Tel un tintin de la gastronomie, qui évoluerait dans une bande dessinée, le jovial et sympathique Loïc Ballet, sillonne les routes de France sur son triporteur, partant à l’aventure culinaire, réunissant artisans et producteurs, qui mettent à l’honneur ce que la France a de meilleur. Quel bonheur d’entendre conter les attraits de nos belles régions par un explorateur du goût, un voyageur des saveurs.
En juin 2020, il a ouvert son épicerie fine à Paris « l’Epicerie de Loïc B », rue Sedaine dans le 11ème. Avec son amie, Élodie Charras, ils affichent déjà une centaine de références 100% françaises, pas toutes bio mais dans le respect du terroir, du bien-être animal, sans additif, et en production raisonnée.
Ce qu’il aime par dessous tout c’est la convivialité, petite terrasse en devanture, comptoir en marbre rose propice à la dégustation, aux partages et à la transmission. Cette épicerie fait le lien avec toutes ses rencontres dans ses émissions, elle fait le lien entre les producteurs et le consom’acteurs engagés. Elodie et Loïc se revendiquent « Épiciers militants », ce qui signifie qu’ils achètent au juste prix aux producteurs, dans le respect de leur travail sans négocier les prix.
Revenons à la source de cette épicerie, aux racines de la formation de Loic Ballet et de ses convictions.
Un animateur engagé
Rayonnant et enjoué, tout lui plait dans son métier de journaliste. L’auteur du livre « La France des bons produits » (éditions du Chêne, 2016) aime mettre les producteurs sous les projecteurs et soutenir ceux qui œuvrent pour le terroir, le goût, et le bien manger.
« Nous avons dépassé les 350 émissions du Triporteur » s’exclame Loïc Ballet. « Cette émission a vraiment du sens, j’ai l’opportunité de soutenir les producteurs et le savoir-faire des artisans. Au mois de juin 2020, j’ai ouvert à Paris, « L’Épicerie Loïc B », où chaque producteur que j’ai rencontré peut commercialiser ses produits. Je leur offre une vitrine dans la capitale, et ce sera une opportunité pour les Franciliens d’accéder aux meilleurs produits de nos régions », se réjouit Loïc Ballet. « L’Épicerie de Loïc B » n’est pas la finalité d’un engagement, mais la continuité de ses convictions, enrichies par sa collaboration avec le Collège Culinaire de France depuis 4 ans, et avec les Logis de France pour promouvoir l’hôtellerie indépendante, identitaire et familiale. « Grâce à mon métier, j’ai la chance d’aller sur le terrain à la rencontre de l’humain, avec des échanges et du partage », mentionne celui qui gère LB Productions.
Sa rencontre avec Jean-Pierre Coffe en 2008, son « mentor » a été décisive. Chroniqueur gastronome sur France Inter, avec l’homme aux lunettes rondes dans l’émission « Ça se bouffe pas, ça se mange », Loïc apprend à « transmettre et appeler à la vigilance sur sa consommation. » Il collabore avec François Pêcheux, Julie Andrieu et Laurent Boyer avant que William Leymergie le contacte alors qu’il n’a que 25 ans.
En 2010, le voilà sur le petit écran dans l’émission « C’est au programme » avec Sophie Davant, puis Télématin, aux commandes du triporteur. L’émission gourmande est une aubaine, car d’aussi loin qu’il s’en souvienne, bercé par les tendres recettes de son enfance, Loïc Ballet a toujours été gourmet / gourmand. « Chez nous, c’était la grande messe à table » s’amuse-t-il. « On restait des heures autour d’un repas à déguster des râpés de pommes de terre, un pâté bourbonnais, (pommes de terre + crème). J’aime la cuisine au beurre, réconfortante et régressive. Je me souviens des recettes que me faisait ma nourrice que j’appelais Mamie Thérèse, une belle tarte à la moutarde et une délicieuse mousse au chocolat . »
Triporteur, les coulisses d’une émission
Son rêve, c’était le petit écran. Après avoir étudié l’histoire des Arts, puis avoir terminé l’École Supérieure de Journalisme de Lille, il apprend le b.a.-ba du métier à sa majorité, sur une chaîne de télévision locale (TL7) dans la Loire. Il intègre ensuite France 3, un tremplin. Mais avant cela, à 8 ans, il avait déjà été repéré par une troupe professionnelle pour monter sur scène. « Le théâtre m’a appris à placer ma voix, étudier ma posture et mes déplacements. Quand nous tournons face à un public, on peut jouer l’animation. »
En novembre dernier, Loïc Ballet s’est promené dans les rues d’Ammerschwihr sur son triporteur, avant de cuisiner avec Julien Binz une choucroute revisitée. « Je rencontrais souvent Julien à Paris, sur des événements avec des chefs et Christine Ferber m’avait parlé de sa cuisine. Alors j’avais envie de venir le découvrir », précise l’animateur. « Quand nous tournons une émission, j’aime venir la veille et j’essaie d’organiser un moment privilégié avec le chef et l’artisan, pour m’imprégner de leurs valeurs et de leur univers. Je me nourris de cette rencontre pour donner le ton de l’émission. »
