C’est avec beaucoup de tristesse que nous vous annonçons le décès de Marco Arbeit, de l’auberge Saint-Laurent à Sierentz, qui nous a quittés dimanche matin, le 8 septembre 2019.
Les obsèques auront lieu cette semaine le jeudi 12 septembre 2019 à 14h30 à l’église du village juste en face du restaurant L’auberge Saint-Laurent à Sierentz (68)
Les professionnels sont invités à venir en veste blanche de cuisiniers
Mais, le sort en a décidé autrement, il s’en est allé dimanche au petit matin, «digne, beau, en jeans et chemise à carreaux légèrement entre-ouverte, il avait bonne mine. Même dans cet instant, mon père avait la classe ! », sourit Laurent, son fils.
Combattif, toujours optimiste, il ne s’apitoyait jamais », confie Laurent. « Il est mort « debout !».
« C’était un bon vivant, un boute-en-train », témoigne Fernand Mischler, qui prendra la parole jeudi. « C’est un ami qui est parti. Avec lui, c’étaient les copains d’abord. Il avait du panache, il aimait la vie, toujours optimiste, même face à la maladie. Il s’était relevé d’un grave accident de voiture qui l’avait laissé pour mort en 1972, d’un malaise cardiaque en 1981 et d’un triple pontage du cœur dans les années 2010. Il semblait à toute épreuve».
Marco Arbeit, portait parfaitement son patronyme. Bâtisseur et entrepreneur, il fourmillait d’anecdotes sur les travaux qu’il pouvait décider, quasiment au pied levé. Il aimait raconter qu’il avait agrandi sa cuisine en 15 jours, au lieu de partir en vacances. Ses yeux brillaient malicieusement à l’évocation de ces souvenirs. Hyperactif, il cassait, démolissait, agrandissait et surtout reconstruisait, souvent après les heures de services. Le travail ne lui faisait pas peur, bien au contraire
En 1972, ils cèdent le fonds de commerce aux enfants et demandent à Marco d’en prendre la gérance. Il avait seulement 20 ans et à l’époque ils ont dû l’émanciper pour prendre ces responsabilités Ni l’incendie en 1977, ni son grave accident de voiture le 21 juin 1977, ne viennent à bout de sa pugnacité. Plongé dans un coma profond pendant 15 jours, avec de multiples fractures au crâne et des lésions au poumon, il fut diagnostiqué “mort cliniquement”.
Sans doute depuis ce jour, qu’est née sa conviction “d’indestructibilité.”
En 1982, Anne et Marco Arbeit rachètent l’auberge Saint-Laurent. Le restaurant complète son offre d’un hôtel et décroche une étoile au guide Michelin en 2000.
Le duo père-fils va se former en cuisine dans les années 2010.
De retour du Louis XV à Monaco, Laurent prend conscience de la difficulté d’être restaurateur en plus d’être cuisinier. «De ce jour, j’ai eu un autre regard sur le travail de mon père. J’étais très admiratif, et même impressionné par tout le travail qu’il était capable de fournir », confiait-il.
« J’ai perdu un patron, mais j’ai aussi perdu un père », confie Régis Bel. « J’ai passé beaucoup de temps en cuisine avec Marco et comme ma famille était loin, Anne et Marco m’ont beaucoup aidé, mon beaucoup appris aussi dans la vie. En cuisine, certains jours, Marco était comme une tornade, il pouvait pousser des coups de gueule, mais il était toujours juste avec nous. Ca filait droit, il aimait le travail bien fait et la régularité. Et puis il était généreux, dans la vie comme dans sa cuisine. Il disait toujours, « rajoute de la sauce, met plus de sauce », la fameuse « white sauce », sourit Régis (sauce blanche du poisson). Il m’a transmis les valeurs du partage et de la générosité. La famille Arbeit m’a toujours donné beaucoup d’amour”.
Témoin de 25 ans d’évolution culinaire, Régis se souvient du mythique sandre et sa fondue de poireaux avec la fameuse sauce « White », le panaché de poissons, ou encore le filet mignon de porc en croûte, sauce aux champignons. Bien sûr, le chasseur qu’était Marco préparait le chevreuil en filet ou en civet, servi avec une belle sauce et des spatzlés.
Régis s’attriste, il ne lui préparera plus son tartare de bœuf bien relevé avec un supplément d’anchois. Il aimait la crème caramel, le mille-feuille et pour lui faire plaisir, on pouvait lui offrir un St-Honoré de chez Jacques à Mulhouse. Son foie gras de canard et confit de choucroute, lui est resté fidèle sur la carte de l’auberge St-Laurent, victime de son succès
Par Sandrine Kauffer-Binz
crédit photos ©Sandrine Kauffer-Binz ©A. Mantzer, ©Etoiles d’Alsace ©Bis & For