Réunis le 1er octobre à l’Hostellerie des Châteaux à Ottrott, Objectif Climat, la Fédération des Chefs de cuisine Restaurateurs d’Alsace, le CEFPPA Adrien Zeller (Centre Européen de Formation et de Promotion Professionnelle par Alternance pour l’industrie hôtelière,) d’Illkirch et leurs partenaires ont présenté l’opération “Manger C’est Agir” avec la participation de plus de 80 restaurants Alsaciens qui proposeront des repas “sobres en carbone”.
L’opération va se dérouler tout le mois d’octobre, sous le parrainage du professeur PINGET, pour qui “Privilégier le faire soi-même ainsi que les aliments frais et de qualité, est une manière originale de préserver aussi bien notre écosystème que notre santé. Nous avons “désappris” à nos enfants à bien se nourrir en voulant gagner du temps. Il est important de prendre du temps, dans la préparation des plats et de placer le repas familial au cœur de nos priorités. Il demeure un moment important de tradition, de nutrition, du bien vivre ensemble et de partage.”
“Pour agir et manger des repas sobres en carbone” explique Jean-François WOLFF, Président d’Objectif Climat, “il faut choisir des produits locaux, de saison, frais (sans emballage ni transformés) et se limiter en viande, surtout bovine, réputée pour ses rejets nocifs de méthane”. Christophe Weber, le chef des travaux du CEFPPA à Illkirch mentionne le mouvement lancé en Angleterre par Paul McCartney, “meat free Mondays” (pas de viande le lundi).
“L’Alsace est la seule région de France à rejoindre Objectif Climat” souligne Bruno Jahn , directeur administratif du Groupement des hôteliers, restaurateurs et débitants de boisson du Bas-Rhin “Il y a chez nous un engagement important de la part des professionnels”.
Au CEFPPA à Illkirch, deux repas sobres en carbone et une conférence seront organisés pour les élèves. “Le lycée a un rôle dans la prévention” reconnait le chef des travaux. “Nous formons les futurs chefs de cuisine, nous voulons dès aujourd’hui les sensibiliser sur les choix qu’ils auront à faire dans leur métier, leur carte, le choix des produtis, ou des modes de cuisson”.
Josiane Sutter le rejoint sur ce point. “Le chef aimerait faire la tournée des producteurs et des paysans, mais il n’a pas le temps. Nous avons pourtant la volonté de bien faire, mais il faut nous donner des moyens humains”, soulignant l’importance “d’apporter à notre corps des bons produits nutritifs. Il faut amener l’excellence du goût, l’excellence de la nature dans nos assiettes”, lance-t-elle passionnément. De son côté, Pascal Schreiber, de la Bonne franquette dans la vallée de Villé bénéficie d’un bel emplacement et peut cultiver ses vergers, utilisés pour réaliser des mets sobres en carbone. Ainsi “le tartare épais de truite fumée du village, velouté au raifort d’Alsace, Elstar de notre verger” est un plat qu’il a à la carte de son restaurant toute l’année.
Le débat passionné s’est conclu par la priorité d’informer et de former, dès aujourd’hui les futures générations. “Il s’agit de faire appel au bon sens” souligne Christophe Weber “et de ne pas choisir par exemple une salade en sachet 5 fois plus chère, moins nutritive et certainement pas sobre en carbone”. “Ne passons pas à côté du bonheur de faire son marché” sourit Roger Bouhassoun. Alors pourquoi ne pas imaginer qu’un jour le rayon des fruits et légumes de nos grandes surfaces, soit la plate-forme de nos producteurs régionaux ? Le respect de la saisonnalité ne devrait-elle être légiférée par nos gouvernements, pour arbitrer la demande illégitime des consommateurs et freiner l’offre abusive des vendeurs ?
Par Sandrine Kauffer
Crédit photos ©SK