Pourquoi les chefs cultivent le mauvais jardin?

Rémi Ohayon, Meilleur Ouvrier de France Communication / Digital  décrypte chaque semaine l’évolution des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration à travers une tribune sur www.tribu-ohayon.com

 

Vous avez surement remarqué cette nouvelle tendance : les chefs souhaitent maintenant cultiver des jardins. Des jardins qu’ils entretiennent, arrosent, préservent, des moments d’émerveillement allant jusqu’à l’extase.

Pendant ce temps-là, le jardin du management se fane. En cause, ni la pénurie d’eau ou l’augmentation des salaires ou des primes qui ne jouent que sur la satisfaction à court terme. C’est le fléau du manque de reconnaissance qui continue à envahir les cuisines et les salles de restaurants comme une mauvaise herbe que nous ne saurions pas comment faire pour nous en débarrasser.

En réalité au-delà de la crise du recrutement,  les restaurants font face à une crise de la fidélisation alors que les talents demandent à l’entreprise de se recentrer sur ses missions premières : une forte demande de reconnaissance, une association aux décisions et de comprendre le sens : en un mot : cultiver le bon jardin.

Il faut comprendre qu’en France, la reconnaissance n’est pas naturelle, elle n’est pas dans la culture de l’entreprise et encore moins dans le secteur de la restauration où l’on pense qu’il faut vivre des moments pénibles pour devenir bon. De plus, l’ensemble de notre système éducatif est basé sur le contrôle et la sanction, nous savons regarder ce qui ne va pas, mais personne ne nous a appris à souligner ce qui va bien.

Certaines personnes vont même jusqu’à souffrir d’un déficit de reconnaissance, les conduisant à venir avec « la boule au ventre » car ils savent qu’ils sont remarqués uniquement pour leurs erreurs.

Pourtant la reconnaissance a un formidable pouvoir sur l’estime de soi, le bien-être, la santé, mais également sur l’investissement dans le travail, l’efficacité du travail et la productivité.

J’observe même dans mes interventions que les jeunes générations ont encore plus d’attentes concernant la reconnaissance entre pairs, entre collègues, et pas seulement celle du manager : ils et elles veulent aussi briller dans les yeux de l’autres et c’est tout à leur honneur.

La reconnaissance est générée par la communication, elle engendre une image de soi pour celui qui la reçoit, elle crée sur elle ou lui une dynamique positive gagnante.

Il existe une multitude de moments pour l’exprimer et il ne faut jamais attendre et toujours la personnaliser : on félicite à chaud, on recadre à froid. Il est aussi important de comprendre qu’il ne faut jamais négliger les réussites minimes, car ce qui vous parait simple est parfois insurmontable pour l’autre.

De mon point de vue tout est à portée du manager : respect, courtoisie, valorisation, simplicité, sincérité, gratitude.

Vous pouvez établir des modèles de reconnaissance dans l’organisation par section :  la personne, la maitrise, le comportement, l’engagement, le résultat. si l’entreprise ressent le besoin de la structurer.

Mais toute l’idée est de comprendre que c’est un levier de la performance et du bien-être et que vos propres équipes véhiculent l’image de votre entreprise à l’extérieur. Ils, elles sont mêmes devenus les ambassadeurs pour la recherche de nouvelles recrues.

Reconnaitre, c’est être « donneur de sens », c’est cultiver l’autre pour qu’il se réalise par l’estime de soi et devienne à son tour « passeur de motivation ».

Le secteur de la restauration a bâti son modèle de récompense sur un modèle militaire, un ½ chef de.., une première de…, un second de…, enfin un modèle sur des grades qui n’élèvent en rien l’estime de soi.

Nous devons bâtir un modèle qui dépasse la reconnaissance-gratitude du grade et remercier les gens pour ce qu’ils font, pour s’inscrire dans le registre de la considération, c’est-à-dire permettre aux gens de témoigner leurs idées et de contribuer à la réussite collective.

Vos équipes se sentiront réellement reconnues si l’on ne se limite pas juste à leur dire et « merci » de temps à temps, souvent trop tard, pour ce qu’ils ont fait, ou de leur faire remarquer ce qui ne va pas. Sollicitez-les pour qu’ils participent à la co-construction de votre entreprise, ce modèle où vous évoluez à côté d’eux.

Rémi Ohayon

Meilleur Ouvrier de France Communication / Digital

Président d’API & YOU une agence conseil, communication et e-commerce, décrypte chaque semaine l’évolution des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration à travers une tribune sur www.tribu-ohayon.com

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