1954-2014: Le Parc à Obernai fête ses 60 ans de succès

Dans la famille de Marc Wucher, je demande, son épouse Monique Wucher, sa fille Marie, son fils Maxime, son “gendre” Cyril Bonnard, sa mère Hélène, dite “Nénette”, son père Achille Wucher son beau-père Maurice Hautefaye, son oncle Marcel, son grand-père, Ernest Kuntz, et sa grand-mère Mariette Kuntz, dite “Mamie” et pour finir, l’ami de la famille Maurice Roeckel, auteur d’un magazine qui retrace la saga d’une famille, ses idées, ses dates clés, ses temps forts, son évolution toujours dans un esprit avant-gardiste.

L’Histoire du Parc à Obernai qui fête cette année ses 60 ans est un événement. Un magazine a été édité retraçant son épopée. Dans l’avant-propos, Maurice Roeckel met en exergue deux mots qui résument selon lui la famille Wucher depuis 6 décennies “amitié” et “fidélité”.

Quatre générations successives ont travaillé d’arrache-pied pour ériger patiemment l’auberge originelle en hostellerie prestigieuse, classée 4*, membre des Etoiles d’Alsace, de Château et Hôtel Collection et bientôt par le biais du chef de Cuisine Cyril Bonnard de l’association des Maîtres Cuisiniers de France.

Mariette « Marie » Kuntz – Mamie 1ère génération

L’histoire puise ses origines en 1940 avec Marie et Ernest Kuntz, qui avaient la ferme forestière du Willerhof, près du Mont Sainte-Odile. Leur fille Hélène, était fragile des poumons c’est la raison pour laquelle ses parents choisirent de s’établir à Willerhof.

Dans sa ferme, Marie cuisinait pour les visiteurs occasionnels, (promeneurs, bûcherons). Survint la guerre, Nénette (ndlr maman de Marc Wucher) fit de la résistance et à grand renfort de lard bien gras, de tartes aux pommes sorties du four, de pichets de vins et de verres de schnaps, elle réussit à endormir la suspicion policière. Nénette, qui avait 18 ans à cette époque fut décorée plus tard de la Croix de Guerre avec Palmes, de l’Ordre National du Mérite et de la Légion d’Honneur pour acte de bravoure. Des distinctions accrochées sur les murs des couloirs près de l’entrée du salon Waydelich avec une collection de photos-souvenirs.

La guerre finie, Nénette reprit ses activités à la ferme auprès de ses parents puis rencontra Achille Wucher (1907-1950), instituteur (ndlr le papa de Marc Wucher). Ils se marient en 1948.
Nénette projetait déjà de créer une pension, mais son mari décède deux ans plus tard brutalement d’un paratyphus, alors que leur fils n’avait pas encore un an.Veuve à 24 ans avec un nouveau né, sans travail, Nénette, trouve un emploi au restaurant la Cloche à Obernai. Elle exerce en salle pendant 4 ans, tout en aidant sa maman à la ferme. Elles ont l’idée d’unir leurs compétences et de créer une pension de famille à Obernai qui va vite se transformer en un hôtel de 13 chambres et un restaurant. Le Parc est né nommé en raison de la proximité du jardin public communal.

Hélène Wucher et Maurice Hautefaye
Mariette Kuntz (1902-1979) devenue “Mamie” à la naissance de Marc, excellait en cuisine pour préparer cochonnailles et autres victuailles. Le menu de fête débutait avec la soupe de boudin, une choucroute, un bout de munster et un vacherin glacé, remis au gout du jour par Marie Wucher. Cette “mère alsacienne” a fait la renommée du Parc et a fortement influencé la vocation de Marc, son petit fils. À leurs côtés, Jeanine Cirino, second de cuisine et sœur du futur chef étoilé Bruno Cirino.
©Lukam/Julien Binz
Mai 68 restera gravé dans la mémoire d’Hélène qui rencontre Maurice Hautefaye, “un vrai Français”, avec de la distinction et de l’entregent. Un temps adjoint de Jacques Chaban Delmas, alors Maire de Bordeaux, il était aussi courtier en vin et le vignoble bordelais n’avait aucun secret pour lui.
1960 : Roland Schaeffer & Marc Wucher

Il transmet sa passion du vin à Marc Wucher, diplômé d’un CAP cuisine et salle, d’un bac technologique et qui remporte le concours de meilleur barman de l’Est et le “Prix de la dextérité dans le service” à Grenoble.

