Le lundi 31 mars 2014, Sofitel Paris Arc de Triomphe à Paris a accueilli la présentation du nouveau guide PUDLO PARIS 2014 de Gilles Pudlowski. L’établissement parisien a fait “salle comble” pour saluer le chef de l’année Thierry Marx, restaurant Sur Mesure (2* Michelin) au Mandarin Oriental à Paris et découvrir le palmarès des meilleures tables et artisans-producteurs de l’année.
Le critique gastronomique qui signe dans le Point ou encore les Dernières Nouvelles d’Alsace, auteur de nombreux guides, a proclamé son palmarès avec la complicité de son ami, acteur et réalisateur Stephane Freiss et de Béatrice Schopflin, directrice générale du Sofitel Paris Arc de Triomphe.
Ont été distingués, Eric Fréchon, Alain Ducasse, Stéphanie Le Quellec, Bruno Verjus, Takayuki Honjo, Christophe Adam, Priscillia et Sébastien Hayertz, Nicolas Berger, Joël Tiébault, Julien Bissonnet, Michel Fouchereau, Patrice Jeanne, Christophe Chabanel, Laetitia Rouabah, Ivan Schenatti, Jean-Baptiste et Virginie Gay.
“Paris frémit, bouge, change, évolue” lance Gilles Pudlowki dans la préface de son dernier Guide PUDLO PARIS 2014. “De ces bouleversements, ce guide est le témoin fidèle depuis quelques 24 ans. Aux crises endémiques et perpétuelles, les nouveaux bistrots apportent des solutions. Les palaces sont devenus formidablement gourmands, les lieux mode sont eux aussi dans la tendance, jouant entre modernisme et tradition avec légèreté. Les brasseries n’ont sans doute jamais été aussi gourmandes et les chefs d’aujourd’hui futés dans leurs belles idées. Tout cela pour dire qu’en temps de crise, un chroniqueur avisé et sensé ne peut apporter qu’un constat d’optimisme. Les promus sont nombreux, les lauréats brillants, l’avenir du Paris gourmand garanti. Autant dire qu’on n’a jamais aussi bien mangé dans cette capitale que le monde entier nous envie. Les chefs télévisuels sont aussi chez eux : c’est le cas de notre chef de l’année, Thierry Marx, au Mandarin-Oriental, qui invente, raconte, éblouit, émeut, donne à voir.
Les blogs n’ont pas remplacé les journaux. Mais ils contribuent à compléter l’information et servent même de rampe de lancement. Ainsi, Bruno Verjus, le créateur de « Food Intelligence », devenu le chef artisan de Table, créant l’événement près du Marché d’Aligre.
Es ? Le « ça » freudien. A cette sibylline enseigne, voilà « the » table à découvrir. Le jeune maître de maison s’appelle Takayuki Honjo, a travaillé à l’Astrance, chez Mugaritz, Noma, Quintessence. Assez pour situer le personnage, discret, qui travaille en one man chaud. Le blanc décor lui ressemble. Les mets défilent avec franchise, subtilité au fil de bien jolis menus surprises qui frisent la perfection dans la netteté, avec brio et sincérité, sans jamais pousser aux strass et aux paillettes. Il y a là une sincérité dans la volonté de convaincre sans forcer le trait qui émeut. C’est ce qu’on nomme un événement.
Ce Lombard du nord du lac de Côme fut, sept ans, le chef d’Armani Caffè. Le voilà modestement chez lui, non sans chic, avec murs de pierre, banquettes de velours, tables non nappées. Le tout est un peu sombre le soir, et la grande foule n’est pas au rendez-vous. Raison de plus pour se rendre dans cette « officine » dédiée à la cuisine de la Botte sous sa forme artisane : pâtes faites maison, comme les glaces et les biscuits vous attendent là, juste pour le plaisir de se régaler sans œillères. Tout ce qu’il promeut est d’une grande délicatesse : petits gnochettis à la farine bio aux supions ou spaghettis d’épeautre poêlés à la joue de porc et œufs carbonara. Réservez !
Le décor qui joue le moderne et le rétro à la fois, la carte alléchante, les vins qui plaisent au verre et en flacon, l’accueil non stop, la gaieté et la clarté : voilà ce qu’on trouve dans la brasserie d’Eric Fréchon, sise à l’orée de la gare Saint-Lazare. On se régale à coups de terrine de maquereau au vin blanc, sole dieppoise, poitrine de cochon grillée. Fréchon, qui sait s’entourer et servir les quelques heureux comme le grand nombre, a réussi un coup de maître. Il y a les jolis vins au verre , les sandwichs a comptoir, les petits déjeuners gourmands et les desserts à fondre (joli « Paris-Deauville »). Bref, réservez, courez. Il y a du monde !
