LEs épreuves qualificatives du 24ème Concours MOF “Un des Meilleurs Ouvriers de France”, classe “Cuisine-Gastronomie,” se sont déroulées les 23 et 24 novembre 2010, au Lycée Hôtelier Alexandre Dumas à Illkirch (67). 16 candidats (sur 20 inscrits) se sont présentés sur les deux journées et un seul abandon est à déplorer.
8 candidats sont arrivés encombrés de leurs marchandises, vérifiées à de multiples reprises pour être certifiées conformes. “On va contrôler votre frigo en fonction de votre bon d’économat ” les prévient Jean-Louis Steffen, fidèle aux rendez-vous de presque tous les concours, sollicité par les présidents du Jury pour son excellente organisation.
Après la vérification des identités, le tirage au sort de l’ordre de passages des candidats (à la demande du COET, ils ne seront jamais nommés) et le rappel des règles du concours, Guillaume Caboche leur indique la répartition et l’attribution des postes des travail.
“Vous vous présentez au concours “Un des Meilleurs Ouvriers de France” a déclaré le vice-Président de cette sélection régionale. “Le mot ouvrier a toute sa résonance en ces lieux et toutes ses lettres
de noblesse” proclame l’ancien chef étoilé du Crocodile.
“Quelque soit l’issue de ce concours, se lieront entre vous des liens d’amitié et d’humanité, un fort esprit de camaraderie. Je vous souhaite bon succès dans une épreuve qui permet de se mesurer d’abord à soi-même et ensuite aux autres.”
La seule candidate féminine qui s’est présentée à Illkirch approuve : ” Le concours MOF est avant tout un combat contre soi-même. Mon objectif était de faire cette demi-finale jusqu’au bout, sans être éliminée.” explique la candidate originaire de Lorraine. “J’ai été au bout de mon ambition personnelle et c’est pour l’instant l’essentiel.”
25 questions, distribuées en 5 chapitres fondamentaux, sont proposées sous forme de QCM (questionnaire à choix multiples) coché en 45 mn. Les 4 diapositives portent sur des questions d’hygiène et de sécurité : tenue vestimentaire règlementaire, rangement, livraison et conditionnement des produits en conformité.
Les 8 candidats ont fini avant le temps imparti “on sait ou on ne sait pas” déclare un candidat, visiblement satisfait. Cette partie écrite compte pour 20% de la note de l’épreuve qualificative.
Chaque candidat peut apporter quelques ustensiles personnels et doit avoir préparé, pesé et conditionné tous les ingrédients nécessaires à la réalisation des deux recettes. “Les ingrédients doivent impérativement être présentés à l’état brut, ni épluchés, ni cuits, ni blanchis, ni parés, sauf ceux autorisés dans les recettes” nous explique Jean-Louis Steffen. “C’est impératif que le candidat respecte son bon d’économat.”
Muni de son équipement et de son commis, le candidat entre enfin en cuisine. Pour certains, le temps d’attente en loge a été interminable. À chacun sa manière de le gérer, micro-sommeil pour les uns, crise d’anxiété pour les autres.
Le ballet des toques peut commencer. Elles s’activent, courent, s’entrecroisent, s’entrechoquent. Ca vibre, ça coupe, ça tranche, ça braise.
On sent la tension, l’intense concentration des chefs. Les fronts sont plissées, la sueur perle, les commis sont briefés pour apporter une aide optimisée.
“Je suis chef d’entreprise” nous raconte-t-il dépité. “Je n’ai pas pu fermer mon établissement pour m’entrainer ou me reposer. J’ai du faire face en priorité aux réalités économiques de mon restaurant.”
Candidat n°1, il vous reste 3mn pour envoyer sans pénalité” l’avertit le juré Thony Billon.
Sur une moyenne d’âge de 35-40 ans, pour la plupart, c’est leur 2eme ou 3eme participation aux épreuves qualificatives.
De tous les concours, le MOF est le plus formateur, reconnaît-il épuisé, mais ravi d’avoir tout donné.
“On y va ! Il faut envoyer !” La tension est à son paroxysme. Le dressage est précipité mais les précieuses secondes feront défaut au candidat malheureux. “5 mn après l’heure de présentation, le temps est dépassé, vous ne serez pas noté sur ce plat ” déclare Olivier Nasti.
Le plat part néanmoins en salle de dégustation, pour être présenté au Jury mais il ne sera ni goûté, ni jugé. “C’est terminé ” et le candidat le sait … Ambiance consternée. Tous les observateurs sont émotionnellement concernés. “C’est une aventure humaine dont on ne sort pas indemne en tant que membre du Jury” explique Jean-Louis Steffen.
Plus rare, le dernier candidat de la journée a réussi l’exploit de finir 15mn en avance, sans avoir pour autant le droit d’envoyer. Autre souci technique : garder le plat au chaud sans que la cuisson ne se poursuive et ne dessèche le carrelet. Le candidat lorrain, qui s’est formé au Cerf à Marlenheim, chez Alain Ducasse ou encore à la Grande Cascade à Paris, travaille dans un établissement 5 étoiles qui vient d’ouvrir au Luxembourg au mois de mars 2010. “C’est ma 3ème participation. En 2004, j’ai accédé à la finale, mais à chaque fois tout est remis en question”.
Pâtissière primée dans un bel établissement parisien, la candidate originaire de Lorraine valorise également une formation de cuisinière (CAP-BEP-Brevet professionnel). “J’ai travaillé 6 ans à l’Arnsbourg (3 étoiles Michelin à Baerenthal) avec Jean-Georges Klein” nous précise-t-elle. “Préparer le MOF cuisine est un rêve. Coachée par mon chef et par ses deux seconds, cela fait quinze jours que je m’entraine. Je suis contente d’être allée au bout sans être éliminée.”
Tour à tour les candidats rejoignent la loge après avoir envoyé les deux plats. Ils doivent attendre le passage du dernier pour quitter le centre d’examen. Épuisés, apaisés, fiers pour la plupart d’entre eux, sceptique mais heureux d’avoir relevé le défi, ils promettent de revenir à la prochaine session, jusqu’à l’obtention du titre si prestigieux.
Les résultats se feront connaître lors des fêtes de Noel et la finale aura lieu en mai 2011 à Marseille.