adapter », dit-il en évoquant à la fois l’évolution des goûts et les effets du climat. Le volet économique n’est pas en reste. Colmar affiche une vitalité notable : « La zone industrielle nord connaît une forte croissance avec 15 à 20 millions d’euros d’investissements annuels. »

Sur la gouvernance future de la Foire, il est clair : Colmar ne veut pas perdre la main. La création d’une Société Publique Locale (SPL), prévue pour le 1er janvier 2028, permettra selon lui de préserver l’autonomie de gestion : « Nous ne voulons pas voir la deuxième Foire de France, avec ses 300 000 entrées, tomber dans un schéma purement commercial. » La SPL conservera les équipes actuelles et pourrait, à terme, intégrer d’autres compétences comme l’office de tourisme.

Côté finances, Éric Straumann assume la solidité budgétaire de la ville. « Oui, nous avons 40 millions d’euros en caisse. Cela a fait parler, mais je préfère que nous ayons des marges de manœuvre pour investir, plutôt que d’être à découvert. » Ces ressources permettront notamment de moderniser les équipements du parc expo, en particulier en matière de climatisation, afin d’attirer davantage de congrès.

Concluant sur une note conviviale et pleine d’humour, le maire glisse une comparaison imagée : « La Foire aux Vins de Colmar ? C’est un mélange entre le festival des Vieilles Charrues et la Fête de la Bière de Munich… mais ici, la bière est remplacée par le vin d’Alsace ! » Et de refermer son propos par une citation de Caton :
« Les hommes sont comme les vins. Avec le temps, les bons s’améliorent et les mauvais s’aigrissent. »

De G à D: Franck Leroy, Serge Fleischer, Odile Uhlrich-Mallet, et Eric Straumann,à la feuille de vigne de la FAV de Colmar 2025 ©Sandrine Kauffer

Serge Fleischer alerte et mobilise : « Le vin d’Alsace doit se réinventer ou disparaître »

« 76e édition, toute une vie. » C’est par ces mots simples mais forts que Serge Fleischer, président du Conseil interprofessionnel des Vins d’Alsace (CIVA), a ouvert son intervention lors de la Foire aux Vins de Colmar. Il y rend hommage à l’histoire longue et populaire de l’événement, mais surtout, il saisit cette tribune pour dresser un état des lieux sans fard de la filière.

Dès les premières lignes, le ton est donné : « L’Alsace et son vignoble sont des moteurs de l’attractivité du Grand Est. » Et, selon lui, l’heure n’est pas aux querelles territoriales : « Certains débats partisans sur d’hypothétiques nouvelles frontières ne sont ni prioritaires, ni nécessaires. » Le cœur de son message est limpide : le monde viticole est en crise. L’Alsace n’est pas épargnée.
« L’équation est simple : vous ne buvez plus assez de vin. » Et ce n’est pas, dit-il, la faute des médecins ou des campagnes sanitaires : « La place historique du vin dans nos foyers s’efface, victime de la déstructuration sociale et des mutations sociétales. »

Il décrit une société où les codes de la convivialité évoluent, les repas en famille ou entre amis s’effacent, les fast-foods dépassent les restaurants. Pendant ce temps, le vin reste figé : « Il a conservé ses vieux codes et peine à séduire les jeunes générations. » La situation est critique. En dix ans, la consommation mondiale a chuté de 247 à moins de 210 millions d’hectolitres : « C’est comme si la France entière, premier producteur mondial, avait disparu du paysage viticole en une décennie. » L’Alsace, avec ses volumes modestes, est elle aussi touchée.
« En trois ans, ce sont 22 000 bouteilles de vin d’Alsace par jour, en moyenne, qui ne sont plus vendues. »

Mais face à cette tempête, la réaction de la filière a été digne, affirme Serge Fleischer. Les vignerons alsaciens ont revu leurs pratiques, se sont engagés dans l’agroécologie, ont restructuré leurs exploitations, mutualisé leurs outils. Mais il en est conscient : « Ces efforts ne suffisent pas. Il nous faut continuer à nous moderniser, innover, nous réinventer. » Et c’est là que le CIVA entend jouer pleinement son rôle, en lançant des projets concrets, visibles, ambitieux.

Il cite d’abord la future Maison des Vins d’Alsace, en construction à Colmar, avec l’AVA. Elle sera livrée d’ici la fin de l’année. Plus sobre, plus écologique, elle s’inscrit pleinement dans la démarche RSE de la filière et ambitionne de devenir le centre névralgique du vignoble alsacien.

Autre chantier d’envergure : la participation des Vins d’Alsace au Pavillon France de l’Exposition universelle d’Osaka 2025. De mars à octobre, le monde entier pourra découvrir « une scénographie exceptionnelle » et une visibilité inédite pour la région. Une opération de prestige, rendue possible grâce au soutien de la Région Grand Est.

Enfin, Serge Fleischer évoque avec fierté la Cité des Vins d’Alsace à Kaysersberg, projet mûri pendant dix ans et qui entre dans sa dernière ligne droite. L’esquisse architecturale a été dévoilée, pour un budget de 28 millions d’euros hors taxe. Un lieu signature, au cœur du vignoble, qui vise à faire rayonner la culture viticole alsacienne bien au-delà de ses frontières. À travers ces projets, conclut-il, les vignerons ne cherchent pas seulement à sauver une filière, mais à écrire un avenir durable, collectif, fier et ouvert au monde.

