3 questions à Eric Roux, parrain de la fête de la Gastronomie 2016

Fondateur et porte-parole de l’Observatoire des Cuisines Populaires (OCPOP), Éric ROUX est le nouveau parrain de la Fête de la gastronomie. Chroniqueur, auteur et journaliste de documentaires culinaires (canal +, France 3, France Culture, Radio France Internationale, Radio France Puy de Dome), il a publié en 2011 «le Manuel de Cuisine Populaire», le désignant implicitement spécialiste de la nouvelle thématique. Les Cuisines Populaires appartiennent à tout un chacun. C’est la cuisine de tous les jours, des repas de famille et des moments entre amis. Elles seront célébrées et incarnées les 23, 24, 25 septembre 2016 lors de la 6ème édition de la Fête de la Gastronomie, en partenariat avec Les Nouvelles Gastronomiques de Paris-Journal de Julien Binz.

 


Eric Roux est le parrain de la fête de la Gastronomie 2016

Eric Roux est le parrain de la fête de la Gastronomie 2016

Éric Roux, quel est votre parcours ?

« Je suis de la génération post-soixante-huitarde», sourit-il. «A 17 ans, j’ai travaillé comme technicien agricole en Auvergne, c’était la solution logique d’un cheminement scolaire touristique, mais disons qu’aujourd’hui quand je parle de la terre nourricière, de la moisson ou de la traite des vaches, j’ai expérimenté le sujet. Je suis également violoniste et la musique m’a permis de faire de belles rencontres, qui m’ont orienté vers l’Ethnologie. Cette discipline m’a donné une structure pour appréhender le milieu rural par le biais sociétal et culturel, au-delà d’une simplification de la production alimentaire.

J’ai travaillé pendant 8 ans à la radio sur Radio France Puy de Dome animant des émissions de «curiosités», pluri-disciplinaires et en 1990, j’interviewe Jean-Pierre Coffe, qui me propose de le rejoindre sur Canal+. Pendant 12 ans, j’anime une émission gourmande plus globale car comme disait Alain Chapel «La cuisine, ce n’est pas que des recettes». En 2004, je fonde L’Observatoire des Cuisines Populaires pour apporter une réflexion, car l’objet complexe, ne saurait se résumer à l’assiette. La cuisine quotidienne reflète l’évolution de la société et j’ai la volonté d’apporter un décryptage. En s’appuyant sur l’étude des cuisines populaires, on observe par l’analyse, une évolution des pratiques, des coutumes et des variations sociétales en général; de la durée du repas, la Télévision, l’individualité, l’apéro-dinatoire, la street-food, ect…Je m’intéresse également aux systèmes de distributions qui sont en jeu : les fermiers-producteurs, les marchés, les AMAP ; on ne cherche pas forcément le « meilleur produit », mais le plus proche.

Eric Roux a fondé L'Observatoire des Cuisines Populaires

Eric Roux a fondé L’Observatoire des Cuisines Populaires

Quel message portez-vous ?

C’est un honneur et une responsabilité d’être le parrain de la fête de la gastronomie. Je le vois comme une opportunité pour porter plus loin notre message et les valeurs des Cuisines Populaires, dont l’ouvrage publié en 2011, n’est pas un manuel de recettes, mais un livre didactique qui permet d’en réaliser des centaines, avec des conseils pour faire son marché, associer des aliments, conserver, cuisiner…
Cuisiner n’est pas une activité de loisir, c’est une arme pour la liberté ; celle de choisir ce que je mange, de définir ses goûts et la santé par l’alimentation. Ma volonté est de faire émerger une conscience sur la cuisine de tous les jours. Je reconnais une rupture avec le profil des parrains précédents (Michel Guérard, Thierry Marx, Guillaume Gomez, Anne-Sophie Pic) qui incarnent une cuisine plutôt gastronomique-élitiste, mais nous avons en commun la promotion du bon et fait maison. Ma mission est de faire progresser les idées et de susciter un enthousiasme autour des Cuisines Populaires, qui sont, je le rappelle, protéiformes. On peut se faire tout autant plaisir dans une bonne cantine, au bistrot en dégustant une blanquette de veau ou un couscous. La meilleure table ? C’est celle autour de laquelle on s’est fait plaisir, en partageant un bon moment, on a envie d’y revenir ; cela peut être chez soi ou dans son restaurant de quartier, tout simplement.

Rendez-vous à Clermont-Ferrand

«C’est la première fois que Clermont-Ferrand porte un projet autour de la fête de la gastronomie. Je suis passionné par cette ville», souligne l’Occitanophone, né à Nîmes. «J’y habite depuis longtemps même si je travaille à Paris. Avec le soutien de la mairie, nous avons souhaité inscrire un projet dans le temps, de fédérer des énergies dispersées toute l’année au cœur de la fête de la gastronomie. Nous avons rassemblé les différents acteurs des filières alimentaires ; commerçants, restaurateurs, artisans, avec des animations gourmandes dans la rue, des tables pour déguster les Cuisines Populaires incarnées par des beignets de morue portugais, des nems chinois, des spécialités turques ou japonaises dans le cadre de la projection d’une film «Les délices de Tokyo». Nous générons un tissu social, les cuisines sont au carrefour du vivre ensemble. Les cuisines diverses sont en mouvement, entre tradition et évolution. Un sujet passionnant, intégrant, pacifiant et réunificateur.»

Propos recueillis par Sandrine Kauffer

www.observatoirecuisinespopulaires.fr/
www.economie.gouv.fr/fete-gastronomie/

De G à D : Martine Pinville, Erix Roux, Sophie Le Bouleise Mise, et Olivia Polski

De G à D : Martine Pinville, Erix Roux, Sophie Le Bouleise Mise, et Olivia Polski