gilles Pudlowski et Maurice rougemont

Maurice Rougemont : Portrait d’un portraitiste

Nous avions rencontré pour la première fois Maurice Rougemont, à Strasbourg, en novembre 2009, à l’occasion de la sortie du livre les Grandes Gueules et leurs recettes de Gilles Pudlowski, illustré par Maurice Rougemont. Comment ne pas remarquer sa présence discrète, reflet d’une sensibilité intelligemment mise au service d’une observation active. Son regard averti balayait la scène qui s’offrait à lui, comme un questionnement de clichés possibles.

Illustre photographe spécialiste des portraits d’écrivains et de grands chefs de cuisine, Maurice Rougemont, révèle l’âme des hommes et des femmes, qu’il photographie.

Maurice Rougemont vit à Malakoff depuis 2000. Modeste, il reste discret dans sa maison et dans sa ville. Pourtant, son nom est connu des plus grands écrivains, des illustres chefs cuisiniers de France et de Navarre.

De la littérature à la cuisine, il n’y a qu’un pas, pour le photographe. L’amour qu’il voue aux livres égale la dévotion qu’il témoigne à la gastronomie.
Ses clichés s’approprient l’âme de ses icônes littéraires et gastronomes. “Je m’efforce de photographier quelque chose à l’intérieur des gens, explique-t-il.
Pour moi, un portrait doit révéler le caractère des personnes. La malice chez Bernard Franck, le charme chez Jean d’Ormesson, le côté “ vieux paysan ” chez Claude Michelet, et l’amour du voyage chez Patrick Grainville… l’esprit magicien chez le cuisinier savoyard Marc Veyrat, le tempérament râleur du ” Roi du bistrot gastro “…

Tous les traits de caractère sont là, présents dans le regard empli d’expression, immortalisés sur la pellicule.

Le portraitiste des Grandes gueules

L’art du portrait est à son apogée avec Les Grandes gueules et leurs recettes, ouvrage publié aux éditions Glénat. ” Notre projet, avec Gilles Pudlowski, journaliste, critique gastronomique et littéraire, était de mettre les projecteurs sur ces grandes figures de la gastronomie, qui sont des défenseurs authentiques de leur terroir. Chez eux, la bonne tête de veau garde une place de choix dans les menus. Ce sont les gardiens des traditions. Chacun dans sa région sert les meilleurs produits, avec enthousiasme et sincérité.”

Ce sont eux, les Grandes gueules : Pierrot à Lille, qui présente du saindoux sur la table, à la place du beurre ; Gilbert, le roi du cochon, qui décortique lui-même l’animal et fait ses saucisses ; le basque Philippe Etchebest, qui manipule son potimarron comme un ballon de rugby ; Xiradakis le ronchon, qui tient fièrement ses deux belles poules élevées au grain, comme pour narguer l’élevage industriel. Maurice Rougemont n’a qu’un objectif (sans jeu de mots) : montrer l’homme et son environnement.

Un métier du voyage et de l’humain

En 1979, Maurice Rougemont commence à réaliser des portraits d’écrivains pour Les Nouvelles littéraires. À travers ses lectures, il se familiarise avec l’univers propre à ses romanciers. Le co-auteur des Grandes gueules, des Trésors gourmands de la France (Renaissance du livre), de Elles sont chefs (Flammarion), sillonne la France et le Monde pour aller à la rencontre des grands noms de la gastronomie. Les livres, les voyages, la découverte des gens et des lieux, des bons plats régionaux rythment son quotidien. Assurément, le photogra- phe dévore la vie à travers ses périples. «Je ne me sens pas obligé de dire que la photographie est une passion, c’est juste mon métier,» insiste Maurice. Son talent, sa spontanéité, son franc-parler et sa verve donnent envie à ceux qui le croisent de le surnommer à son tour “Grande gueule”.