« Il faut toute une journée de tournage pour réaliser une émission d’environ 5 minutes », mentionne Loïc Ballet venu avec son équipe. « Sans oublier en amont les préparations, caler les rendez-vous et recettes, et bien sûr le montage et la post-production. Le travail en coulisse prend sa pleine mesure en découvrant les « rush » (les images filmées) dont moins de 10% seront exploités au montage. En résumé, 8 heures de tournage, 2 heures d’images pour une chronique de 5 minutes. « C’est un peu frustrant, on voudrait toujours faire plus, mais ce sont les formats d’antenne. Deux heures ne sont pas de trop pour filmer une recette et parler du produit et de son territoire. Comme au cinéma, il peut y avoir trois ou quatre prises pour une même scène. En effet, un micro qui frotte au vêtement, une voiture qui passe, un téléphone qui sonne, une lumière qui décline, la pluie qui surgit, et on refait la scène. Vers 14h on traverse toute l’Alsace pour le second invité, l’artisan brasseur et on en profite pour délocaliser son bureau, viser ses mails, remplir son agenda, et publier sur les réseaux sociaux. Le saviez-vous ? Le triporteur voyage dans une fourgonnette, avec son chauffeur-réparateur privé. »
Une fois que « c’est dans la boite », direction Paris, pour monter en studio. Il y a un travail de visionnage avec une sélection des images que l’on garde, de celles que l’on coupe et l’histoire se construit au rythme des sons. Puis, c’est le jour J de l’émission. Loïc Ballet arrive dès 7h30 à France Télévision, esplanade Henri-de-France, pour un passage en direct vers 9h. Maquillage, derniers réglages, concentration et mise en scène de panier-produits pour 8 minutes d’antenne en direct. L’ambiance est détendue sur ce vaste plateau de TV, tandis qu’en régie, une dizaine de personnes veillent au bon déroulé, sous la direction du chef d’antenne.
Les techniciens incrustent par exemple des « synthés » (sous-titres, nom des invités), logos, diffusent la publicité, ou des jingles. Ils observent une pléthore de postes allumés, conducteur à la main. En effet, le programme est diffusé dans un timing respecté à la seconde près.
J’aime l’Alsace, ses gens et sa gastronomie
« Je découvre la Route des Vins, les marchés de Noël, notamment celui d’Obernai chez mes amis Nicolas et Serge de la Fourchette des Ducs, les belles winstubs avec leurs boiseries et plats du terroir. L’Alsace est une carte postale gourmande ». Parmi ses mets préférés, il cite volontiers une belle tarte flambée forestière, les dampfnudel, un baeckeoffe aux 3 viandes, les rognons et foie de veau, un gewurztraminer VT. Le kouglof glacé de Christine Ferber, le pain d’épice de Mireille Oster ou un baba au rhum le feront complètement craquer. Impressionné par les caves des Hospices Civils de Strasbourg, il serait ravi d’y organiser un repas caritatif. « Cet endroit est magnifique et inspirant », s’exclame-t-il. « Je me souviens aussi d’une dégustation chocolat et vin au domaine Freyburger à Ammerschwihr. Son premier tournage en Alsace était chez Hubert Maetz, lors d’un déjeuner en cuisine où il a rencontré Émile Jung. « Parmi mes belles découvertes, « La Rochette » à Labaroche. J’avais casté la famille Lanoix pour un tournage au sujet des Logis. C’est une entreprise familiale, dont le restaurant est «table distinguée ».
Mais si il y a une histoire qu’il aime conter, c’est lorsque le triporteur « s’est jeté » à l’eau, dans l’Ill précisément, depuis les berges d’une célèbre auberge.
« Je revois très bien la scène », raconte Loïc Ballet tout sourire. « Marco Baumann conduisait la barque qui promenait le triporteur. Le transfert sur les berges avec la complicité de Marc Haeberlin, ayant malencontreusement échoué, le triporteur, pesant une cinquantaine de kilos, tombe à l’eau », s’amuse Loïc qui revoit encore l’expression atterrée de « parrain » (ndlr Jean-Pierre Haeberlin), assistant impuissant à la scène. Cette anecdote fait partie des souvenirs qu’il aime se remémorer, des instants précieux, des rencontres et des moments partagés, faisant rimer émotion, convivialité et gastronomie.
Par Sandrine Kauffer-Binz
Crédit photos ©Sandrine Kauffer-Binz et L.B
L’épicerie de Loïc. B
7 Rue Sedaine
75011 Paris
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