Le restaurant 1741, perché sur le quai des Bateliers à Strasbourg (67), s’inspire du Palais des Rohan, classé au titre des monuments historiques en 1920. C’est dans cette ancienne demeure bourgeoise, que Michael Wagner et Fabien Raux, signent un duo synchro.
Devenu restaurant, son particularisme est d’offrir aux clients 5 espaces intimes. Sur la façade, les chiffres 1741 évoquent la date d’achèvement du Palais des Rohan, qui appartenait à Armand-Gaston Maximilien de Rohan.
Le 1741, un hommage au Palais des Rohan
À l’abri des regards, le boudoir offre le luxe de la haute discrétion, une prérogative réservée à 5 personnes privilégiées. Un intelligent jeu de lumière met en exergue la belle toile de Jouy, une étoffe de coton aux tonalités chromatiques anisées et rosées.
Le fil conducteur de la demeure n’est autre que Michael Wagner, l’actuel directeur, qui a participé à l’ouverture de l’établissement en 2012 au poste de la sommellerie. Il narre avec superbe l’histoire de la maison, l’aventure épique du 1741 et de ses prestigieux chefs (Thierry Schwartz, Olivier Nasti, Guillaume Scheer) avant l’arrivée de Fabien Raux en 2016.
« Notre emplacement sur le quai des Bateliers, piétonnier, est une chance et nous avons une vue privilégiée sur le Palais des Rohan et la Cathédrale de Strasbourg. Le restaurant est calme et romantique, offrant beaucoup de sérénité. C’est une décoration féminine et sensuelle, avec de la finesse et des courbes. Par coquetterie, les tables n’ont pas de numéro, elles portent des adjectifs : baronne, amourette, coquette, fidèle, élégante, désirée, ou encore ingénieuse, mais aussi des noms de fleurs en cuisine : bleuet, dalhia et érable ».
Ici tout n’est que luxe, calme et volupté
Il suffit de gravir les marches et d’atteindre l’espace du chef Fabien Raux pour apprécier cette dichotomie. Plus moderne, quasi anachronique, la cuisine ouverte permet d’observer la brigade s’affairer dans un univers de blanc immaculé. Le contraste est saisissant et tranche avec le maniérisme baroque des salons.
« Mes plats sont droits, francs dans les goûts et la technique se fait discrète. Mes assiettes sont très graphiques. J’adore travailler le gibier, la langoustine, mais aussi le foie gras ; ce sont des plats marqueurs au « 1741 ». Pour accueillir les clients, nous leur proposons un voyage en gastronomie pour leur faire découvrir le terroir alsacien en une succession de mises en bouche. Puis, des plats comme la Pintade Miéral de Bresse, avec son céleri en croûte de sel et truffe d’automne et sa sauce vin jaune ou le superbe lièvre des chasses d’Alsace, préparé à la royale, permettront de se sustenter avant de finaliser par une note sucrée et cette alchimie chocolat cacahuète.
Il a installé une carte des vins au verre pour composer des accords judicieux comme par exemple de jolis Sauvignons de Loire ou le Riesling 2015 Vieilles Vignes de la maison Trimbach pour marier le gâteau croustillant d’Anguille et d’écrevisse et sa sauce Nantua infusée à la mélisse. Le filet de Merlu de ligne, cuit lentement, accompagné d’épinards salsifis et ail noir va pleinement s’exprimer avec un blanc Chardonnay ou un Pinot Noir allemand, qu’il juge « superbe », déniché quand il officiait au Luxembourg.
En février 2019, il a décroché le titre de « Meilleur jeune sommelier » par le Gault & Millau.
« Le temps semble suspendre son envol », formulerait Alphonse de Lamartine.
Par Sandrine Kauffer-Binz
crédit photos ©Aline Gérard
Restaurant 1741
22 quai des Bateliers
67000 Strasbourg
03 88 35 50 50