Yves Muller, ancien Grand Maitre de la Confrérie Saint Etienne, s'est éteint le 7 novembre 2017 ©Sandrine Kauffer

Pascal Schultz rend hommage à Yves Muller héraut de la Confrérie Saint Etienne d’Alsace

Maitre Yves Muller, figure du barreau de Colmar s’est éteint le 7 novembre 2017, à l’âge de 90 ans. Ancien président de la ligue d’Alsace de football durant 20 années, il était très investi dans la vie locale de sa ville et de sa région. Yves Muller était également membre de la Confrérie Saint Etienne d’Alsace, dont il a été grand maitre en 2002-2003. Pascal Schultz, le grand maitre actuel, a tenu à lui rendre hommage lors des obsèques, qui ont eu lieu le mardi 14 novembre 2017 à Colmar (68).

« Il vaut mieux boire le vin d’ici, que l’eau de là » proclamais-tu avec force lors de nos chapitres viniques. Tu marquais ainsi ton attachement indéfectible aux vins d’Alsace et à l’esprit qui nous caractérise tout en n’oubliant jamais qu’après cette vie sur terre, il y avait l’au-delà vers lequel tu nous guides en cette sombre soirée d’automne. Ta vie entière a été marquée de plusieurs sceaux. La fidélité à notre histoire e à nos traditions tout d’abord et l’inclinaison vers la modernité et l’adaptation aux évolutions de notre société.

Tu as donc toujours été le parfait reflet de la confrérie Saint-Etienne des vins d’Alsace dont tu fus dès 1994, avec Jean-Jacques Kennel et moi-même, l’un des trois premiers non viticulteurs à entrer au grand conseil et cela après de sérieux débats dirigés par le grand maitre de l’époque, Léonard Humbrecht, qui souhaitait fortement cette évolution historique.

Il était sûr que tous trois, nous étions passionnés par la vigne, le vin et les viticulteurs.

Mais toi, c’était encore différent car tu trouvais là le moyen idéal d’exprimer tes talents d’orateur, ton esprit épicurien, ta curiosité naturelle, ta subtilité chevillée au corps et ta sensibilité de tout instant.

Rapidement, dès 1995, tu trouvais à la confrérie une nouvelle tribune, ta retraite t’ayant écarté des prétoires où tu excellais. Succédant à Roger Ehrsam qui avait tant donné, tu devenais le héraut de la confrérie. Non pas ce personnage légendaire auquel on prête des exploits remarquables, mais cet officier dont les fonctions étaient de transmettre les proclamations solennelles. Tu devenais ainsi, en notre sein, celui qui clôture les chapitres par un discours synthétisant des réflexions sur des thèmes ayant trait à notre triptyque, vigne, viticulture et vins.

Comme cela fut toujours ton habitude, ta culture exceptionnelle, faite notamment de lectures, de recherches et d’analyses, marquait de ta forte personnalité les dizaines de harangues que tu as proclamées de ta voix de stentor avec ta verve, ta subtilité parfois ta gouaille, mais toujours avec ton humour malicieux que chacun te connaît. Ce fut toujours un régal pour les auditeurs.

Pascal Schultz rend hommage à Yves Muller © Johanna Wiss

 

A la confrérie, tu t’es trouvé après le football dont tu avais fait mille fois le tour, une nouvelle famille qui veut toujours aller de l’avant et à la tête de laquelle, tu as été désigné en qualité de grand maitre en 2002-2003.

Bien entendu tu fus alors le premier grand maitre n’étant pas issu de la famille du vin. Peu importe alors que tu ne produises pas la richesse de l’Alsace. Chacun était convaincu que tu en serais le meilleur porte parole. Ton année de maitrise fut une très grande année sur laquelle un vent nouveau a soufflé. Elle a déterminé de nombreuses évolutions de la confrérie les années suivantes. Elle a donné à notre vénérable institution un nouvel élan que tu as soutenu par tes harangues que tu as déclamées jusqu’en 2016 et par tes travaux constructifs au sein de notre conseil restreint que tu n’as quitté que lorsque la maladie t’avait suffisamment diminué.

Le 12 juin 2017r, nous fêtions ensemble au château de Kientzheim, ton 90e anniversaire du 10 juin et tu nous exhortais à poursuivre notre ouvrage nécessaire au développement de notre Alsace, de son rayonnement dans le monde, de ses coteaux et de ses vins, et de la meilleure connaissance de son histoire, dont nous sommes les vecteurs pour les jeunes générations.

Merci Yves pour ta passion sans modération pour l’Alsace et ses crus, pour la confrérie Saint Etienne et ses membres.
Merci pour ta générosité, ta gentillesse, ton humour et ton sourire. A tes côtés, toujours très agréables, chacun de nous s’est enrichi dans la bonne humeur et aujourd’hui chacun peut se souvenir de ce qu’il a partagé avec toi, et cela pour toujours.

Jules Michelet ne disait-il pas « chaque homme est une humanité, une histoire universelle ».
Ta forte personnalité illustre parfaitement cette belle maxime. A présent, tu es prêt à entrer, avec toute notre gratitude, dans notre histoire universelle.

Repose en paix pour l’éternité.

Pascal Schultz
Grand Maitre 2017 de la Confrérie Saint Etienne d’Alsace

Confrérie-Saint-Etienne.fr