La famille de Gérard Goetz, Hotel-restaurant “Julien” à Fouday a envie de vous faire découvrir et de mettre à l’honneur deux de ses employés, qui, par leur parcours atypique et leur courage, suscitent l’admiration et l’affection de la famille, parmi laquelle, ils ont une place toute particulière.
Vartan Arménian et Yoichi Kishida (article à suivre) ont en commun une origine lointaine et une personnalité attachante.
Entre le “réfugié” apatride qui a entrepris un véritable parcours du combattant pour rester en France et celui qui a débarqué un matin avec un simple sac à dos, ne sachant ni parler le français, ni où il allait passer la nuit, nous allons vous conter deux histoires personnelles, deux jeunes itinéraires remarquables.
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Marylène Goetz, l’épouse de Gérard et maman d’Hélène, confie : ” Vartan est un exemple pour les autres, ils peuvent se rendre compte de la chance qu’ils ont, et ça les remotive”.
Né et élevé en Russie, Vartan n’arrive cependant pas à y obtenir sa régularisation. À 17 ans, il décide de quitter Moscou et sa famille pour tenter sa chance plus à l’ouest. Il rêve de la France, ce pays qu’il sait “accueillant et ami des Arméniens”. Hélène relate avec émotion qu’il est arrivé fin 2006 dans des conditions “difficiles, voire dangereuses”. Il est reccueilli dans un foyer d’accueil strasbourgeois. Il ne connaissait personne.
Vartan Arménian débarque par le train le 24 décembre 2007. “C’était un peu notre cadeau de Noël”, nous dit Hélène en souriant.
Marylène se souvient bien de ses débuts. “Le premier soir, pendant le service, il m’a tapée sur l’épaule pour me dire de débarrasser une table. Je lui ai donc expliqué que ce n’est pas ainsi que nous procédions”. Elle rit à l’évocation de ce souvenir. “C’est un super gamin, très gentil, il s’est très vite adapté. Il est rapidement devenu le chouchou de la maison”.
“Pendant les deux ans de ma formation au lycée, je suis revenu dès que je pouvais : en stage, en extra le week-end et pendant les vacances. J’avoue que je n’étais pas très curieux de découvrir d’autres établissements, et surtout, je me sentais si bien chez Julien”. Eléonore ajoute : “maman est très maternelle, elle a tout de suite pris Vartan sous son aile. Le sachant seul en France, on s’est très vite senti naturellement responsable”.
Vartan est ému et reconnaissant de l’accueil et de la gentillesse qu’il a trouvés à Fouday. “C’est une famille très attentionnée et qui s’inquiète vraiment pour moi. Je ne peux dire que des bonnes choses sur eux. Et surtout, je les remercie”.
Pourtant doté d’un bon dossier (bonne maîtrise du français, diplôme scolaire, intégration sociale et insertion professionnelle réussies), il voit sa première demande de régularisation rejetée. “Ca arrive dans 90% des cas”, précise-t-il, “il ne faut jamais abandonner et faire appel”. Soutenu par la famille de Gérard Goetz, Vartan fait appel auprès de la Cour Nationale du Droit d’Asile. “C’est vrai que les très bons certificats de stage, les lettres de recommandation de la famille Goetz et la promesse d’embauche, m’ont beaucoup aidé”.
Une première victoire en janvier 2009, il obtient un titre de séjour de 10 ans. “Depuis, c’est une nouvelle vie qui commence pour moi, j’espère obtenir un jour la nationalité française”.
Cuisinier de formation, il a trouvé sa place en salle. Hélène Goetz valorise ses compétences et sa polyvalence : ” Il passe de la cuisine à la salle avec une grande aisance. Il a un bon sens relationnel, de l’humour et il est très apprécié par nos clients. Vartan, c’est le folklore de l’est”, poursuit-elle. “De plus, son service est un vrai spectacle. Quelle que soit la charge sur le plateau, il le porte sur 3 doigts. Il est incroyable !
Puis, elle relate quelques bribes de vie à Moscou, son travail sur des marchés à porter de lourds paniers sur la tête ou son rôle de contorsionniste dans un cirque.
Vartan joue pour les clients tous les mardis soirs et il remplace parfois l’orchestre au pied levé. “Je joue pendant l’apéritif, puis je sers les entrées, puis je retourne jouer un morceau et ainsi de suite”.
Un ravissement pour le public, qui interrompt ses conversations lorsque Vartan laisse courir ses doigts sur les touches blanches et noires, avec allégresse et dextérité. Et un plaisir emprunt de douce nostalgie pour le virtuose du piano “Jouer me rappelle la Russie et ma famille”, confie-t-il, avec cette classe slave et le regard profond et soutenu de ceux qui ont déjà beaucoup vécu.
Hotel-Restaurant Julien
67 130 Fouday
03 88 97 30 09
www.hoteljulien.com