Le mardi 24 mai 2016 est une date historique pour les chefs de cuisine. Pour la première fois et c’est inédit des restaurateurs ont été invités par Come de Chérisey, directeur du Guide Gault Millau à venir échanger avec Emmanuel Macron, Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, au cours d’un diner servi à Bercy.
Tour de table de la situation conjoncturelle, présentation des jeunes chefs restaurateurs-entrepreneurs, bénéficiaires de la dotation Gault-Millau et conclusion portée par le ministre.
Les aspects positifs
Il y a 20 ans, j’étais “apprenti cuisinier”, aujourd’hui je suis un “apprenti-restaurateur”
Inutile de tergiverser sur la TVA ou le coût des charges de la masse salariale, la nébuleuse RSI, ce sont des questions transversales inhérentes à de nombreux secteurs d’activités. J’ai attiré son attention sur la complexité du millefeuille administratif, véritable parcours du combattant, chronophage et décourageant. Il est impératif de simplifier. Il y a 20 ans, j’étais apprenti cuisinier, aujourd’hui je suis un apprenti restaurateur.Lors de ce débat, un chef a proposé qu’il y ait des tuteurs pour nous accompagner et pourquoi ne pas multiplier le principe de la dotation ? L’envisager telle une bourse au mérite comme les étudiants bénéficient d’une bourse pour financer leur projet d’études ?
La nébuleuse adminsitrative
Des inégalités qui créent un sentiment d’injustice
J’ai attiré son attention aussi sur l’injustice et l’inégalité concernant l’accessibilité et les normes de sécurité.
Pourquoi imposer sans autre forme de procès, dès l’ouverture, la totalité des normes (sans nous permettre de bénéficier de l’A.D.A.P. prévu sur 3 ans ou d’un étalonnage des investissements) alors que d’autres structures ont pu ou travaillent encore sans être aux normes, sans sortie de secours, sans plafond coupe-feux sécurisant les tiers, sans rampe d’accès ni toilettes handicapées ?
Qui prendra ses responsabilité le jour où un incendie se déclare dans le caveau d’un restaurant touristique sans fenêtre et sans issus de secours car le bâtiment est situé dans un quartier classé ?
Ne serait-il pas préférable de différencier les structures dans les obligations de travaux, d’ajuster l’investissement selon les bénéfices ou la taille des entreprises? Est-il judicieux de faire démolir un mur, une entrée parce qu’il manque 2 cm qui correspondent à un cahier des charges drastique, appliqué avec rigueur ? Serait-il possible de nommer un médiateur, dont la priorité serait de trouver un consensus, qui parfois sauvegarde aussi des emplois ?Est-il encore raisonnable de vouloir ouvrir en France un restaurant gastronomique considérant le coût des marchandises, le coût de la masse salariale et de la structure à entretenir ? J’aimerai tellement pouvoir répondre “oui” à tous ceux qui nous ont découragés de nous engager dans cette voie, nous conseillant d’ouvrir une brasserie pour gagner de l’argent ?
Mais l’argent peut-il être le seul moteur de notre épanouissement professionnel ? Est-ce ainsi que je vais pouvoir rendre hommage aux cuisiniers (Philippe Gaertner, Antoine Westermann et Marc et Paul Haeberlin) qui m’ont formé à la grande cuisine classique, qu’à mon tour je souhaite pouvoir transmettre, former des apprentis et contribuer à sauvegarder une cuisine qualifiée de “patrimoine culturel” puisque le repas des Français est classé à L’UNESCO ?
Par Sandrine Kauffer
Crédit photos ©SandrineKauffer