Dans un monde où le bien-manger s’est installé dans les habitudes, c’est aussi la tendance du « bien- boire ». La France est le deuxième pays qui consomme le plus de vin biologique au monde. Pourtant, dire d’un vin qu’il est « bio », ce n’est plus forcément suffisant. Dans cette dénomination, il existe trois sous-catégories : les vins biologiques, biodynamiques ou encore les vins natures. Citées dans un ordre croissant, il existe quelques subtilités.
Définition du vin nature
Depuis 2012, les vins biologiques bénéficient d’une réglementation européenne et donc d’un cahier des charges bien établi. Il est mentionné par exemple, que pour bénéficier de cette appellation, il faut respecter les principes de l’agriculture biologique, de la vigne à la cave. Autrement dit, sans pesticides, sans OGM ou encore sans engrais chimiques. Seuls des produits naturels peuvent être utilisés dans les vignes et dans le vin lors des vinifications ! Lorsque le vigneron souhaite aller plus loin, il prend le chemin d’une agriculture biodynamique, autrement dit, qui suit un calendrier lunaire pour respecter le rythme de la nature et utilise des préparations végétales (un peu comme de l’homéopathie) afin de booster la vigne et la nature pour « prévenir plutôt que guérir ».
Rencontre avec des producteurs de vin nature en Alsace
Produire du vin nature, c’est aller encore plus loin et laisser la nature faire sans y mettre son grain de sel. Chaque été en Alsace, l’Association des Vins Libres d’Alsace donne rendez-vous aux professionnels et particuliers pour déguster leurs cuvées par thème. En 2022, la D’Summer Fascht aura lieu à côté de Strasbourg, au centre culturel de l’Illiade le 10 et 11 juillet – Voir le programme ici.
Depuis 4 ans, des vignerons alsaciens ayant une même ligne de conduite se réunissent sous un même étendard, celui de l’AVLA (l’Association des Vins Libres d’Alsace). Ils sont déjà une cinquantaine de membres comme une « grande famille qui souhaite mettre en avant un état d’esprit et un art de vivre, nature » affirme Christian Binner, vigneron au Domaine Binner à Ammerschwihr et l’un des fondateurs de l’association. Ils se retrouvent autour d’un produit, mais surtout autour de valeurs communes et de tout ce qui peut être véhiculé autour.
Alors, c’est quoi un vin nature ? Jean Pierre Frick, vigneron « nature » depuis 1999 au Domaine Pierre Frick à Pfaffenheim, l’explique en une phrase. « Ces vins sont issus d’une viticulture biologique ou biodynamique, avec des rendements plus faibles au moment des vendanges, des sols aérés, des vendanges manuelles, pas de filtration des vins, aucun intrant lors de la vinification, car seul le soufre est accepté, à la hauteur maximale de 30 mg/l avant la mise en bouteille ».
Pourtant, force est de constater que ce n’est pas suffisant, car tout le monde ne parle pas que de vin nature… Chacun y va de son interprétation et vous entendrez sûrement, qu’un vin nature, c’est également un vin libre ou encore un vin naturel.
Jean-Baptiste Klein, Meilleur Ouvrier de France Sommellerie 2018 et chef sommelier de la Table d’Olivier Nasti au Chambard** à Kaysersberg, explique son ressenti : « J’aime parler de vin « naturel » car pour moi, lorsque l’on parle d’un vin nature, cela sous-entend un vin sans saveur, alors que c’est tout l’inverse. Ces vins sont stimulants pour moi, car ils permettent de vivre une dégustation, où l’on prend des risques. On navigue dans l’inconnu… Il n’y pas de triche possible avec un vin comme cela, car on n’y met rien dedans et on ne peut rien y retirer non plus. Ils expriment le véritable travail du vigneron après un an de culture. Je suis heureux de pouvoir participer à cette rencontre, qui laisse apparaître un réel esprit de solidarité entre tous ces vignerons. La dégustation se déroule par thème, ce qui permet de mettre tout le monde sur un pied d’égalité ».
Aurélie Fayolle, vigneronne au domaine Geschickt à Ammerschwihr témoigne, « nous souhaitons laisser la porte de notre groupe ouverte, les vignerons qui se joignent à nous, ne sont pas obligés de faire du 100 % nature. Même s’ils produisent une seule cuvée sans intrants, cela leur donne la possibilité de nous rejoindre” !
Par Margot Reinartz