Ambassadrice de la FAV de Colmar en 2017, véritable égérie festive, personnage haut en couleurs et en saveurs, Coco Das Vegas, est co-fondatrice des Pin-Up d’Alsace. Les curieux pourront la retrouver avec sa troupe à la 73e édition de la Foire aux vins, du côté de l’Embuscade à partir de 18h15 pour des apéros burlesques et un peu plus tard dans la soirée, pour un show !
Selon Wikipedia, une Pin-Up pose de manière « sexy », symbolise le charme et l’érotisme. Le phénomène prend son envol durant la 2ème guerre mondiale, non seulement auprès de la population, mais surtout chez les militaires (les G.I) qui encollent leurs corps de rêve sur le nez des avions (Réf. Memphis Belle). 1950 est l’âge d’or de ces icônes starisées. Omniprésentes dans les magazines et les calendriers, ces femmes fatales, à l’instar de Marilyn Monroe, Betti Page, Veronica Lake, Dita Von Teese, Audrey Hepburn, ou Brigitte Bardot, réelles ou virtuelles (Betty Boop, Jessica Rabbit), crèvent l’écran, et aliènent la gente masculine.
Haut-perchée, telle une équilibriste sur ses sandales plateformes Rockabilly, elle oscille entre deux temporalités : l’Alsace et Las Vegas, fin 20ème et début 21ème.
Ultra féminine, fière de ses racines, Coco Das Vegas d’Alsace fantasme des Pin-Up américaines. Un brin provocante et attrayante, audacieuse et courageuse, elle fait fi des perplexités et complexités. Ses lèvres rougeoyantes, ourlées et gourmandes, dégainent avec malice de jolies répliques aussi divertissantes que désopilantes. Ceinture épinglée sous-poitrine, épaules et dos nus, elle sélectionne minutieusement sa toilette : gants, sacs et chaussures assortis, hauts talons et bas résille. Elle cultive toute la panoplie vintage-chic. Elle se pare à l’identique, qu’elle aille à la boulangerie ou chercher sa fille à l’école. C’est son style « Pin-Up ».
Revoir la vidéo de Coco Das Vegas et Romain Iltis, MOF sommelier et chef sommelier de la Villa René Lalique
Habitant dans le Kochersberg, imaginez cette jeune quadra girly, faire sensation. « Il ne s’agit pas d’un déguisement, mais d’un art de se vêtir, qui me vient de ma grand-mère maternelle Madeleine-Rose. Je l’admirai beaucoup. Elle était si coquette. Elle m’a transmis le goût des accessoires. J’adorai ses tenues, son sens du détail. Elle m’a fait rêver, elle m’a appris l’élégance et la féminité. »
Dans sa penderie, robes dos nu, robes à fleurs, en couleurs, évasées, juponnées ou enrubannées valsent sur leur cintre, dans l’espoir d’être choisies. Femme fatale en rouge & noir, gloss assorti, lunettes rétro, elle s’amuse de l’effet qu’elle pourrait produire. Coco est aussi couturière à ses heures perdues. Elle fabrique la plupart de ses costumes de scène, rehaussés de strass, de plumes, de paillettes et de dentelles.
Coco papillonne, « maquillée comme une voiture volée » (Cadillac décapotable). Regard de biche, surligné d’eyeliner, faux-cils courbés chargés d’un mascara noir ébène, elle a les yeux-révolver, le verbe haut, la gouaille facile. Âme fragile s’abstenir, amoureux transit en péril, elle domine la scène avec superbe !
Pour cette rubrique, le lecteur de Good’Alsace pourrait s’interroger sur le choix de l’invitée ? Petite confidence : Coco a l’âge de ma sœur. Nos chemins se sont souvent croisés les étés, et son père était un ami de ma mère. Nous nous sommes perdues de vue, et je l’ai retrouvée à la Foire aux Vins, après son numéro burlesque, métamorphosée en Coco das Vegas.
Coco rêvait de danser au Crazy Horse
Elle a choisi ce métier de scène. Certes, il est le fruit de rencontres et d’opportunités car le hasard, lui, n’existe pas. Son enfance bercée par la musique, la danse classique et les arts du spectacle en général, fut guidée par ses parents. Ils s’étaient rencontrés dans une chorale d’église. À la guitare et aux chants, ses parents étaient membres de la troupe « Triumvirus ». Ils partaient en tournée dans toute la France dans la Volvo bleu de son père Dominique. « À 8 ans, je suis montée sur la scène du Palais des Congrès », se souvient-elle. « Je racontais l’histoire du petit Grégory, lors d’un concert caritatif des « Enfants de l’espoir ». Il y avait Cookie Dingler et C. Jérôme qui y participaient. Je me souviens surtout de la guitare « ovation » de mon père, faite en kevlar. Avec mon cousin François, on se disait qu’un camion pouvait lui passer dessus. Elle était incassable. Mais nous avions formellement l’interdiction de la toucher. Nous la surnommions Ex-Calibur. »
Le virus du spectacle coule dans ses veines, d’ores et déjà inscrit dans ses gênes.