Dans les années 70, avec lui, les clients “entrent” en cuisine. C’est une véritable révolution. Une photo emblématique le représente derrière le premier chariot d’eaux de vie présenté en Alsace, sourire entendu et moustache conquérante, il devient l’idole des distillateurs et réinvente la pharmacopée “schnapsienne”.

“Critiqué certes pour ses provocations et son esprit avant-gardiste, mais encore plus souvent copié et imité” souligne Maurice Roeckel.

Pour se former, il suivait des stages, notamment chez Lenotre à Paris, qui lui a beaucoup appris. “On parlait déjà de ratio, de gain de temps, d’économie de gestes, d’organisation avec la mise au froid” se souvient Marc Wucher. “J’ai été l’un des premier à faire du sous-vide”, rit-il, toujours à l’affut des dernières tendances, à l’instar de son fils Maxime. Son domaine: le management : il est intarrisable sur les habitudes consommatrices des clients, les nouveaux sites marchands et les stratégies commerciales et e-commerciales.
En cuisine, Marc conserve les recettes de sa Mamie et apporte sa touche personnelle. Dans cette décennie marquée par l’explosion de la clientèle allemande, triomphent les poissons d’eau douce (saumon, brochet, sandre), le gibier à poils et à plumes, la cuisine du terroir, le fameux Gänseltopf (l’oie de la Saint Martin), le canard à l’orange et le lapin aux nouilles. Les confitures, les conserves de fruits, les légumes, les sauces, tout était de fabrication maison.
Déjeuner avec le président de la République Valery Giscard D’Estaing. A sa gauche Monique Wucher
Déjeuner avec le président de la République Valery Giscard D’Estaing. A sa gauche Monique Wucher
Des personnalités sont venues au Parc. Albert Ier, Roi de Belgique, un Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing; une Présidente du Parlement Européen, Simone Weil, Annie Cordy, Carlos, Jacques Higelin, Alain Prost, Jean-Pierre Papin et Arsène Wenger, le charismatique entraîneur d’Arsenal, qui a partagé deux ans durant le même banc d’école avec Marc Wucher à Obernai.
Monique (Dirwimmer) Wucher

En 1989, Monique Dirwimmer, originaire du Val de Villé, fleuriste de formation, postule à la réception, “et attire l’attention du jeune dirigeant maison, par une capacité de travail bien au- dessus de la moyenne”, souligne Maurice Roeckel. En 1981, ils unissent leur destin.

Mais le plus grand bonheur de Monique et de Marc au cours de cette décennie, a été la naissance de leurs deux enfants, Maxime (1982) et Marie (1986).

Monique Wucher est en quelque sorte l’âme du Parc et lui confère cet équilibre apaisé que les clients apprécient par-dessus tout. Ensemble, ils forment un duo complémentaire, mariant qualité et personnalité, alliant leur savoir-faire.

Elle, d’une élégante simplicité, souriante, avenante, attentive aux autres comme aux siens, compatissante et toute en empathie, n’hésitant pas à modérer, juste ce qu’il faut, les accents impétueux de son époux. Son œil exercé s’impose à la réception, à la facturation, dans les étages et à toutes les tâches administratives.

Lui, plus que jamais, devient l’ambassadeur itinérant du Parc, il se déplace, participe aux salons, rencontre les agences de voyages, scrute inlassablement ce qui se fait ailleurs et pour pouvoir partir ainsi, il s’entoure de collaborateurs compétents, qui depuis ont fait du chemin.

