Mardi 7 février 2012 le lycée hôtelier Alexandre Dumas à Illkirch était en effervescence, accueillant dès 8h les candidats (Espoirs) et dès 13h les prétendants professionnels au Trophée Henri Huck 2012, un concours devenu une référence, et dont la 17 eme édition a été placée sous la présidence de Philippe Jego (MOF 2000) et Didier Aniès (MOF 2000).
Du coté des chefs confirmés, le compétiteur Pascal Garrigues, second de cuisine de l’Hermitage à Monte-Carlo, semble avoir survolé la finale. (lire son parcours.)
Après s’être fait vérifier les denrées et marchandises, s’être vus attribuer un commis pour les épreuves, les candidats, désormais en binôme, se sont lancés à corps perdus, montres en main, dans un marathon culinaire de 3h30 ou 4h selon la catégorie.
Sueurs froides, visages crispés, la tension est poussée jusqu’à son paroxisme pour accélérer le dressage, priant pour ne pas tout gâcher lors du montage. Le stress est communicatif, le jury se rassemble autour du candidat, mirant l’élévation esthétique de la création, désormais sur le passe, prête à être envoyée au jury dégustation.
Le jury est un concentré de chefs et de pâtissiers renommés, membres de la Fraternelle ou non, anciens lauréats du Trophée, chefs étoilés, Meilleurs Ouvriers de France ou encore finaliste au Bocuse d’Or. C’est peu dire qu’au fil du temps, le trophée Henri Huck a conquis ses lettres de noblesse. La qualité des Jurys qui l’ont présidé, ainsi que le parcours des lauréats, dont plus du tiers sont devenus M.O.F. par la suite, voire Bocuse d’Or pour Michel ROTH, atteste de l’aura et de l’importance du Trophée Henri Huck
Un tel conglomérat de compétences et de savoir-faire a de quoi bouleverser et impressionner les candidats. On retrouve Jérôme SCHILLING, Restaurant Guy LASSAUSAIE à Lyon, lauréat en 2010, Jean-Paul BOESTOEN, Auberge de l’Ill à Illhaeusern, M.O.F. 2011, et lauréat en 2008, Lionel VEILLET, Présidence de la République à Paris et lauréat en 2006, Sébastien HELTERLE, Restaurant Coté Lac à Schiltigheim, lauréat en 2004, Jean-Yves LEURANGUER, MOF 1996 le Diane Fouquet’s à Paris, Lauréat en 1989 et 1992, Claude SCHAEFFER, Hotel du Préfet du Bas-Rhin, lauréat en 1987, Jean-Marie PILLETTE, Le manoir à Gouvieux, lauréat en 1986, Jean-Marc DELACOURT, M.O.F. 1991, consultant et lauréat en 1985, Gilbert NOESSER, Restaurant chez Gilbert en Allemagne et lauréat en 1983, Gérard KOCH, Lycée Alexandre Dumas et lauréat en1982, mais aussi Guillaume GOMEZ, MOF 2004, Palais de l’Elysée, Jérome JAEGLE, Les Violettes à Jungholtz, 4eme au Bocuse d’or Monde, Emile JUNG, (ancien Crocodile), Daniel ZENNER, animateur culinaire, Jean-Christophe KARLESKIND, Double Médaille d’Or à la Coupe du Monde des Arts Culinaires et vice-Président de la Fraternelle, Michel LORENTZ, restaurant les Tilleuls.
Pendant ce temps, le candidat s’active pour envoyer son second plat : le dessert, alors que le suivant entreprend déjà le dressage de son chevreuil. Et ainsi de suite, à l’instar d’une organisation d’un concours de Meilleur Ouvrier de France, par exemple.
La cuisson, le respect du sujet, le goût, l’assaisonnement, la chaleur et l’envoi dans l’exact temps imparti, valent bien plus que l’esthétisme et la qualité d’une photographie.