« Petite, je rêvais de danser au Crazy Horse, je ne pourrais pas l’expliquer mais j’étais toujours fascinée par le cabaret. J’étais émerveillée par les coco girls de Stéphane Collaro ou Lova Moor », rit-elle en y pensant. « Mais plusieurs problèmes, la taille, mes tatouages et le niveau de danse aussi. On ne va pas se mentir, les filles du Crazy ont un excellent niveau. La seule chose qui ne me convenait pas, c’est la distance qu’elles tiennent avec le public. Moi j’aime faire le show, faire rire, qu’il y ait un échange. L’animation fait partie des show burlesques, ils sont sans prises de tête, on vient passer un bon moment et se divertir. »
Ayant pris des cours de danse classique, elle a aussi été professeur de fitness en salle, puis coach à son compte. Tout se précipite, quand elle rencontre Luna Moka qui fonde son école de danse « La Clandestine ». C’est le déclic, l’effeuillage burlesque, par la suite, ne sera qu’un détail. « La nudité, dans le show burlesque, n’est pas vulgaire, bien au contraire », explique Coco. « Le corps est sublimé artistiquement par le jeu de lumières, la chorégraphie et les tenues. Je me sens moins nue qu’en maillot de bain, exposée au grand jour, à la lumière crue et cruelle du soleil. Ce dernier ne fait aucun cadeau à nos défauts », sourit-elle, fort de ce constat. Sur scène, l’humour et l’autodérision règnent, à moins que cela ne soit Coco Das Vegas, qui prenne le pouvoir d’une reine. Elle interpelle le public, crée des liens, de la connivence, renforçant le spectacle vivant.
« Mes parents sont venus m’applaudir. Mon père était assis au premier rang, s’amusant de mes blagues sur scène, ayant la discrétion d’aller fumer quand mon tour venait. Maman m’a toujours encouragée, elle me dit que je suis trop belle ! C’est ma première fan. Mes parents sont libres, libres de préjugés, du « qu’en dira-t-on ». Ils m’ont toujours soutenue dans mes choix. Mon père me disait : « tu pourras faire des bêtises, je serai toujours là pour te rattraper ». Avec ça, vous n’avez peur de rien dans la vie », conclut-elle. Affranchie, Coco est libre, sa prise de pouvoir sur scène, installe étrangement le public dans une nudité face à ses émotions. Elle prend le contrôle des opérations. Et tel est pris, qui croyait prendre.
L’effet Pin-Up
Assister à un show et rencontrer une Pin-Up, interroge. Une femme peut-elle s’autoriser une féminité si décomplexée ? Coco incarnerait-elle une altérité refoulée, inexplorée ? Comme le mentionne le philosophe Charles Pépin dans son ouvrage « La rencontre, une philosophie », (offert par une amie chère) les rencontres humaines sont au cœur de notre existence, nous questionnant, nous révélant à nous même. La rencontre a lieu si elle suscite une émotion, une réaction, un projet partagé, un chemin commun.
En réalisant ce reportage pour le magazine Good’Alsace, un nouveau projet éditorial est né, celui de produire une série de vidéos avec Coco Das Vegas. Elle mettra en exergue, avec humour et gourmandise des plats alsaciens, des pâtisseries, des recettes, accompagnés d’un vin qui va bien. Imaginez Coco attablée au restaurant, prendre l’apéro chez elle, en pique-nique dans les vignes, sur les marches de la cathédrale. Les conseils d’un sommelier, avec son verbiage fleuri et emprunté pour la guider et l’inspirer. Le ton décalé, son charisme et son charme seront autant de rendez-vous prisés, attirant gourmets et gourmands, touristes et passants dans ses filets – résilles – gastronomiques.
Une comédie musicale en stand-by
En 2021, les Pin-Up d’Alsace sont à l’affiche d’une comédie musicale Rock Around the boss. La conjoncture éprouve les métiers des Cafés, Hôtels et Restaurants, mais aussi du monde de la nuit et des Arts. Intermittente du spectacle, neutralisée avec sa troupe en pleine promotion de leur comédie musicale Rock Around the boss écrite et mise en scène par Dominique Grylla, Coco se réinvente. Avec les Pin-Up d’Alsace, elles ont produit l’émission Summer in Alsace diffusés sur Alsace 20, l’été 2020. Le spectacle digital inscrit une nouvelle corde à son arc.
