Lundi 18 janvier 2021, le Guide Michelin lance la vidéo de sa cérémonie enregistrée la veille à la Tour Eiffel, consacrant un seul chef Français de la 3ème étoile Michelin, il s’agit d’Alexandre Mazzia, restaurant AM à Marseille.
“Cela me semble à peine croyable, impensable, inimaginable et pourtant c’est vrai. Le Guide Michelin vient de nous décerner la merveilleuse 3e étoile !” s’est exprimé Alexandre Mazzia, estomaqué au premier étage de la Tour Eiffel. Le secret était bien gardé, il avait été invité à Paris “Pour témoigner par rapport au film qui a été diffusé et fait eu des questions à préparer. La surprise fut d’autant plus belle, qu’elle fut grande. Quelle fulgurance dans son ascension, guidé par son audace et son instinct.
En 2019, il décrochait la seconde étoile et en 2 ans à peine, il atteint le sommet.
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C’est L’histoire d’un chef singulier dans l’univers des vestes blanches, sensible dans le sens noble du terme, puisqu’il met ses qualités au service de sa créativité, nourrissant son instinct culinaire. Sensible au beau, à l’art, aux gouts, aux autres, à leurs émotions, à l’écoute de ses émotions et de ses envies, qu’elles soient ou non dans l’ère du temps, c’est lui. C’est lui et son équipe, son épouse Anne, ses producteurs, une famille professionnelle qu’il a eu, à maintes reprises, l’occasion de valoriser. Il est aisé d’imaginer son désarroi de se retrouver “seul au sommet” de cette Tour Eiffel. Il aurait aimé être prêt (discours), entouré (pour partager) moins ému pour exprimer sa fierté.
“J’éprouve une fierté immense parce que cela signifie que je ne suis plus le seul à savoir désormais que l’équipe qui m’entoure est exceptionnelle, d’humilité, de don de soi, de passion, de talent. À commencer par Marco Altenburger, l’autre “AM” du restaurant. Je remercie le Guide Michelin, garant du plaisir à table et des codes de la gastronomie, qui a l’audace de récompenser ici une expérience qui n’obéit à aucun d’entre eux ! L’Instinct, uniquement. Cette distinction, c’est aussi un formidable mot d’excuse dans mon cahier de correspondance, pour ma famille qui déplore à juste titre que souvent je travaille trop. Cette étoile, c’est une lumière de plus pour éclairer Marseille. Merci !”
L’arrivée de Pierre Hermé et Pierre Gagnaire “qui me fera rêver toute ma vie, qui m’a fait comprendre le sens de déconstruire pour reconstruire” dit-il, fut un choc et un honneur, voir ces amis chefs et “pairs” désormais 3 étoiles Michelin, tous connectés pour l’applaudir, une émotion perceptible.
voir la video de la cérémonie
Ce “grand” Homme, humaniste et artiste plonge dans ses souvenirs d’enfance, là où tout à commencé. Qui aurait pu présager une telle destinée ?
Enfant, sur mes bulletins de notes on pouvait lire « Elève rêveur » ou bien « peut mieux faire ». Cela n’a jamais fragilisé ma quête d’identité : je me suis simplement défait du fantasme de vouloir plaire ou contenter tout le monde pour un projet plus personnel : trouver mon territoire, dompter la matière et apprendre à vivre avec moi-même.
“Pour cela, j’ai emprunté des routes d’étapes, par le sport de haut niveau ou encore un bac scientifique. J’ai même pu faire le tour du monde, avant de tomber deux fois amoureux à Marseille : de ma femme Anne d’abord – sans qui je ne serais pas là aujourd’hui – et de l’énergie de cette ville unique et incroyable. Aucun chemin n’était donc tracé par avance, chez AM d’ailleurs, nul ne sait précisément ce qu’il dégustera en arrivant : pour moi qu’importe la destination, le plus important c’est le voyage. Vivre et respirer, ici et maintenant.
“Aujourd’hui, j’ai le sentiment aussi grisant que singulier d’être enfin devenu «Cuisinier». Moi qui vit pour ça et de ça, voilà que je suis reçu tout en haut du tableau !”, s’exclame-t-il
Portrait d’Alexandre Mazzia, ses 15 ans en Afrique, son grand-père Michel, exemplaire, qui disait « La parole vaut l’homme ou l’homme ne vaut rien », la mer, la plage, le retour de pêche, le basket, une forme d’exutoire physique et intellectuelle, les valeurs du sport, le travail en équipes, la valeurs des autres, puis la cuisine, l’umami ……
“Pour moi, le déclic est venu lors d’un repas avec mes parents chez Joël Robuchon, avenue Raymond Poincaré, à Paris. Je n’étais qu’un enfant, tout juste adolescent. Je me souviens très bien de la prestance et de l’aisance du maître d’hôtel aux cheveux gominés. Je me souviens surtout d’avoir eu le sentiment que nous étions considérés à l’égal de tous les autres clients. Je ne l’ai jamais oublié. Tout a commencé ici. Merci Monsieur Robuchon.”
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