Coralie Haller, David Ling et Martine Becker ©Sandrine Kauffer

La promotion des vins d’Alsace passera par le digital

Le vendredi 20 avril 2018 la seconde soirée”Auf ” s’est déroulée au château de La Confrérie Saint Etienne à Kaysersberg vignoble (68). Organisée par le Conseil des Jeunes, il faut entendre par soirée AUF, « des portes-ouvertes + after work » mais aussi des conférences, dégustations et une belle convivialité.

«Cette porte-ouverte exceptionnelle est destinée à faire connaitre le château, la confrérie, ses activités et ses finalités, mais aussi de partager la connaissance, la promotion et l’amour des vins d’Alsace», annonce Martine Becker Grand Maitre de la Confrérie St-Etienne. «Elle est organisée par le Major Ignace Kuehn, président du conseil des Jeunes».

3 conférenciers ont pris la parole. Stéphane Gresser, Gérant du laboratoire œnologique Gresser d’Andlau, qui a fait la démonstration de la Capacité de vieillissement du vin, de la qualité du raisin au savoir-faire du vinificateur. Jean-Baptiste Klein, sommelier au Chambard, Meilleur Jeune Sommelier de France en 2011, désigné Meilleur Jeune Sommelier 2017 par Gault & Millau, a commenté 4 vins issus de l’œnothèque du château, puis Coralie Haller Enseignant-Chercheur, à l’Ecole de Management de Strasbourg a posé le diagnostic de La digitalisation du monde du vin.

Responsable du Master “International Wine Mgt and Tourism”, du “Master Management du tourisme” et de la Chaire “Vin et tourisme” à l’Ecole de Management de Strasbourg, celle qui est également membre de la Confrérie St-Etienne (grade apprenti) a réalisé une enquête pour dresser un état des lieux des pratiques digitales du monde du vin. Elle s’est appuyée sur 200 acteurs répertoriés sur le site du CIVA.

Jean-Baptiste Klein et Ignace Kuehn ©SandrineKauffer

 

La promotion et la valorisation des vins d’Alsace se fera par le digital, du point de vue de la formation et des bonnes pratiques. L’enseignante salue le dynamisme de la Confrérie St-Etienne qui, non seulement organise des conférences sur cette thématique, mais participe activement à la promotion des vins d’Alsace. Emblématique et moteur pour les autres confréries viniques d’Alsace, elle est présente sur les réseaux sociaux.

En 2017, sur l’initiative de Pascal Schultz, Grand-Maitre de la Confrérie, elle a renforcé sa présence et son attractivité en s’appuyant sur des médias digitaux spécialisés. «Nous avons observé la viralité de l’information et des partages notamment sur les inscriptions aux ateliers que nous organisons», constate Éric Fargeas, le délégué général de la confrérie.

En 2018, Martine Becker poursuit cette dynamique. «Je suis présente sur les réseaux sociaux par ce que j’aime savoir ce qui se passe dans le monde et être informée. Nous avons des délégations internationales et nous tenons des chapitres à l’étranger, c’est aussi un moyen de restés connectés entre membres dans le monde entier. Je relaye aussi des informations sur le vin, l’œnotourisme, les informations culturelles, les expositions et les activités de la confrérie, bien sur».

Le rapport à la consommation de vin devient de plus en plus informé, intelligent, communautaire et connecté. Les entreprises viticoles sont confrontées à la présence des consommateurs sur de multiples canaux de communication et d’achat. Le M-commerce (commerce mobile) se développe en complément du E-commerce. Dans le même temps, on assiste à une mutation de l’offre avec l’apparition de nouveaux services liés à ces nouveaux usages. Les blogueurs, qui ne se définissent plus aujourd’hui uniquement par leurs blogs, mais deviennent des influenceurs multimédia, présents aussi bien sur Twitter, Instagram, YouTube. Dans ce contexte, il est intéressant de connaitre les pratiques digitales des entreprises vitivinicoles alsaciennes.

La digitalisation du monde du vin est à l’épreuve du 3.0. Ce n’est plus un secret, le vin connait une croissance exponentielle dans l’univers de la vente en ligne. En tout état de cause, la part du digital (réseaux sociaux et vente en ligne) sera croissante en 2018 et le chiffre d’affaires de la vente en ligne risque d’exploser. Il faut dire que tout est encore à créer et que de nombreuses initiatives voient le jour.

«Nous constatons qu’il y a avant tout un manque de formation et une méconnaissance des enjeux du digital dans la promotion et la commercialisation des vins en France et particulièrement en Alsace », annonce Coralie Haller. « Par rapport à des régions comme Bordeaux ou la Provence, l’Alsace affiche un certain retard. C’est la raison pour laquelle deux formations ont été créées à l’EM en lien avec l’œnotourisme ».