« L’Oberjaegerhof », le goût de l’enfance heureuse
Nous avons rendez-vous en avril 2021, pour réaliser l’entretien concernant « les restaurants ont une histoire ». C’est dans une toilette couleur vert-pomme, à petits pois (qui ne s’écossent pas) à sage ruban blanc, qu’elle me rejoint au Oberjaegerhof. Ce restaurant, situé à la lisière de la forêt du Neuhof à Strasbourg, était le repère des repas en famille.
Cette ancienne bergerie du 17ème, devenue maison forestière, fut transformée par la ville en 1966, en restaurant. En 1978, les parents de Stéphanie Sachy, en ont pris possession et lui ont bâti une jolie réputation gourmande. On vient de loin et en nombre pour la salade Strasbourgeoise, le rösti de saumon fumé, le presskopf maison, les cassolettes de spätzelé, le bibeleskaëse pommes sautées, la choucroute alsacienne, les fleischschnakes, les lewerknepfles, les bouchées à la reine ou pour savourer les flammekueches. Aujourd’hui, avec Mario son époux, membre des disciples Escoffier d’Alsace, ils font perdurer les classiques de la maison, qui jouit d’une capacité impressionnante avec ses 500 couverts répartis sur 3 étages et la vaste terrasse. Les enfants vagabondent près du parc à animaux et l’orée de la forêt invite à la promenade digestive.
Revoir la vidéo sur les spaetzle avec Coco das Vegas
Un cadre idyllique, un paradis pour les enfants quand les repas s’éternisent. « Je suis très proche de nos clients et ils me manquent terriblement. Les fêtes sans eux, ce n’est pas la même chose », mentionne Stéphanie. « Nous ne sommes pas juste un restaurant ou des vendeurs de tartes flambées. Nous faisons partie de la vie de nos clients et réciproquement. Pendant le confinement, j’ai reçu des faire-parts de naissance, avec beaucoup d’émotion. »
« Je me souviens que, petite, j’aimais jouer dans ce grand escalier. Je plains le personnel de salle pendant le service. Les enfants, heureux, couraient partout. Avec du recul, c’était même dangereux. Je commandais des tartes flambées et j’aime toujours autant leur bibeleskaëse, c’est l’un de mes plats préférés. »
Les repas de famille au Oberjaegerhoff sont synonymes de « la belle époque », du temps des grands-mères Marie-Madeleine et Madeleine-Rose.
Deux « Mamie-Madeleine », immortalisées et éternelles, traçant de son épaule à son avant-bras, un fil conducteur des souvenirs. Marie est une Madone triste, couronnée de madeleines et de roses. Sur l’avant-bras, sont tatoués un micro, une partition et une guitare, Mam and Dad. La dernière fois que Coco était venue au Oberjaegerhoff, c’était avec son père Dominique. Il avait organisé une séance de dédicace pour la sortie de son livre, et il s’était entouré pour l’événement, de sa fille et des Pin-Up d’Alsace.
« On s’en souvient encore très bien de cet événement », se réjouit Stéphanie Sachy, « Les Pin-Up ont fait sensation avec la voiture de collection ». Depuis, le père de Coco, gravement malade s’est éteint, ouvrant en 2019, une blessure difficile à refermer. Il était son roc, son pilier.
Je suis végétarienne, mais pas compliquée
“Si je suis végétarienne, je m’adapte et je me fais plaisir avec une salade, des grumberekichles ( j’adorais ceux de ma grand-mère) et une choucroute de poissons, une tarte flambée sans lardon.
Un conseil pour un rendez-vous galant ? « Renoncer aux plats avec de l’ail, du persil et des herbes en général qui restent coincées entre les dents. Éviter aussi la finger-food et préférer la fourchette ! » conseille-t-elle. « Vous tiendrez plus longtemps le rouge à lèvres ! ( il fallait y penser ). Et, allez-y à fond sur les épices et le gingembre », ajoute-t-elle en riant.
J’aime cuisiner et recevoir
Quand elle a des invités, elle sort ses classiques. « Je prépare la choucroute alsacienne, avec de la vraie viande », précise-t-elle. « Pour moi, je choisis une knack végane. Je cuisine aussi le risotto au safran ou aux truffes. J’ai de nombreux livres de recettes et je suis abonnée à des revues culinaires SlowlyVeggie. J’aime recevoir. Chez moi, la chambre d’amis avec un vrai lit est toujours prête, tout comme une bouteille demeure au frais. »
« Je suis devenue une spécialiste de l’apéro dînatoire, c’est très convivial et vite fait. Parfait pour les dîners improvisés ». Pour tenir sa ligne, Coco s’astreint à une hygiène de vie. Elle pratique des cures de jus, des jeûnes et micro-jeûnes de 14h. Car il lui est impossible de renoncer aux plaisirs épicuriens. Gourmande et généreuse, avec un sens inné pour les festivités, Coco à été une ambassadrice, de toute beauté, de la Foire aux Vins d’Alsace !
Par Sandrine Kauffer-Binz