Lundi 18 Mars 2024, alors que se déroule à Tours, la cérémonie du guide Michelin, à Strassbourg, le salon Egast, met en scène la seconde édition du trophée Emile Jung et le lancement du livre de Monique Jung” Au Crocodile, une école de la vie”. Sous le patronnage de Monsieur Burrus, Maurice Roeckel a entrepris d’interviewer des anciens du Crocodile et quelques personnalités, dont il savait, proches de Monique et Emile Jung.
L’émotion fut à son comble lorsque Monique a pu lire certains passages. Qu’elle ne fut pas sa surprise, notamment d’apprendre comment Emile, avait appris la perte de la 3ème étoile et pourquoi il ne lui avait rien dit. Monique refait également le lien, avec le triste jour de son décès, le jour d’une cérémonie du guide rouge, également. La synchronicité des faits, laisse songeur.
Video : Monique Jung raconte la perte de la 3ème étoile Michelin
“Vous me voyez particulièrement émue à l’approche de la sortie du livre de la vie du Crocodile, la vie de notre couple, de tous nos collaborateurs et de toutes les personnes ayant participé et partagé notre histoire, depuis nos débuts. Les quelques mois de travail assidu pour rassembler un maximum de documents concernant un périple de 46 ans, ont été tour à tour, source de joie et de tristesse.
L’investissement exceptionnel de Maurice Roeckel, sa sensibilité, ses compétences, notre complicité sans nuage ont su exprimer, transmettre et donner du sens à ce qui a été l’âme du Crocodile. Tout est intimement lié à la pyramide de nos âges. Notre vie professionnelle se confondait avec notre vie privée comme dans une grande famille. Après le départ de mon chef de Mari, je suis devenue la mémoire des lieux. Sans l’acquisition de Monsieur Jean-Paul Burrus, amoureux de notre maison, dont il rêvait depuis fort longtemps, cet ouvrage n’aurait pas vu le jour. Il a su redonner au Crocodile, un nouveau lustre, de l’élégance et de la classe pour offrir un écrin digne d’une équipe, promise à régaler des gourmets en recherche du meilleur. Brillat Savarin a bien dit que « le plaisir de la table est de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les pays et de tous les jours ».
Cet ouvrage collectif est une mise en commun du travail de tous ceux qui ont contribué de loin ou de près à la notoriété, à la réussite, à la douce ambiance feutrée du saurien de la rue de l’Outre.
Celui qui connaît le passé peut assurer l’avenir.
Je vous invite à déguster dans quelques instants, les mots, en remuant les lèvres avec gourmandise, “conclut-elle, apprelant à ses cotés, Michel Fellmann, notre premier apprenti de l’Hostellerie Alsacienne en 1965 à Masevaux et Roland Schuster, notre premier apprenti au Crocodile à Strasbourg en 1971, puis tous les anciens du Crocodile, présents sur Egast pour une photo de famille.
Préface de Guillaume Gomez
“J’ai souvent eu l’occasion de le dire mais aurais-je fait cette carrière sans ma rencontre avec Émile, sans ma rencontre avec l’Alsace ? Bien sur que non”, s’exclame Guillaume Gomez, dans la préface. Monique et Émile Jung, le Crocodile, Maurice Roeckel, Strasbourg, ÉGAST. Pour moi tous sont liés… car je les ai tous rencontrés en même temps !
Mars 1998, je me rends à Strasbourg, après ma qualification, au Trophée National du Jeune Chef qui se déroule à ÉGAST. La première étape se passe bien, je dois revenir pour la finale. Émile est le président du concours et lors de ma victoire, c’est lui qui me remet mon trophée avec des éloges chaleureux comme il savait en dispenser. Et quelques jours plus tard me retrouver à sa table, mon premier trois étoiles, fut au-delà d’un immense plaisir. Tant gustatif, qu’amical.
C’est le début de mon histoire, d’un parcours dans les différents concours, jusqu’au titre d’Un des Meilleurs Ouvriers de France. Émile Jung, m’avait prédit une belle carrière et d’autres titres ce jour-là. Je lui rends souvent hommage et raconte que c’est ce premier rendez-vous avec la victoire qui m’a façonné et m’a donné envie de continuer dans la compétition. C’est toujours plus facile quand on gagne…
Alors, quand des années plus tard on m’a proposé de parrainer ÉGAST, j’ai de suite accepté. Quel plaisir et quel honneur de me trouver aux côtés du grand chef Marc Haeberlin pour co-parrainer le salon auquel je dois tant.
Le message et la volonté qu’Émile Jung avaient à transmettre son métier, sa pas- sion et une vision sur l’évolution du métier.Nous lui devons cela, les chefs alsaciens en particulier, et ils sont nombreux à être des grands chefs talentueux. Donner du temps aux jeunes générations, s’impliquer dans les concours comme il aimait le faire et transmettre le goût de ce territoire. Bravo et merci à celles et ceux qui ont eu l’idée de ce livre qui rend hommage à cet homme exceptionnel qu’était Émile Jung.
Merci à celles et ceux qui feront vivre ce livre et revivre le chef.
Guillaume Gomez
Si la cérémonie des distinctions du Michelin a éloigné d’Egast un grand nombre de chefs alsaciens, en espérance d’une étoile supplémentaire ou d’une autre récompense de la palette du bonhomme Bibendum, les organisateurs du trophée sont parvenus à réunir un aéropage de toques prestigieuses avec l’Association des Chefs des Chefs d’Etat, pour former un jury international inédit présidé par Jean Georges Klein justement désigné le plus alsacien des chefs lorrains.
Ma gratitude va aussi et surtout aux candidats et finalistes de ce concours qui se sont donnés la peine de s’inscrire à ce trophée, de s’y préparer, de confronter leur talent et leur savoir-faire, pour rendre ainsi le plus beau des hommages au grand chef disparu.
Emile considérait que le goût est une forme de toucher qui s’exprime dans le palais et confère à l’apprêt dégusté, une intimité exquise, dont nul autre sens ne peut se prévaloir. Cette intimité, vous avez tout fait aujourd’hui pour la révéler aux membres du jury et titiller ainsi leurs papilles aguerries. Charge à eux de discerner et distinguer ensuite celle ou celui d’entre vous qui aura su le mieux les surprendre, voire les émouvoir. A vous chers participants, qui êtes l’avenir de la restauration je tiens à transmettre un message qui est celui de la dame âgée que je suis mais qui continue de détenir, profondément enfouie dans son cœur, cette flamme vibrante qui l’anime encore et toujours quand tinte à son oreille les notes exquises de la cuisine et des arts de la table.
La valeur travail ne cessera jamais d’évoluer, ni d’exiger l’excellence . Tant que la passion vous animera, votre destin vous conduira vers la réussite, votre ultime récompense. Si ce n’est pas aujourd’hui ce sera demain, mais cela arrivera inéluctablement. Aimez, persévérez et vous parviendrez, soyez en assurés
J’ai été tellement heureuse d’être avec vous tous aujourd’hui, tant de choses ont été dites, vues, entendues, remémorées ou découvertes alors, avant que l’émotion ne m’étreigne, je vous dis simplement bravo et merci.