Le soleil perce enfin les brumes d’altitude qui s’évanouissent en langues vaporeuses. A l’orée du petit bois bordant le pré du bas, une plaque de neige subsiste. Les oiseaux ne se pressent plus pour fréquenter la mangeoire, trouvant probablement déjà dans la nature les insectes, vermisseaux et autres larves émergeant de leur sommeil hivernal. J’ai entendu ce matin le premier croassement d’une grenouille verte. Elle allait surement rejoindre comme ses congénères la mare d’eau la plus proche. Tôt le matin, mon faisan doré courtise ses deux dames en poussant des cris stridents.
Je viens de croquer les premières violettes odorantes au parfum envoutant.
Côté jardin, je récolte les premières pousses d’orties et déterre sans états d’âme à l’aide d’un pic, les racines profondes et solides du rumex aggloméré. Les tiges de ciboulette émergent à peine, je les laisse tranquilles…
J’ai oublié de vous dire, hier j’ai vu ma première abeille. J’étais vraiment heureux. L’an dernier, je les aies longuement attendues. Je regardais désespérément les fleurs épanouies de mes vénérables mirabelliers, visitées quelquefois par de rares bourdons bouffis ivres de nectar.
Pensez aux jeunes orties aux innombrables vertus. Elles contiennent deux fois plus de protéines que le soja et vous offrent les huit acides aminés essentiels que l’homme ne peut synthétiser. La recette de la soupe est connue de tous. Essayez d’accompagner un filet de poisson rôti sur sa peau avec un coulis d’ortie: mixez simplement les jeunes pousses blanchies avec un peu de sel et d’eau de cuisson puis ajoutez progressivement de l’huile d’olive ou un beurre noisette.
Par Daniel Zenner