L’hiver n’a pas encore dit son dernier mot. Quoiqu’il en soit, une de mes plantes sauvages fétiches va bientôt apparaître dans les sous-bois de notre plaine d’Alsace, si ce n’est pas déjà fait au 10 mars.
Vous le trouverez en abondance dans les sous-bois de la plaine d’Alsace, dans les Rieds d’Alsace, la Hardt, de Saint-Louis à Wissembourg, tout le long du Rhin et des principales rivières.
L’an dernier, j’ai senti ses puissantes odeurs avant de le voir, dans le minuscule bois à la sortie de la dernière station de Tram Robertsau…Je connais des stations montagnardes au dessus de Ribeauvillé, sous la Route des Crêtes vers le Grand Ballon et même au Valtin à plus de 900 mètres d’altitude. En saison, les forêts autour des grandes villes en sont envahies. L’ail des ours rivalise avec les primevères, les cardamines, les premières anémones Sylvie et les fragiles violettes. Malgré son abondance, elle n’est pas classée comme espèce invasive car elle disparait rapidement dès sa floraison achevée pour ne subsister qu’à l’état bulbaire. Les autres plantes peuvent alors lui succéder pour se partager les meilleures places au soleil.
Comme dans le cochon, dans l’ail des ours tout est bon!
Il y a trente ans, cette plante n’était quasiment pas récoltée. Aujourd’hui, elle figure au printemps sur les cartes des meilleurs restaurants de France et fait l’objet d’un commerce lucratif. J’ai vu il y quelques années un semi-remorque sur un parking publique de Cernay. Celui-ci attendait des ramasseurs d’ail des ours, payés au kilos. Une fois plein, le camion repartait en Bretagne pour que la cargaison, une fois traitée, nous reviennent aussi en Alsace, conditionnée, ou congelée hachée sous une célèbre marque d’herbes congelées.
LES FEUILLES: Fraiches, hachez-les pour agrémenter tous vos plats, viandes, légumes et poissons! Vous pouvez les surgeler, sous vide, c’est encore mieux. Séchées, les feuilles perdent leur finesse aillée au profit de l’odeur de tisane. Pour les conserver, faites-en un pistou. Je les passe au hachoir ou les mixe à l’aide d’un Robot-Coupe ou d’un cutter, j’ajoute un peu de sel et d’huile d’olive. Je conserve ainsi le pot deux mois au frigo. Après il fermente et acquiert des goûts que je n’aime plus. Vous pouvez aussi blanchir une partie des feuilles afin de garder la couleur. Pour avoir à disposition un pistou toute l’année, conservez-le au congélateur ou stérilisez-le dans les bocaux ordinaires. Et créer mille recettes tout au long de l’année.
Je réalise aussi un beurre: je mixe ensemble le même poids de beurre que de feuilles que je serre dans un papier alu à l’instar d’un beurre Maitre d’hôtel. Une fois froid, je le coupe en rondelles que je conserve au congélateur. Pratique pour tonifier une sauce, ajouter sur un pavé d’agneau…
LES PETIOLES : Même emploi que les boutons floraux. Emincés, il croquent sous la dent ajoutez-les crus dans des salades.
LES FLEURS : Pour décorer les plats ou préparées tels des pickles. En laissant une partie du pédoncule, trempez-les dans de la pâte à beignet ou à tempura, servez à l’apéro.
LES BULBES : Les préparations ainsi que leurs utilisations et leurs emplois sont identiques à l’ail commun.
Par Daniel Zenner