1990, c’est l’ère des grands travaux et le parc est classé 4*. En 1995, ils s’attaquent à la démolition du bâtiment originel, créent 18 chambres et suites supplémentaires, 3 salles de réunion et font bâtir les fameux oriels, devenus emblèmes du Parc. Sans oublier la piscine plein air.

Deux ans plus tard, ils créent la “Stub”, à ne pas confondre avec une winstub, car Marc & Monique Wucher ont reconstitué tout en bois ancien récupéré dans une ferme une authentique salle à manger alsacienne, où sont proposés les spécialités et les plats canailles qui ont fait la renommée de Mamie.

Désormais, le Parc dispose de deux restaurants et la fameuse salle des coqs.
Marc Wucher est un grand admirateur du coq, cet imposant volatile, à la fois emblème de la France et de la gastronomie, au point de lui avoir réservé une salle entière du Parc, baptisée sans surprise “salle des Coqs”.En 1997, mettant à profit les travaux de la stub, il a fait aménager au sous sol un caveau dédié à sa collection de gallinacés.

Pour entrer dans le troisième millénaire, Marc rénove entièrement le bar signé Raymond Waydelich (un fumoir très british, des Habanos, au Long Bar du Raffles à Singapour, à l’Oriental à Bangkok ou au Castle à Mombassa.
En tirant de longs traits sur son Cohiba ou sur l’un ou l’autre cigare choisi parmi une vingtaine de variétés de puros, l’amateur peut relever le goût du tabac d’une gorgée de vieux rhum, choisie parmi une quarantaine d’étiquettes.

Rendant visite à Maxime effectuant sa formation dans de prestigieux hôtels d’Extrême Orient, Monique et Marc découvrent une autre conception du wellness. Au rythme de voyages à Singapour, en Malaisie, à Bali, ou en Thaïlande, ils sont frappés par une culture du bien-être, exprimée par les cinq sens.

Asiane Spa, une dénomination due à Maxime Wucher, illustre parfaitement cet espace qui mêle l’Orient au ban d’Obernai.

le 12 avril 2010, L’Asiane Spa remporte le 2ème prix du meilleur Resort-Spa lors du 2ème Colloque National du Spa. Sur 54 participants, il s’imposait ainsi comme le 1er Spa de la région Alsace !

L’année 2010 est marquée par l’arrivée au Parc de Maxime Wucher. Le père et le fils réunis eurent vite fait de fomenter de nouveaux projets et de les mettre en œuvre, telle la création sous le parking du Parc d’une salle souterraine, d’une capacité de 120 places, avec une cuisine ouverte : Tomi “‘Live cuisine”.

Décoré dans un esprit contemporain, mais encore rehaussé de clins d’œil à l’Alsace, avec des œuvres de Tomi Ungerer et les pièces du maître verrier Ruhlmann, cette salle unique en son genre, accueille aussi le buffet du petit déjeuner et toutes sortes d’autres buffets thématiques à l’occasion de manifestations sans limites.

En 2013, Marie Wucher et son compagnon Cyril Bonnard arrivent à leur tour au Parc. Elle occupe la fonction de chef pâtissière, lui celle de chef executif des cuisines.

Monique et Marc ont juste commencé à tourner la page, elle reste encore en équilibre entre leurs doigts, le temps que la synthèse entre Maxime, Marie et Cyril soit parfaitement réalisée.

Après les époques des “deux veuves”, Marie et Hélène, celle de Monique et de Marc, Marie, Maxime et Cyril ouvrent une ère nouvelle et le Parc déjà en frémit d’aise.

Le 19 Janvier 2014, Hélène Wucher a soufflé ses 90 bougies entourée de sa famille et de toute l’équipe du Parc.

2014, le Parc souffle ses 60 bougies ! Bon anniversaire à toute la famille Wucher.

Hotel-restaurant-LeParc.com

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