Avant d’aborder le cœur de cette 76e édition, Bertrand Burger a tenu à rappeler le rôle essentiel de Colmar Expo dans l’organisation de la Foire aux Vins. En tant que gestionnaire du Parc des Expositions, du Centre des Congrès et de l’Espace Auguste en centre-ville, la société emploie 37 salariés et a réalisé un chiffre d’affaires record de plus de 13 millions d’euros en 2024. Depuis plus d’un an, Colmar Expo s’est engagée dans une démarche exigeante de Responsabilité Sociétale des Entreprises, structurée autour de trois axes : l’environnement, le social et le sociétal. Cette orientation s’est concrétisée par l’installation de 500 m² de panneaux photovoltaïques supplémentaires, le remplacement progressif des éclairages dans plusieurs halls par des équipements LED, l’intensification du tri des déchets et le lancement, en partenariat avec la Ville de Colmar, d’un audit énergétique complet visant à moderniser les systèmes de chauffage et de refroidissement. L’objectif affiché est clair : obtenir d’ici la fin de l’année la certification ISO 20121, gage d’un management responsable et durable.

Mais la Foire est également un levier économique majeur. En 2024, à l’occasion de sa 75e édition, ses retombées économiques, sociales et fiscales ont été estimées à 47 millions d’euros, un chiffre révélateur de son impact territorial. Ce dynamisme profite non seulement à Colmar Expo et à ses 350 exposants, mais aussi à ses partenaires, à ses prestataires engagés dans une politique d’achat responsable, ainsi qu’aux secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des transports et à de nombreuses structures publiques, privées et associatives.

La Foire aux Vins d’Alsace incarne donc pleinement le rayonnement de Colmar et de sa région. Et au cœur de cette dynamique, demeurent les Vins d’Alsace, véritable origine et finalité de l’événement. Porteuse d’un patrimoine vivant, cette Foire est à la fois une fête populaire, un lieu de mémoire et de transmission, et un formidable levier tourné vers l’avenir.

Un nouveau millésime 2025

Avec 305 000 visiteurs accueillis à Colmar, soit 4,3 fois la population de la ville, la Foire aux Vins d’Alsace (FAV) 2024 signe une édition historique. Elle décroche la médaille d’or des Foires du Grand Est, la médaille d’argent des Foires de France, et enregistre sa troisième meilleure fréquentation depuis sa création en 1948.

Un exploit pour un événement qui, avec ses 350 exposants seulement, figure pourtant parmi les plus petites foires de France. Mais à Colmar, la FAV cultive une singularité forte : une ambiance festive, une offre éclectique mêlant concerts, animations et dégustations, et surtout, un ancrage identitaire profond autour des Vins d’Alsace.

Un succès populaire fondé sur cinq piliers

La recette de cette réussite tient à cinq ingrédients : la mise en valeur du vignoble régional, un festival musical de haut niveau, une programmation d’animations riche et accessible, une atmosphère conviviale unique, et une foire commerciale diversifiée. Créée au lendemain de la guerre pour relancer la filière viticole, la FAV n’a jamais dévié de son cap : faire rayonner les vins d’Alsace.

Pendant dix jours, les visiteurs découvrent les terroirs, millésimes et cépages grâce à la présence active des vignerons, aux dégustations et aux nombreuses animations. Le « plus grand bar à vins d’Alsace », installé dans la Halle aux Vins, propose chaque soir des planchettes gourmandes, des rencontres avec les Reines des Vins et des conseils personnalisés autour des cuvées.

Une filière en tension mais un Crémant qui brille

Du côté de la production, l’année 2024 a été difficile avec une récolte relativement faible : 905 000 hectolitres pour une surface stable de 15 500 hectares. Les ventes globales sont en léger recul, en raison d’un contexte marqué par la surproduction mondiale et la déconsommation. Seule note positive : le Crémant d’Alsace, leader dans sa catégorie, poursuit sa progression avec +5% de ventes, et +12% à l’export.

Pour 2025, les perspectives restent floues. L’inflation, bien que stabilisée, continue d’impacter les achats. Et la menace de nouvelles taxes américaines pèse lourd, notamment pour les vins d’Alsace dont les États-Unis représentent la deuxième destination en valeur.

Lilou Henriquel, intronisée reine des vins d’Alsace 2025.

Un événement festif… et professionnel

La Foire aux Vins ne se limite pas à la fête. C’est aussi un rendez-vous reconnu des professionnels du monde agricole et viticole. Son parc agricole, unique en France dans une foire de cette ampleur, témoigne de cette dimension. Des conférences animées par des experts, comme Frédéric Schwaerzler ou Ronan Raffray, permettent d’échanger sur les enjeux du secteur.

Gastronomie, spectacles et cabaret

Côté animations, la FAV joue la carte du foisonnement. Entre concours de kougelhopf, démonstrations de bretzels et de mauricettes, ou dégustations de viande préparée en direct par les bouchers-charcutiers du Haut-Rhin, la gastronomie est partout. Le public peut également profiter de spectacles, d’activités sportives, de cabaret et d’animations pour enfants.

Le Cabaret Colmarien, situé dans le Hall 5, se réinvente en 2025 avec une toute nouvelle revue. Au programme : les stars du schlager alsacien Robin Leon et Tom Mathis, les plumes et paillettes de la compagnie Rouge Alevres, l’effeuillage burlesque d’Audrey Redbird, le transformisme spectaculaire de Miss Lili et les ambiances musicales assurées par DJ Tino. Nouveauté cette année : un dîner-spectacle gastronomique orchestré par AZ Réceptions, avec une recette spéciale signée Olivier Nasti, chef doublement étoilé du Chambard à Kaysersberg.

La Foire aux Vins d’Alsace reste plus que jamais un événement unique en son genre : populaire, festif, enraciné dans son territoire, et tourné vers l’avenir.

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