Jean-Marie Dirwimmer ; “Apporter le meilleur conseil me rend heureux”.
«Homme de l’ombre du vin», comme il se décrit, à 58 ans, Jean-Marie Dirwimmer avait officiellement tiré sa révérence après 40 ans de bons et loyaux services chez Monsieur Riehm à l’Hôtel Bristol à Colmar le 30 août 2013. Pour ce Maitre-Sommelier, enjoué et passionné, respecté par toute la profession, la page ne s’est pas tournée. Une nouvelle vie s’offre à lui, conciliant le consulting, le métier de caviste et celui d’hôtelier avec pour moteur la sempiternelle quête du graal : donner le bon conseil, au bon client, au bon moment. Voilà l’algorithme magique, dont Jean-Marie tire plaisir et satisfaction.
Les années Bristol
Il a marqué par sa personnalité les glorieuses années du Bristol à Colmar. Figure emblématique du Rendez-Vous de Chasse, Jean-Marie Dirwimmer, regard pétillant, fin observateur de ses clients, mémoire vive de l’établissement, était le directeur de la restauration. Maitre-Sommelier parrainé par Serge Dubs et Jean-Marie Stoeckel, il se dit ému par cette distinction honorifique décernée par l’U.D.S.F. Membre éminent de l’Association des Sommeliers d’Alsace (A.S.A.) depuis 1985, devenant trésorier puis vice-président, il est incontournable dans le monde du vin Alsacien.
Originaire de Breitenbach, dans le Val de Villé, il décroche son CAP en 1972, réalisant son apprentissage au Bristol. Il se forme en Allemagne et à Strasbourg et réintègre l’établissement en 1977. «Jean-Marie a véritablement marqué le Bristol de son empreinte», témoigne Richard Riehm, l’ancien propriétaire. «Grâce à son souci constant de l’excellence, il a contribué au rayonnement de la maison, et à sa respectabilité. «Toujours le premier arrivé et le dernier parti, pour s’assurer que le client reparte satisfait».
Je suis un sommelier autodidacte
«Mon père possédait des vignes pour une consommation personnelle», sourit Jean-Marie Dirwimmer. Il produisait un vin hybride, mais c’est ainsi que j’ai appris le métier de la vigne. Les connaissances en vins m’ont été transmises en écoutant Emile Jung, Serge Dubs, Paul Brunet ou encore Jean-Marie Stoeckel. Ils m’ont donné envie, ils m’ont fait rêver. Ils dissertaient et je m’abreuvais de leur parole. Avec l’ASA, nous avons visité des vignobles, notamment le Douro au Portugal. Nous faisions de nombreuses découvertes et dégustations ensemble et au printemps, je faisais ma tournée en Alsace».
«Un bon sommelier doit avant tout aimer les métiers de salle et le contact avec le client. Il faut être capable de se remettre en question, de s’adapter. Nous sommes au service des clients mais non leur serviteur. Il faut les respecter et être respectés, savoir être souvent souples et parfois fermes, flatter sans être obséquieux, s’incliner sans s’agenouiller. Tout cela veut dire, savoir faire preuve d’une infinie psychologie. C’est la meilleure attitude parce qu’elle vous enrichit et vous honore. C’est d’apporter le meilleur conseil qui me rend heureux et m’épanouit dans ma vie professionnelle».
La nouvelle vie du Caviste et de l’hôtelier
Au rendez-vous de Chasse, le sommelier avait eu la liberté de tripler le nombre de références en cave atteignant les 600 et 10 000 bouteilles en stock, avec des pépites comme un Pétrus vendu à 3000€. En quittant ses fonctions, le sommelier-retraité est resté connecté avec son métier, a créé sa société de consulting, réalise quelques extras chez ses amis restaurateurs et traiteurs, mais aussi et surtout pour des missions de caviste à l’Hyper U route de Rouffach à Colmar. «J’y suis présent essentiellement quand ils organisent leurs foires aux vins. Ils ont opté pour une politique des grands vins et ils se donnent les moyens», reconnaît Jean-Marie Dirwimmer. «Il y a de nombreuses similitudes avec la pratique du métier de sommelier. Il y a le contact clientèle, le conseil personnalisé en fonction du budget, de la finalité de l’achat ; est-ce pour offrir ou pour consommer avec un plat en particulier ? Comment ce dernier sera cuisiné ? Je suis à l’écoute d’une clientèle féminine cette fois. Car c’est Madame qui achète le vin en faisant ses courses. Elle a d’autant plus besoin de mes conseils. Je me sens utile et je les rassure sur leur achat. La cave de l’Hyper U est une caverne d’Ali-baba», se réjouit-il. «Il y a de prestigieuses références aussi belles que certaines cartes de restaurants gastronomiques ».
«La retraite n’est pas une fin en soi», s’exclame-t-il l’œil malicieux. «Je découvre aujourd’hui qu’il existe une autre vie après celle du travail», dit-t-il citant les moments privilégiés en famille auprès de son épouse Agnès, ses enfants et ses petits enfants.
Aujourd’hui Jean-Marie Dirwimmer peut se targuer d’avoir tous les avantages et les plaisirs d’exercer le métier de sommelier sans en avoir les inconvénient horaires et jours fériés. Hyper actif, il accueille aussi ses hôtes dans le gite qu’il a créé. «Nous avons transformé, la maison familiale dans laquelle j’ai passé toute mon enfance en Gîte, “Domaine Le Rofling” à Breitenbach. Après avoir exercé 40 ans dans la restauration, je suis devenu hôtelier», conclut-il amusé.