Ça va Saigner ! 2/2 par Daniel Zenner

C’est la suite et fin. Lire avant si ce n’est déjà faire la première partie en CLIQUANT ICI

Ouvrons les yeux : L’homme est un loup pour l’homme. Enfant, ses parents lui achetaient autrefois des soldats de plomb, des armes en bois, des chars en métal. Aujourd’hui, ce sont des armes sophistiquées en plastique et pire : des jeux vidéos, des plays-stations où il faut tuer le plus efficacement et le plus rapidement possible un maximum de gens. Des gamins deviennent militaires pour apprendre les métiers liés à “l’art” de la guerre, cette passion qui nourrit l’homme depuis des milliers d’années. Regardez l’histoire. Il y a actuellement plus de soixante foyers de guerre dans le monde. La France est un des principaux producteurs d’armes. Il n’y a pas si longtemps notre beau pays pacifique était leader sur le marché mondial de la production de mines antipersonnel, ces engins qui tuent ou handicapent encore aujourd’hui des milliers d’enfants dans le monde. Et dans l’Ouest de la France, on a vu les employés défiler et manifester quant à la fermeture de leur usine de mines antipersonnel. On nage dans le burlesque.

L 214, devenir végétarien ne changera pas le monde.

On construit des monuments à la gloire de nos soldats, on leur donne des médailles, on leur organise des réceptions. Coluche disait qu’on faisait de la publicité à la guerre. Cavanna pensait à propos des défilés militaires que l’espèce humaine est la seule qui applaudit devant les moyens de sa propre destruction.
L 214, on est mal barré. La testostérone règne en maître, comme chez nos frères mammifères que nous élevons et mangeons. Notre cerveau reptilien fonctionne encore parfaitement bien chez les humains qui ne se donnent pas les moyens de réfléchir. Mettez deux coqs ensemble ou deux lions mâles adultes. S’ils possédaient l’arme nucléaire, ils se finiraient bien aux atomes. Bien que dans le règne dit animal, habituellement le plus faible se barre en courant et le gagnant n’ira pas le poursuivre. Seul l’humain le combattra jusqu’à la mort.

L 214, vous jouez sur un terrain facile: celui de la mort, dont l’homme ne veut pas entendre parler. Autrefois dans les villes, le bourreau habitait hors de la ville. On le craignait mais on le respectait. Aujourd’hui, les abattoirs sont construits en périphérie de nos villes. On relègue le plus loin possible ces endroits dans lesquels des gens s’occupent pour nous, de donner délibérément la mort. Le consommateur, grâce à vous, prend conscience devant sa tranche de jambon, devant sa côte de bœuf suintante installée dans un cercueil en polystyrène blanc recouvert d’un film plastique transparent, devant sa merguez d’un barbecue d’été ou son poulet-frites du dimanche, que des gens ont produit cette viande, que d’autres ont dû abattre l’animal.

Oui, L 214 vos campagnes sont faciles car 99 % des Français ne peuvent pas voir une vidéo de la mise à mort réussie des animaux dans des abattoirs. Moi-même qui tue un cochon par an au merlin, je ne peux supporter de visionner l’abattage réussi d’un cheval et sa saignée. Alors, l’abattage raté d’une jument, je ne peux même pas l’imaginer! Mon ânesse et mes deux chevaux mourront dans leur écurie, peut-être dans un pré, assistés par un vétérinaire qui, par une piqûre, les endormira à jamais.

Presque personne ne peut rester insensible à la mise à mort intentionnelle d’animaux. Et cela vous le savez. Vous profitez de cet état de fait pour vendre les produits de votre boutique, votre propagande affichée végétarien et surtout conforter sa filiale intégriste: le courant de mode vegan.

Je connais un couple, qui est devenu, après avoir vu une de vos vidéos, végétariens. Les hypocrites! 33 ans pendant lesquels ils n’ont pas cherché à savoir d’où provenaient leurs produits carnés… Et pendant tout ce temps, ils ont laissé œuvrer les tueurs à leur place! Mais, rassurez-vous, dernièrement ils ont craqué devant une de mes blanquettes de veau à l’ancienne!