Palmarès Trophée Henri Huck 2012 “Espoirs”
1ere Axelle Gillig, Le Chambard à Kaysersberg
2eme Mehdi Sgard, Hotel Ritz à Paris,
3eme François Martin, auberge de la Bruche à Dachstein,
4eme Ex-aequo
Kevin Stroh : restaurant Klaus à Dossenheim,
Julien Nagely : Restaurant au Lion d’Or à la Petite-Pierre
Jordan Theurillat : auberge de l’Ill à Illhaeusern
1er Pascal Garrigues, l’Hermitage à Monte-Carlo
2eme Joel Philipps, Château du Montjoly à Sampans
3eme Clément Bruneau, Hôtel du Palais à Biarritz
4eme : Stella Layen Ludwig, L’amuse bouche à Strasbourg
5eme Ex aequo
Sylvie Grucker, Le pressoir de Bacchus à Blienschwiller
Sébastien Schwebel, La fourchette des Ducs à Obernai
Ali Errajraji, Le Ritz, à Paris
Jean-Pierre COUDERC, chef des travaux au Lycée Professionnel Hôtelier à Mazamet/Toulouse
“Ce trophée prend cette année une saveur toute particulière” introduit-il, rappelant à chacun la belle histoire de cette association et du Trophée, emblème de leur action et leur engagement dans la transmission et la formation. Retour sur la création du Syndicat des cuisiniers en 1952 par Henri Huck et du Trophée éponyme en 1982 par le prédécesseur de Jean-Louis Steffen, Armand Weidmann, président fondateur de la Fraternelle, crée une dizaine d’années plus tard, en 1992.
Puis Jean-Christophe Karleskind revient sur une période, et non les moindres, de l’histoire la Fraternelle, liée à celle du Trophée Henri Kuck, un laps de temps compromis dans sa pérennité, avec le décès en 1998 d’Armand Weidmann, année durant laquelle le concours n’eut pas lieu.
“Notre nouveau Président, Jean-Louis STEFFEN, reprend alors les rennes de notre groupe” raconte le vice-président, ” et, bien évidemment, l’idée de relancer cet événement culinaire sera notre première préoccupation.”
Un second homme a impulsé la relance, motivant l’organisation par l’idée de réunir les anciens lauréats, qui sont aujourd’hui Meilleurs Ouvriers de France, et de faire en commun, avec la Fraternelle, un dîner de Gala pour l’occasion. Et pourquoi pas au Parlement Européen? “
Et ce second homme, contributeur et déclencheur d’un souffle nouveau est Jean-Marc Delacourt.
Il a été honoré le 7 février 2012 de la présidence d’honneur de la Fraternelle, partagée avec Emile Jung, qui lui a remis la médaille de leur association. Sous les applaudissements, ce cuisinier émérite est passé chez Ledoyen au Crillon et au Ritz, lauréat du Trophée Henri Huck en 1985, Meilleur Ouvrier de France en 1991, 2* Michelin ont souligné sa carrière et aujourd’hui, il oeuvre comme consultant.
Le maitre de cérémonie Daniel Zenner déclare ensuite ouvert le banquet fraternel, citant malicieusement son ami épicurien Seppi Landmann; “Bon appétit et n’oubliez pas que l’abus de modération nuit gravement à la santé”
Ainsi, le Persillé de Chevreuil au foie gras de canard a été servi avec un Pinot Blanc “La louve” 2009 Wolfberger ET Un Pinot gris, domaine du sacré cœur 2008 de la cave du roi Dagobert.
La caille farcie en croque sésame, mijotée de légumes d’hiver, jus réduit, s’est vue mariée pour la soirée avec un Pinot Noir “La louve” 2009 Wolfberger ET un Pinot noir fut de chêne 2008 de la cave du roi Dagobert
Le Capuccino de pommes de terre et truffe, un best seller baerenthalien, dont on ne saurait se lasser, a une nouvelle fois produit son effet, avant de céder la place à la forêt noire revisitée, sphérique avec sa glace à la truffe et son crumble chocolat.
Par Sandrine Kauffer
Crédit photos ©JulienBinz
Voir l’album du Trophée et de la soirée de gala (300)