La visite de cette petite entreprise familiale existante depuis plusieurs générations m’a beaucoup ému. Installée non loin de Shizuoka, elle perpétue une tradition séculaire dans la façon d’élaborer le sohyu et le miso. Ces procédés sont restés inchangés depuis deux cent ans. J’ai ressenti les mêmes sentiments de respect et d’admiration que lors de visites dans des caves de grandes maisons de Bourgogne ou lors de ma découverte de la brasserie Cantillon à Bruxelles dans laquelle mûrissent les meilleures gueuzes du monde.
La plupart du sohyu consommé au Japon est produit industriellement. Le cycle dure moins de cinq mois. Tout est contrôlé, stérilisé, automatisé, aseptisé. La température est stable, les souches de champignons et les bactéries sont soigneusement sélectionnées et les cuves en inox sont munies de couvercles. Entre la sauce de soja de monsieur Kagoshi et celles provenant de la filière industrielle, il y a une énorme différence. C’est un peu comme entre un poulet industriel et une volaille de Bresse. Le Shoyu est apprécié plus léger à Kyoto qu’à Tokyo. Il permet de saler les aliments et de renforcer le goût.
Par Daniel Zenner