C’est dans le magnifique château de Kergroadez à Brélès en Bretagne que s’est déroulée du 15 au 18 octobre 2015, la première édition du festival du Château Gourmand. Sous les parrainages d’Olivier Bellin et Patrick Jeffroy, le projet initial est porté par Julien Marseault (Château de sable) et Romain Pouzadoux l’Imaginaire qui ont eu envie de créer un événement fédérateur autour de la gastronomie et d’inviter d’autres chefs à venir cuisiner les produits de leur terroir. “Tous les chefs en France cuisinent la Bretagne, ses poissons, ses fruits de mer et ses crustacés”, souligne Romain Pouzadoux. “Avec Julien Marseault nous avons créé l’association “Château Gourmand” qui réunit aujourd’hui 5 bénévoles et qui va sans doute porter d’autres projets et événementiels gastronomiques”, annonce le chef de l’Imaginaire à Brest.
Partant de l’organisation de diner de gala à 6, 8 et 10 mains le festival du Chateau Gourmand a pris de l’ampleur invitant plus de 850 enfants jeudi et vendredi, un marché des producteurs, réunissant 85 bénévoles, organisant plus de 150 ateliers, animations et conférences pour le grand public, réunissant des chefs étoilés, Meilleur Sommelier de France, Meilleur Ouvrier de France, célèbres pâtissiers, Maitres Cuisiniers de France dans une belle ambiance conviviale, festive, de partages, d’échanges, de rencontres et de valeurs gastronomiques.
“Organisant le marché des producteurs et l’ouvrant au grand public et aux familles nous avons souhaité créer un lien”, relève Franck Jaclin, propriétaire du château Kergroadez. “Nous avons monté une association il y a 7 mois”, dit-il “et notre projet a séduit.”
“C’est avec le coeur qu’on vient en Bretagne” s’était exclamé Jonathan Blot lors du diner de gala samedi soir auquel le célèbre pâtissier d’acide Macaron avait participé. “C’est un énorme échange entre chefs et grand public” s’est réjouit Julien Marseault, “c’était un beau challenge, un beau défi que nous avons pleinement relevé”
“L’organisation des diners de gala, des ateliers et des animations n’étaient pas évidentes, mais nous avons réussi”, rajoute Romain Pouzadoux, second porteur du projet. “Nous espérons qu’il y aura une seconde édition”, dit-il avant de rejoindre de la première Battle culinaire improvisée.
Ce sont les deux Meilleurs Ouvriers de France Poissonniers 2015 : Sophie Fernandez et Jonathan Buirette qui ont été désignés capitaines d’équipe. Après avoir animé une conférence “Vers un étal durable, pour une consommation responsable”, puis un atelier plus technique : la découpe de poisson et l’ouverture de coquillages, ils ont accepté de participer à une bataille culinaire. D”un coté : Sophie Fernandez, Julien Binz et Charles Vaucelles, de l’autre Jonathan Buirette, Romain Pouzadoux et David Royer ont réalisé le plus de plats possibles en une heure animée par Franck Pinay-Rabaroust. “Pas de thème imposé, le sujet est libre”, explique-t-il désignant les ingrédients “du panier mystère”, c’est le public à l’applaudimètre qui a désigné les vainqueurs dans une ambiance “bon enfant”, gourmande et joyeuse.
Le village des artisans, en association avec la marque «Tout commence en Finistère», a mis en exergue les produits des artisans et des producteurs du Finistère. Cet espace, est un berceau pour l’accueil des petites entreprises et leur permet tout en présentant leurs production au grand public, de rencontrer des professionnels de la gastronomie venu de France entière.
Le marché des producteurs a fait la part belle aux terroirs et ses saveurs; algues, ail fumé, oignons de Roscoff, atelier de fabrication de crêpes, beurre Bordier, élaboration de Kouign-Amann, brasserie des Abers, les épices, coquillages de la mer, la ferme Kerandel, ferme Sainte-Cécile, confitures “caracole aux doigts”, le Ruffé à Brest, le Groin de Folie à Ploudaniel, Secrets de Druide, Vergers de la Silve, Galette et crêpes Michel Bailly et bien d’autres encore.
Dans son Le Jardin des Possibles, Bernard Seiler a passionné l’assemblée avec son installation alchimique d’extraction de plantes pour soustraire la quintessence du produit et créer des huiles essentielles culinaires, hydrolats et eaux florales, tous issus d’un même process.
Avec son épouse, Nicole Seiler, maraichère, ils ont ouvert « Le Jardin des possibles », où elle cultive une trentaine de plantes et fleurs – rosiers, bégonias, capucine, primevères… – qui, une fois séchées, seront utilisées en cuisine pour les confitures, les sirops, les sauces, les tisanes… Elle fait ses semis bio, investit dans des coups de cœur et commercialise ses produits auprès de restaurants locaux engagés dans une démarche de qualité et qui osent une cuisine de plantes et de fleurs.
Stéphane Pitré, chef du restaurant Louis à Paris qui vient d’ouvrir en mars 2015 a animé deux démonstration culinaires: l’une autour de la cuisine des champignons et la seconde ; “Comment travailler le miso? ”
“Jaime beaucoup travailler les produits japonais” dit-il “et en particulier la pâte à miso qui ouvre le champ des possibles”, dévoilant au public étonné le “beurre de poule”. “Le process est simple”, explique-t-il. “On dépose un jaune d’oeuf entre deux gaze au coeur d’une pâte à Miso pendant 3 ou 4 jours et on obtient une texture particulière qui évoque un beurre, tartiné et légèrement fumé, il fait sensation sur un simple bout de pain.
Les temps forts de ce festival du château Gourmand étaient sans aucun doute les diners de gala où tous les acteurs de la gastronomie officiaient dans une belle harmonie. “Nombreux sont les chefs qui sont venus à la demande de Sonia Dupuis”, a souligné Franck Jaclin, le président de l’association, “Il faut rendre à César ce qui appartient à César” sourit-il, “Et je l’en remercie”
Par Sandrine Kauffer