La sauce béchamel, tout le monde connaît. Alors pourquoi une chronique sur celle-ci ?
Sa seule évocation fait naître en mon être, de doux souvenirs d’enfance, quand, dans le nid douillet familial, ma mère la cuisinait pour confectionner les lasagnes, farcir des bûches au fromage, recouvrir des choux-fleurs trop cuits ou réaliser un soufflé au jambon. La recette est simple : bouillir du lait frais, ajouter un mélange à quantité égale de farine et de beurre (roux blanc), assaisonner de sel, poivre du moulin et muscade râpée. Remettre sur feu puis cuire quelques instants.
J’en connais plusieurs, s’ils pouvaient lire ma prose, qui se retournerait dans leur tombe.
La sauce béchamel, qui porte aujourd’hui son nom, est en fait, le résultat du perfectionnement d’une sauce plus ancienne à base de crème, crée par François Pierre de La Varenne (1615-1678), cuisinier du marquis d’Uxelles. Ce dernier dédia son invention culinaire au noble Marquis de Béchameil pour obtenir probablement quelques faveurs, comme le faisaient souvent les cuisiniers envers la noblesse de l’époque. D’ailleurs, le duc d’Escars, un peu jaloux s’exprima en ces termes : “Est-il heureux, ce petit Béchameil ! J’avais fait servir des émincés de blancs de volaille à la crème plus de vingt ans avant qu’il fût au monde et, voyez, pourtant je n’ai jamais eu le bonheur de pouvoir donner mon nom à la plus petite sauce ! “
D’autres historiens supposent que cette sauce a été inventée par Philippe de Mornay (1549-1623), dans les années 1600. Celui-ci est également crédité d’avoir inventé la sauce qui porte son nom (une béchamel enrichie de fromages), la sauce lyonnaise, la sauce chasseur, et la sauce au porto. Quoiqu’il en soit, notre béchamel est bien connue et utilisée à la fin du XVIII siècle. Mais de quelle sauce s’agit-il ? Certains rares auteurs de l’époque en donnent des formules bien imprécises car les recettes se passaient de bouche à oreille et le rare lecteur, habituellement praticien, du moins érudit, était sensé connaître les proportions.
Qu’on se le dise ! Voilà la véritable recette de base qui porte ses lettres de noblesse !
Qu’en pense maintenant l’illustre Auguste Escoffier dans son “Guide Culinaire (1902)” ouvrage toujours d’actualité ?
Voilà qui est dit. Vous ne pouvez ignorer présentement ce qu’est cette sauce et le Marquis de la Béchameil peut maintenant reposer en paix !
Par Daniel Zenner