Pour l'agencement et l'aménagement, Jean-Yves a fait appel à un spécialiste du Feng-shui, Philippe Brasset

Le Théâtre (1/2), renaissance d’un lieu en mode Vintage

Le 8 octobre 2012, Gilles Pudlowski a révélé le Palmarès de son édition PUDLO ALSACE 2013, récompensant la Brasserie colmarienne Le Théâtre de Francis Staub de Brasserie de l’année. Retour sur nos articles à quelques jours de l’ouverture, en décembre 2010. Depuis, Jean-Yves Schillinger, Frédéric et Sylvie Tagliani ont quitté l’aventure.

Le 23 octobre dernier (2011), le rideau s’est levé sur le nouveau restaurant colmarien ” Le Théâtre”. Complètement transformée, la brasserie alsacienne se métamorphose en bistrot parisien au décor “Vintage” selon l’expression de Jean-Yves Schillinger, l’exploitant des lieux pour le compte de Francis Staub

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La renaissance de ce lieu est un concours de circonstances, une rencontre inopinée entre les propriétaires du fond de commerce, Madame et Monsieur Hagenmuller et Francis Staub, qui déjeunaient au JY’S.

“J’adore la Brasserie du Théâtre” s’exclame Francis, “et sans exagérer, huit jours après c’était signé” raconte Jean-Yves Schillinger en poursuivant : ” l’emplacement me plaît beaucoup, c’est le quartier où mon père avait son restaurant, rue Stanislas”.


Je me sens très bien dans ce restaurant, c’est sans doute l’un des plus beaux que j’ai ouvert
“C’est le plus beau restaurant que j’ai ouvert, j’ai de très bonnes ondes ici et je m’y sens très bien” dit-il simplement en regardant l’édifice théâtral d’en face.

Ce bien-être n’est pas le fruit du hasard, le style de l’établissement est l’empreinte du chef. Il a voulu un style Vintage, importé de ses années passées aux États-Unis.
“Je voulais un style Destroy ou rock n’ roll, mais l’expression appropriée est Vintage” explique Jean-Yves, reconnaissant s’inspirer des restaurants français de New York, “le Balthazar” à Soho ou “le Pastis” dans le Meatmarket. “Et revenir pour faire comme tout le monde, je n’en voyais pas l’intérêt”.

La Brasserie du Théâtre, un bistrot parisien au décor Vintage
Deux personnes ont joué un rôle important dans la rénovation de ce lieu.

Il y a tout d’abord un personnage clé, le spécialiste du Feng-shui Jérôme Brasset, qui a donné le ton, le rythme et les énergies positives à l’endroit.

“Je l’ai rencontré à New-York, c’est un ami”, raconte Jean-Yves, ” il s’occupe de tous les établissements qu’ouvre Jean-Georges Vongerichten, mais également Sony, Trump, Mikli, Hyat… C’est lui qui a validé la décision d’acheter, fixé le jour de la signature et de l’ouverture, le 23 octobre précisément, puis préconisé l’agencement de la salle de restaurant, des entrées, du bar, de la caisse ou encore des toilettes. Rien n’a été laissé au hasard.”.


Tous les objets ont été chinés et placés par Miriam Sturm qui s’est occupée de la décoration
“J’organise l’espace en fonction des vibrations” explique Jérôme Brasset au cours d’une interview, “Je prends en compte les vibrations des personnes mais aussi des établissements dans lesquels elles se trouvent. Je fais en sorte que les deux soient en phase. En fait, je les aide à nager dans le sens du courant “, explique celui qui s’est formé auprès du maître en la matière à Kuala Lumpur.

Le Feng-shui est un art, celui de placer les objets, de définir des zones de circulation en fonction des énergies, c’est une méthode d’aménagement de l’espace d’inspiration asiatique.” Je lui fais totalement confiance”, nous dit Jean-Yves, “et Francis s’est laissé convaincre”.


Mimi, comme l’appelle ses amis, chine en France et à l’étranger, mais surtout sur l’Ile de Ré
Puis c’est Miriam Sturm, dite ” Mimi”, qui a pris le relais. “Une seule personne pouvait, selon moi, décorer ce lieu, c’est mon amie Miriam. J’avais visité ses propriétés et j’apprécie beaucoup ce qu’elle fait, son art de la décoration.”

Ni décoratrice, ni artiste, elle refuse toutes ces terminologies. C’est une passionnée qui aime chiner, brocanter, collectionner les objets qui ont un passé, une histoire à raconter.

Ni antiquaire, ni dans les affaires, elle s’est investie par amitié pour Kathia et Jean-Yves Schillinger en posant, selon elle, “une touche d’art” sur son passage.