L 214, vous avez fait deux adeptes opportuniste du végétarisme et c’est tant mieux pour le bilan carbone. On mange trop de viandes, surtout trop de mauvaises viandes.

Mangez moins de viandes, mais de la bonne dont vous connaissez la provenance, les conditions d’élevage. Encouragez l’économie locale, les circuits courts, les réseaux “Bienvenue à la Ferme”, allez sur les marchés de vos villes et villages à la rencontre de ceux qui élèvent les animaux dans le respect du bien être animal, faite confiance à votre boucher-charcutier, car cet artisan connaît la provenance des viandes, et le steak haché, il le fera devant vous. Boycottez tous les produits industriels issus du bizness de la barbaque. Par votre acte d’achat, vous pouvez changer les choses.

Devenir végétarien ne fait que déplacer le problème car il faut tuer pour survivre, un animal ou un végétal, c’est presque pareil. SeulS les végétaux savent fabriquer les protéines, dont nous avons besoin pour vivre. Dans mon jardin, je plante des salades, autrement dit, je leur donne la vie en semant des graines. Je soigne ma salade pendant plusieurs semaines. Je la regarde vivre, s’épanouir mais un jour, délibérément, avant qu’elle ne puisse se reproduire, je choisirai de la tuer. D’un coup net, à l’aide d’un couteau, je trancherai sa base. Un sang blanc s’échappera, ce latex qui remplit presque les mêmes fonctions vitales que le sang pour un animal. Ma salade a respiré, s’est alimentée, a puisé dans le sol les substances nécessaires à sa vie. Elle a bu, excrémenté à sa façon en dégageant du gaz carbonique. Maintenant je dois la manger crue, sans anesthésie, sans étourdissement, elle est encore vivante. Qui vous dit que ma salade n’a pas souffert? On sait que les arbres communiquent entres eux, par phéromones et autres substances chimiques complexes. En Afrique, les acacias se préviennent mutuellement de l’arrivée des troupeaux de girafes. Un jour, vous verrez, il faudra des abattoirs agréés pour la tuerie des salades. Et nous devrons, par respect de la vie végétale ne les consommer que cuites et non plus encore vivantes. Une carotte ou un radis hors du sol continuent de vivre: ils développent des feuilles basales. Quand je pense qu’on les épluche à vif, qu’on les râpe crus, qu’on les pulvérise vivant dans la centrifugeuse…

Où en est-on du respect de la vie végétale?

Je me sens coupable de biner ou de gratter ma terre avant de planter mes graines car je détruis des millions de bactéries. Je tue des centaines d’espèces qui habitent, vivent et prospèrent dans la couche d’humus nourricier: la micro-faune. Je dois tuer pour vivre, tel est mon triste sort. Amis vegan, vous êtes tous une bande d’hypocrites, car vous ne devriez pas manger de végétaux qui ont poussé sur un compost animal ou végétal car celui-ci est issu de la mort et de la transformation du vivant. Il ne vous reste plus qu’à bouffer les fraises d’Espagne cultivées hors sol à l’aide d’intrants chimiques, de vous gaver de poivrons et de concombres produits sous serres, et de vous nourrir de tofu au soja transgénique. Et surtout, culpabilisez devant vos graines germées car à ce stade elles regorgent de vie. Vous les sacrifiez vivantes au stade embryonnaire!

Dernier point sur le scandale des abattoirs. L’abattage rituel casher ou halal est pratiqué couramment en France. Par tradition religieuse, les animaux doivent être conscients pendant la saignée. Ils doivent, par pure connerie religieuse, souffrir, n’être pas étourdis mais bien conscients sur ce qui se passe. L 214 fustige dans sa dernière vidéo l’arrivée sur la chaîne de saignée d’un agneau à moitié étourdi. Mais pas un mot sur le rituel casher ou halal.

