Danielle Haeberlin-Baumann ; une vie au service des autres. ©SandrineKauffer

Danielle Haeberlin-Baumann, une vie au service des autres.

Un article rédigé pour le magazine Le Chef et publié en 2016. C’est sur les berges de l’Ill dans le joli village d’Illhaeusern que Danielle Baumann-Haeberlin a grandi au cœur de l’effervescence d’un restaurant distingué depuis 49 ans de 3* Michelin. A l’accueil de l’établissement depuis 1983, elle voue une passion inconditionnelle à son «auberge», l’inscrit dans ses gênes, l’enracine dans son ADN. Après les disparitions de son père Paul et de son oncle Jean-Pierre, elle veille à la transmission de ce métier au service des autres. « Madame Danielle » comme l’appelle la brigade de l’auberge de l’Ill, assume pleinement les fonctions de chef d’entreprise. A l’écoute et bienveillante pour les clients et les employés, elle instaure avec son frère Marc Haeberlin une autre façon de diriger.

«Un collectif familial»

Née en 1962 à Colmar, son enfance fut bercée par l’amour des siens. Avec son Baccalauréat philosophie, elle se projetait dans des études théologiques, mais elle s’inscrit finalement au lycée hôtelier de Strasbourg après avoir rencontré Marco, son futur mari, alors cuisinier.

En 1983, elle décroche son BTS, se marie et intègre l’entreprise familiale. «Je n’ai connu que l’auberge, mais à chaque fois que j’avais été obligée de la quitter c’était comme mourir un peu. «Je l’aime, c’est mon sacerdoce», sourit-elle, «J’y ai grandi comme une petite princesse, chouchoutée, gâtée, pas matériellement, mais avec beaucoup d’amour. Papa m’admirait, quoi que je fasse».

le tableau photos réalisé par Jean-Pierre Haeberlin ©P. Morgenroth

Avec 7 ans d’écart avec Marc Haeberlin le chef de cuisine de l’auberge de l’Ill, elle s’exclame «Mon grand frère, c’était mon héros ! Je l’admire, c’est un artiste, il a un sens de l’humour incroyable, on rit beaucoup, nous sommes complices et complémentaires», reconnaît-elle. «Mes parents nous ont transmis les vraies valeurs, le sens du travail et de l’effort. A 13 ans je faisais la terrasse, cela m’amusait beaucoup !», se souvient-elle. «Quelques années plus tard, mon univers de jeu familial devient mon univers de travail aux cotés de ma maman Marie, mon papa Paul, mon parrain Jean-Pierre, mon frère Marc, et mon époux Marco».

Puis, Laetitia sa nièce, Salomé sa fille, Edouard son fils, Simon son gendre, Cathy sa belle fille, et Maxime et Xavier (les enfants d’Isabelle, l’épouse de Marc) renforcent ce qu’elle nomme «le collectif familial».

Danielle Baumann, Marie et Marc Haeberlin ©G.Villa
Le 10 mai 2008, Paul Haeberlin disparaît. «C’est ma première douleur, un arbre s’est déraciné. Je me devais de perpétuer la madeleine de Proust, l’histoire et la mémoire de notre famille. Je me souviens que Parrain avait fait réaliser un tableau de photos pour l’entretenir. Son départ en 2014 m’a davantage déstabilisée. J’ai réalisé toutes mes responsabilités envers nos clients et envers nos employés. J’avais du mal à me sentir légitime dans mon rôle de directrice de salle, mais je l’ai accepté. Aujourd’hui j’apprends à mes enfants qu’on gère l’auberge avec humilité et passion, avec patience et tempérance, en transformant doucement sans révolutionner. Je suis toujours anxieuse de bien faire et de rendre les gens heureux mais j’ai aussi appris que l’inquiétude pour le lendemain n’a aucun effet pour le lendemain, mais pollue le présent», conclut-elle avec sagesse.
de G à D debout Simon, Salomé, Cathy, Edouard, Maxime, Laetitia, CC et Xavier. Assis. Marco, Danielle, Marie, Marc et Isabelle ©G. Villa

Le plus beau métier du monde

En 2013, lors du Gault Millau Tour, Danielle Baumann se voit décerner le trophée de l’accueil. «J’ai toujours adoré accueillir, recevoir nos clients, chaque arrivée est un cadeau, je me nourris et m’enrichis de ces rencontres. J’ai toujours appris à mes enfants et à nos équipes le sens de l’autre, se mettre au service des autres. Donner et recevoir sont des vases communicants. Nous avons fait inscrire sur la tombe de papa ; «Par amour se mettre au service des uns et des autres». Cet engagement donne un sens à notre vie et le chef d’entreprise doit toujours montrer l’exemple, accepter de faire les petites taches aussi. Nous aimons nos employés comme nos enfants, je dis toujours que l’auberge me fait penser à l’arche de Noé, c’est une barque d’amour. Je veux plus que jamais transmettre ce message», martèle-t-elle avec douceur. C’est la raison pour laquelle les départs sont difficiles, c’est toujours un membre de la famille qui nous quitte», précise-t-elle, «parce qu’à L’auberge de l’Ill, on se sent en famille avec nos clients et nos employés».

Par Sandrine Kauffer

L’auberge-de-l’Ill.fr

Danielle Baumann entourée des Maitres-d’Hotel Alain Schoen (retraité) et Patrick Zuccholin ©G. Villa
Danielle Baumann et Jean-Pierre Haeberlin devant le portrait de M. Paul ©Th. Vallier