Leur bistrot de cœur réjouit avec son sol en céramiques, son bar, ses colonnes, ses affiches anciennes, ses mets malicieux, ses vins subtils. L’ardoise fait plaisir, le service rassure, l’accueil sourit. Jean-Baptiste et Virginie Gay se relayent avec aise, lui en cuisine, derrière son placard ouvert, elle de la desserte à la salle. Un bon mot, un conseil, une idée, un cru au verre et l’ambiance est lancée. Il y a les desserts à ne pas louper, car Jean-Baptiste fut pâtissier dans une vie antérieure, formé chez Peltier, passé chez Philippe Conticini. Son mille-feuille à la légère crème vanillée est une petite merveille. Bref, voilà un p’tit bonheur à Paris la grande ville.
Le dernier bon coup de Ducasse : la retrouvaille d’une vieille gloire reprise avec la jeune Laetitia Rouabah aux fourneaux. Le cadre années 1930 nus ou années 1950 de part et d’autre de la cuisine ouverte au vent, est inchangé. De Fernande à Laetitia, les mêmes jolis mets de cuisine bourgeoise à retomber en enfance : pâté en croûte, œuf cocotte, escargots : le public est heureux qu’en apparence rien n’ait changé. André Allard disait : « Les clients ne viennent pas chez nous faire des découvertes gastronomiques, mais pour retrouver de vieilles connaissances culinaires. » C’est ce que promeut une carte alléchante.
Il fut notre « jeune chef de l’année 1995 », wonderboy parisien, élevé au biberon de papa Vigato chez Apicius, à la Dînée dans le 15e. Lorsqu’on a su qu’il revenait à Paris, après six ans d’exil en Afrique du Sud,, on est accouru. Bref, le voilà intact, ou quasiment. Toujours fringant, œuvrant en one man chaud dans une cuisine placard et délivrant l’une des plaisantes cuisines du moment au gré de son humeur. Son menu-carte est un cadeau, offrant, c’est le mot à ce niveau de qualité, des choses bonnes, exquises, légères, ayant du goût, jouant le côté canaille chic. Le service est complice, les vins bienvenus. Voilà une redécouverte qui fait plaisir.
Si l’annexe du Bristol prend son envol c’est non seulement grâce à la cuisine d’Eric Desbordes, mais aussi au service mené par Patrice Jeanne qui la met en scène avec brio. Ce dernier, qu’on connut jadis au Plaza Athénée, veille sur une salle fleurie sur deux étages en père protecteur, souriant à tous, pratiquant le conseil plein de vivacité, comme la découpe au guéridon d’une volaille avec dextérité. Les classiques de la maison font toujours merveille : œuf King Crabe et mayo, superbe fish & chips présenté dans son journal british et magnifique mille-feuille avec son caramel coulant. Bref, un grand maître d’hôtel pour des agapes de grande classe.
Joël Thiébault est la star de son métier. On peut venir quatre fois la semaine, sur le marché Gros-La Fontaine, ou celui de l’Alma, découvrir ce prince des herbes rares, ce pédagogue du légume parfumé, coloré, qui cultive ses jardins de Carrières-sur-Seine et prend le temps de livrer le bon conseil à tout un chacun. Ce maraîcher d’exception explore les nouvelles variétés, diversifie sa production. Ses choux-fleurs, comme ses tomates anciennes, courgettes, poivrons, artichauts, ou ses pommes de terre, ainsi que sa mélisse, sa coriandre et son laurier sont des poèmes dédiés à Dame Nature. Cet expert ès culture rare est un enchanteur du quotidien.
Alain Ducasse s’est offert un bien joli cadeau avec un atelier de torréfaction, des crus au top et un homme de confiance expert Nicolas Berger qui fabrique la « masse » maison, gère les couvertures, mitonne les tablettes, ganaches, bonbons. Le résultat ? Superbe, avec un cacao travaillé au plus près de sa vérité, sans sucre inutile. Des mélanges tels que l’emblématique coco-praliné-Passion à fondre, une ganache infusée à la menthe à tomber à la renverse, une vanille à se pourlécher, plus des tablettes « grand cru » de toute beauté et des provenances rares mises en avant (de Java, Madagascar, Venezuela, Pérou, Trinidad). Du chocolat trois étoiles !
LE PUDLO PARIS 2014 GILLES PUDLOWSKI, Ed Laffont, Paris, 19.95 €
Crédit photos ©Lukam/JulienBinz
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