Il est vrai que le sujet est très sensible. Moi-même je ne me risquerai pas à en parler, comme par exemple affirmer qu’il existe en Europe des réglementations précises interdisant ce type d’abattage sans étourdissements. Vous pouvez les consulter sur de nombreux sites en tapant sur vos moteurs de recherches: réglementations abattage Europe. C’est édifiant, car pour continuer à abattre les animaux sans étourdissement, il suffit que l’abattoir dispose d’une dérogation, dont vous pourrez facilement constater l’hypocrisie, par exemple dans l’Arrêté du 27 septembre 2013, la note de service DGAL/SDSSA/SDSPA/N2012-8182 du 22 août 2012, de la circulaire DGER/SDPOFF/C2012-2009 du 23 août 2012. Et j’en passe. Les abattages rituels continuent. Même encadrés administrativement, légalement, les bêtes sont saignées conscientes.

Après la diffusion des dernières vidéos de L 214, certains abattoirs fermés ont réouverts: le bizness reprend. Notre ministre de l’agriculture a annoncé hier, que tous les abattoirs Français seraient inspectés en un mois. Des milliers de fonctionnaires vont donc inspecter, établir des rapports et dormir dessus. Rien ne changera, surtout pas l’étiquetage des viandes sur la provenance de celles-ci, exigé par le consommateur après les scandales de la vache folle, de la tremblante du mouton et de la viande de cheval dans les steaks hachés, les raviolis et les lasagnes pur bœuf. Lire à ce sujet l’article sur l’étiquetage des viandes dans le dernier numéro de “Que Choisir” (Avril 2016, n° 546, page 13).

Rien ne changera non plus à propos des rituels casher ou halal pour plusieurs raisons que je n’exposerais pas ici, car le sujet est délicat. La première raison est liée aux dizaines de milliers d’emplois directs et indirects de la filière, aux bénéfices colossaux engrangés par les gros bidochards et les grossistes, et au passage, par les nombreuse taxes qui viennent grossir le trésor public. Notre ministre ne bougera pas.

La deuxième raison dont je ne dirais rien ici est simplement d’ordre coutumier et économique. Le Français veut du filet, des steaks, du faux-filet, de la côte de bœuf. On cuisine de moins en moins la daube ou le pot au feu. On passe de moins en moins de temps en cuisine pour préparer le repas familial. La femme juive ou maghrébine cuisinera plutôt la poitrine, l’épaule, le collier et préférera une basse-côte à une côte première. Et cet état de fait, dont je vous rappelle je ne dirais rien ici, arrange tout le monde car nous achetons sans en être informé des morceaux de première catégorie, ceux à griller, sacrifiés halal ou casher, que les grossistes achètent à bon prix. Les abattages rituels nous fournissent les morceaux dont nous avons besoin, ceux que nous consommons le plus!
Pour info, en France (source OABA), sont abattus rituellement: 28% des gros bovins, 42% des veaux et 62% des ovins! Cherchez les sept erreurs!

Imaginer maintenant qu’un étiquetage sur la provenance et le type d’abatage (rituel ou non ) soit obligatoire. Aucun ministre ne prendra le risque de le faire! Car la plupart des Français refuseraient d’acheter, et donc de cautionner, la saignée consciente des animaux de boucherie. Toute la filière de production ovine, caprine et bovine ainsi que les grands groupes appartenant aux grands bidochards s’écrouleraient comme un château de cartes. Seule la filière porcine, en sursis, pourrait tirer son épingle du jeu.

Ce matin, j’ai encore attrapé deux mignonnes souris sur mes deux tapettes Lucifer en bois. Qu’elles étaient belles, avec leurs mignonnes oreilles toutes douces. Leurs dents s’agrippaient encore au morceau de lard. Un filet de sang séché s’échappait de leur bouche. Elles bouffaient les câbles électriques, pouvant provoquer un incendie. Ce furent elles ou moi.
Bon, je vous laisse car j’ai préparé un Baekaoffa réalisé avec du collier de bœuf de Georges, de l’épaule de porc bio de la ferme Laurent et du mouton bio de la ferme des Embètsches. Et des patates de mon jardin, le tout avec une salade, encore bien vivante!

Par Daniel Zenner

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