Miriam Sturm a rapporté et exposé des objets personnels, authentiques qu’elle aime.
Sur 130 m², elle a tout transformé. “Je me suis éclatée” s’exclame la Belfortaine-Colmarienne.

“Ce que je recherche avant tout, c’est l’authenticité des objets. Je les repatine ou les décape pour leur rendre leur âme, les ramener, en quelque sorte, à leur essentiel, à l’exemple de ce billot qui était en gris monstrueux. J’adore les vieilles affiches, les objets de métiers anciens et je chine partout en France et à l’étranger, mais surtout sur l’île de Ré.”.

L’objet le plus ancien est le tableau de la bière Tourtel qui devrait dater de 1870 et l’affiche des bières pêcheurs, qui était une des premières encore à l’époque en carton.

La grosse tuyauterie, suspendue à coté du lustre, renforce le côté rock n’ roll et destroy
“Tout est neuf mais tout est vieux”, s’amuse à commenter Jean-Yves.

“En trois mois, on a tout arraché et tout refait. Le bar a été déplacé vers la gauche, des petites briques rouges ont été découvertes sous le crépis et ont été mises en lumière, le plancher est authentiquement abîmé.

Le plafond, refait à neuf, a été vieilli dans un esprit “jauni par le tabac”. La grosse tuyauterie apparente (conduits de la climatisation) donne un côté “rock n’ roll et destroy”. ” Mimi a poussé le concept jusqu’à poser des vieilles serpillères en guise de serviettes dans les toilettes. C’est fantastique !” se réjouit Jean-Yves avant de rajouter admiratif, “c’est une fille vraiment très douée”.

Les yeux de boeufs ont été sauvés d’une maison en démolition
Ainsi, une des horloges a été dénichée dans une vieille gare, les yeux de bœuf sur une maison en démolition, les plaques publicitaires sont d’époque, comme celle de la brasserie Fischer.

Les lustres et les miroirs, accessoires indispensables, ont plus de 50 ans, la grande table stammtisch et les tabourets du bar ont été rénovés, et le vieux téléphone noir, qui ne sonnera plus, est pourtant bien accroché à sa place.

Le Vintage désigne une pièce d’occasion, antérieure aux années 1980, qui évoque une période de l’histoire de la mode. Ces objets chinés par Miriam Sturm ont bravé le temps, traversé les décennies et donnent aujourd’hui une véritable authenticité et une âme rétro à ce nouveau resto.

“Je me sens comme à la maison” reconnaît Miriam, ” avec tous ces objets que j’ai choisis, aimés et auxquels j’ai redonné vie. Francis Staub a une belle expression, il dit c’est “notre restaurant” et l’équipe qui y travaille, je l’appelle la famille du théâtre.”.


En salle, l’équipe porte une salopette blanche portée de manière déstructurée
Inspirée du grand décorateur Garcia, Mimi ne décore qu’avec des objets exclusivement authentiques, “avec une touche garçonne” dit-elle, voire “gay” (ndrl : terme anglais pour désigner l’homosexualité) qu’elle revendique.

Miriam est allée jusqu’au bout de son concept en proposant des salopettes “destroy” au personnel de salle, “un esprit maçon exprimant le travail, la peinture, la décoration, mais la signification n’a pas été bien perçue. Un réajustement va sans doute s’opérer vers un jean brut porté avec T-shirt, un peu plus rock’n’roll pour incarner l’artiste qui travaille dans un théâtre.”.


Jean-Yves regarde vers le Théâtre. Les clients sont servis après la représentation jusqu’à 23h30
Mais au delà d’une mise en scène, c’est également la clientèle se rendant au théâtre d’en face qui est ciblée. “On espère qu’avant ou après les représentations, les clients et les troupes viennent manger chez nous. On prend les commandes jusqu’à 23h30.” explique Jean-Yves.

Un after-théâtre pour prolonger cette ambiance, vers un autre décor qui devient un juste prolongement.

Un livre photos relatant l’histoire de la transformation de la brasserie a été réalisé par Camille Schillinger
Imaginatif, Jean-Yves rêve : ” si je ferme les rideaux, je voyage. Je suis à Paris ou à New-York, au 20ème siècle ou vers la fin du 19ème, c’est la magie des lieux. Pourtant nous sommes à Colmar.”.

Le restaurant “le Théâtre” est un lieu de vie. Un lieu de rencontres, d’animations et de restauration.

Une histoire d’amitié retracée dans un livre réalisé par Camille Schillinger avec de belles photos illustrant la progression des travaux de rénovation et d’embellissement, laissé à la disposition des clients.

Par Sandrine Kauffer

restaurant Le Théâtre,
1, Rue des Bains, 68000 Colmar.
Ouvert jusqu’à 23h30.
Fermé lundi et mardi.
Tél. 03 89 29 29 29
Menu 30€