Coralie Haller est enseignante-chercheur à l’EM de Strasbourg et membre de la Confrérie St-Etienne ©SandrineKauffer

 

L’enseignante détaille : «16% des vins de la planète sont produits en France, nous possédons 10% de la surface mondiale des vignes et c’est notre 2ème secteur d’exportations. La filière viticole représente 600.000 emplois en France. L’Alsace et ses 15600 hectares de vignes, 51 terroirs, 4700 producteurs doit prendre le leadership. Et c’est par le biais des NTIC (Nouvelles Techniques d’Informations et de communications) que ce leadership pourra être pris. Mais hélas, le constat des pratiques digitales n’est pas au rendez-vous. Interrogés, les vignerons soulèvent les freins suivants : manque de temps, de compétences et de ressources. La plupart ont un site internet, mais statique, mal référencé, et dépourvu d’un module marchand. En 2018, 13% des achats en vin s’effectue sur internet et ce chiffre sera exponentiel via le m-commerce (mobile-commerce) en croissance de 30%. »

Il y a donc des nouvelles pratiques digitales, un nouveau marché à saisir qui s’organise s’appuyant sur l’approche communautaire via les réseaux sociaux.

Les recommandations

«Le site internet ne suffit plus ». Coralie Haller préconise le développement d’un blog actif, d’une présence optimisée sur les réseaux sociaux (facebook, twitter, instagram, par exemple). «Tout le monde devient influenceur et prescripteur d’achats en vin. On parle aussi de e-réputation».

Les sites internet doivent être attractifs avec de belles photos, en plusieurs langues et pourvus d’un module marchands (option d’achats en ligne). Seuls 25% des vignerons sont sur twitter, et 50% ont un compte Facebook. Les actifs publient 4-5 post/ semaine. «Ils mettent en scène leurs pratiques, leur savoir-faire, leurs valeurs, commentent leurs vins, partagent leurs distinctions, leurs présences sur des salons, leurs rencontres, ou leurs voyages. On s’implique, on livre aussi une émotion. Il y a une première rencontre digitale (irréelle) qui facilite la découverte humaine (réelle).»

Les vignerons pourraient jouer collectif. «Ils mutualisent bien leur matériel agricole, ils pourraient mutualiser la prestation d’un spécialité de l’e-communication, pour réfléchir à une stratégie globale en termes de communication ».

Pour accompagner cette évolution, de nouvelles start-up sont créées. Les consommateurs recherchent une information de qualité, de proximité, du conseil et un mode de livraison. On observe également l’arrivée des objets connectés, il y a tout un marché en plein essor avec notamment le développement des Appli oenotouristiques par exemple.

Le vigneron ne peut demeurer un observateur extérieur. L’avenir de son domaine, de son référencement, de son e-reputation est en jeu.

De G à D : Joséphine Spannagel, Fanny Paillocher, Marie Mougin, et Laetitia Pantzer ©sandrine Kauffer

Témoignages

«Trois intervenants de qualité se sont succédés, complémentaires et très instructifs», reconnaît Laure Adam du domaine Jean-Baptiste Adam à Ammerschwihr. «Le choix des thèmes des conférences est important», souligne la petite-fille de l’ancien Grand-Maitre Jean Adam. «J’ai toujours baigné dans cet environnement du château, et c’est encore une nouvelle façon de le vivre et de le re-découvrir», reconnaît-elle. «Il y avait une conférence très technique sur le vieillissement du vin, puis sur le marketing digital et les réseaux sociaux et enfin une dégustation commentée par Jean-Baptiste Klein, vraiment passionnante».

«Grâce à cette soirée Auf, j’ai pu venir pour la première fois à la Confrérie Saint-Etienne », confie Estelle Pouvreau, étudiante en BTS viti-œnologie à Rouffach. «C’est mon professeur qui m’en a parlé et j’ai tout de suite été intéressée. J’ai dégusté des vins d’exception auxquels je n’aurai sans doute jamais eu accès ! Du coup, je me suis inscrite pour revenir aux prochaines manifestations, notamment aux séances de rebouchage dans l’oenothèque du château. Pendant la conférence sur les NTIC je me suis directement connectée sur la page Facebook de la Confrérie St-Etienne pour me tenir informée des activités et ateliers. J’ai aimé l’esprit et l’ambiance de la soirée. Je n’imaginais pas que la confrérie était aussi accessible ».

«J’apprécie le dynamisme de la confrérie», rajoute Estelle Geiller, membre de la confrérie St-Etienne. «Il y a des ateliers, des conférences, et des chapitres, autant de soirées et de sorties culturelles, viniques, enrichissantes et conviviales. Les liens réels sont tout aussi importants que les liens virtuels. Il est important de se rencontrer, de se rassembler et d’échanger. Le château est le cadre idéal».

«C’est la 5ème fois que je viens au château», précise Jean-Baptiste Klein, évoquant notamment cette fameuse séance de rebouchage avec l’association des sommeliers d’Alsace. « J’aime l’esprit qui y règne, j’aime la parole libre sur les vins et j’apprécie surtout qu’il n’y ait pas de liens de commerce », relève le chef-sommelier de la table d’Olivier Nasti au Chambard à Kaysersberg.

Par Sandrine Kauffer
crédit photos ©Sandrine Kauffer

www.confrerie-st-etienne.com

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