La vignette à Koenigshoffen obtient le titre de Maitre-restaurateur

La vignette à Koenigshoffen obtient le titre de Maitre-restaurateur

Nous ne serons ni les premiers, ni les derniers à le clamer, le restaurant La Vignette à Koenigshoffen à Strasbourg, située sur la route des romains, est une adresse pleine de surprises !

Plus que jamais, référons-nous au proverbe français; ” Il ne faut pas se fier aux apparences” et allons au-delà des contenances, pour se focaliser à l’essence même de notre sujet et observer avec satisfecit que la réputation “semi-gastronomique” de la maison plus que centenaire, n’était point galvaudée. Bienvenue chez les indissociables Joëlle Haeflinger et Jean-Claude Tamayao.

Nous arrivons dans une belle concordance des temps pour souligner deux événements, qui engagent à bon escient, l’avenir du restaurant ; l’obtention du titre de maître-restaurateur à Jean-Claude Tamayao et l’arrivée d’un nouveau chef prometteur Sébastien Hopgood, qui, allant au-delà des promesses de son patronyme (ndlr Hopgood “bon espoir”) apporte des certitudes gourmandes. (lire aussi : à la table de Sébastien Hopgood).
La salle de restaurant, jadis une anciennne winstub du quartier depuis 1872, a fait place à une coquette salle de 25 couverts, bouleversée dans sa tradition, par une exposition temporaire, haute en couleur, en texture et en volume, des tableaux de l’artiste Nat’H’acha.

On se réjouit de rencontrer les responsables des lieux, deux autodidactes qui avec spontanéité racontent leur parcours atypique.

Quelle satisfaction pour Jean-Claude Tamayo, aujourd’hui titré de Maitre-Restaurateur, cuisinier passionné reconverti à ce métier par un concours de circonstances. “En 2001, je suis rentré de Madagascar et je me suis associé à mes cousins, la famille Perez, engagée dans plusieurs affaires en restauration. À un moment donné, nous avions 7 restaurants: 1 à Haguenau : l’Estaminet et 6 à Strasbourg ; Taverne des serruriers, Le Trolley, le diable bleu, la vignette, la taverne française, et la chambres des métiers.”

Diplômé d’une école de commerce et d’un cycle supérieur en Management, le patron de la Vignette, originaire de Valencia en Espagne, a travaillé pendant vingt années dans la grande distribution, dans le sud-ouest de la France, à la Réunion et à Madagascar. “Mais, je n’ai pas toujours été un cadre supérieur, j’ai commencé à travailler dans les travaux publics, comme ferrailleur” raconte-t-il, marquant un temps d’arrêt. “J’ai commencé comme manœuvre et j’ai fini chef de chantier avec toujours l’envie, d’apprendre, d’évoluer et d’obtenir des responsabilités. Si l’actuel cuisinier a passé son enfance en Ardèche, il rejoint l’Alsace dès l’âge de dix ans, d’abord à Marckolsheim, puis à Strasbourg à 14 ans.


“À l’époque, je rêvais déjà de gastronomie et de voyages. Je devais donc pouvoir les financer ce qui m’a encouragé à évoluer et ferrailleur, c’est un boulot “d’esclaves””. finit-il par lâcher. À force de volonté, combinant la dureté et la pénibilité des chantiers la journée et les études en soirée, il a concrétisé ses projets. En 1979, Jean-Claude Tamayo opère une première reconversion et intègre l’entreprise Castorama, d’abord en qualité de commercial. “Puis, j’y ai fait carrière et me suis formé en analyses financières”.

En 2006, les associés séparent leur route et Jean-Claude Tamayo, s’investit à la Vignette, opérant un véritable tournant dans sa gestion et son fonctionnement. Il sera rapidement rejoint par Joëlle Haeflinger sa compagne, qui interrompit ses études supérieures à Paris avouant “avoir attrapé le virus du métier”. Ils viennent de sceller leur vie personnelle et professionnelle, faisant fi de tout écart d’âge, affichant une belle complicité et complémentarité.

Pour Joëlle Haeflinger, force est de constater “qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années” (Pierre Corneille). La voilà devenue l’âme de la salle de la Vignette, avec une présence affable et remarquable, qui ne laisse nul indifférent.

Pouvant se targuer d’un joli parcours universitaire et en école supérieure, l’ancienne élève du lycée international Les Pontonniers à Strasbourg, peut se targuer d’avoir fait Khâgne et Hypokhâgne, et de décrocher une licence en histoire de l’Art à Paris-La Sorbonne, se prévalant modestement d’une admissibilité à l’ESSEC et HEC, “classées sans suite”.


“Je n’avais aucune prédestination pour cette profession, mais en 2006 après avoir passé tout l’été en salle pour aider Jean-Claude à la Vignette, j’y ai véritablement pris goût et je ne suis plus retournée à Paris” se souvient-elle. “J’ai accroché sur la réalité du métier” sourit celle qui se distingue par sa belle aisance et sa grande éloquence, lorsqu’il s’agit de présenter les plats avec verve et entrain et de commenter les accords mets/vins avec logorrhée et vocable quintessencié. On absorbe déjà ses paroles avant même d’en déguster le breuvage viticole.

“Je n’aurai jamais pensé qu’on puisse travailler ensemble avec une telle adéquation” reconnaît Jean-Claude Tamayo, visiblement ravi de l’avoir à ses cotés.


Ensemble, ils actionnent un second tournant à la Vignette en 2009, donnant un coup d’arrêt aux services de 130 couverts et plats du jour. “Nous avons fait un choix stratégique, celui de monter en gamme, en limitant le nombre de couverts à 25”. Déjà le nom du nouveau chef Sébastien Hopgood, qui venait en extra est cité. “Il m’avait déjà donné envie de faire évoluer la cuisine” se souvient le patron, aujourd’hui Maitre-restaurateur. C’est avec le chef Mickael Levy que la cuisine de la Vignette concrétisait cette première évolution (de 2009 à 2012) renforcée avec le retour de Sébastien Hopgood en mars dernier.

Venez les rencontrer le 8 mai prochain à l’occasion du “Double rendez-vous des saveurs” à Blienschwiller dans la cour des vignerons Jean-Marie et Hervé SOHLER, pour une dégustation autour des accord mets/vins

Par Sandrine Kauffer
Crédit photos ©SandrineKauffer
RESTAURANT LA VIGNETTE
78 ROUTE DES ROMAINS,
67200 STRASBOURG-KOENIGSHOFFEN
03 88 28 99 52.
www.lavignette.fr