A la table de Jean-Marc Kieny à Riedisheim

Jean-Marc Kieny est le chef de l’année de Gilles Pudlowski et trône en tête de son Palmarès dans le PUDLO Alsace 2013. Retour chez Mariella et Jean-Marc Kieny, qui ont fait l’objet de cet article l’an dernier. Dans cette belle maison, où l’art culinaire est perpétué depuis six générations, Jean-Marc Kieny, au fourneau de sa toute nouvelle cuisine, assoit la renommée gastronomique du restaurant “Poste” Kieny, la hissant durablement parmi les meilleures tables de la région.

Inspiré par de grands chefs, maîtrisant les acquis, développant toujours et encore les innés, cherchant la connaissance des techniques culinaires par l’ouverture d’esprit et la quête constante d’évolution, se remettant en question, partageant ses émotions entre le terroir et l’innovation, on retourne s’attabler chez “JMK” avec la certitude d’être toujours et encore surpris.

“Cela fait une dizaine d’années que j’ai vraiment mon style” reconnaît le chef prenant place devant son piano, fidèle compagnon. Il s’aventure dans des tapas alsaciens gastronomiques, fait la part belle aux poissons, épices, touches exotiques et senteurs venues d’ailleurs, toujours par finalisées par une touche personnelle; la sobriété.

Mariella Kieny, son alter égo en salle, gère une carte des vins comprenant 500 références
“La simplicité reste le b.a.-ba du métier” soutient celui qui présente des assiettes d’une composition sobre et épurée. “Je n’aime pas les fioritures, il suffit d’un bon produit, d’une touche d’originalité, un peu de Pep’s dans la tradition pour retranscrire le goût d’une cuisine vraie, lisible et goûteuse, en toute simplicité.”

Philosophe, Jean-Marc Kieny (JMK) réalise une cuisine d’auteur, maniant le verbe et les mots aussi joliment que la casserole et le couteau. Définition toute personnelle de sa proposition ; “Pour construitre l’avenir de la cuisine, il faut savoir prendre le meilleur du passé, garantir la tradition en l’adaptant à notre temps, pour que le plaisir du bien manger demeure.” Qu’il en soit ainsi !

À la carte, le chef propose une cuisine française, à la fois régionale et classique, subtilement rehaussée de note méridionale et asiatique, pointée d’Italie soulignant ses origines maternelles, tel un artiste impressionniste.

Une brigade de 6 personnes, menée par deux piliers, Guillaume Breta son second présent depuis 10 ans et Arnaud MEREGNANI. Ensemble, ils concoctent deux cartes, une verte pour l’été et une rouge pour l’hiver “On fait tout maison, sauf le pain”.

Que se soit le menu K (Besenwal ou Thierstein) ou la tentation gourmande, le chef livre sa personnalité en révélant à travers chaque création, son identité culinaire, fondé sur l’équilibre et les saveurs sincères. Sur la carte des plats signatures pièce de veau et sa bolognaise de homard, les tapas Alsaciens, le backaoffa de homard au safran sont devenus incontournables.

Prenez place à la table de Mariella et Jean-Marc Kieny, amicalement en lieu et place de la stammtish

Le premier amuse-bouche est un assortiment composé d’un tartare de tomates cœur de boeuf coiffé d’un sorbet au thym, d’un blinis à la gentiane et anguille fumée, d’un croustillant choucroute, saumon et wasabi et enfin une brochette de cannette à l’abricot.

Dès les amuse-bouche, la première rencontre gustative avec JMK décline sa personnalité culinaire, puisque la méditerranée, l’Alsace ” relookée” et le sucré-salé se sont d’ores et déjà exprimés.

Le second amuse-bouche : les moules de Bouchot, bouillon crémeux safrané, émulsion mozzarella, courgettes, et ses petits croutons, illustre parfaitement le mariage éternellement heureux des moules et des extraits floraux de la crocus sativus (safran).

A gauche ; le froid avec le cube de foie gras, surmonté d’un macaron échalote, réduction de vinaigre balsamique, à gauche, le chaud et son carpaccio de betteraves, foie poêlé et beignets aux pommes.A nouveau alliance certaine de la pomme et de la betterave, qui aiment se retrouver pour s’équilibrer, y compris dans les textures, qui confrontent la douceur et le croquant. Le beignet de pomme est d’une belle originalité, et le visuel est sublimé par une betterave quasi translucide, pleine de fraicheur et de saveur. On accompagne ce duo de foie gras en chaud-froid d’un Pinot gris, de la maison Paul Buecher à Wettolsheim.
Filet de bar roti, déposé sur une poêlée de girolles et chorizo, et jus de viande, surmonté d’une caponatta et en touche finale, lamelle de Parmesan. Ni la puissance des saveurs, ni la force du jus de viande ne portent ombrage à la délicatesse du bar.

Petites langoustines, baignées dans un bouillon thai à la citronnelle et mangues fraiches, copeaux de menthe, rafraîchissent le palais sur une note exotique.

Mariella Kieny conseille sur ses deux plats l’accord avec un Grand Vin de Bourgogne, un château de Chamirey, Mercurey blanc, domaine des héritiers de Jouennes d’Herville en 2005 ( Cépage Chardonnay).

La pièce de veau de lait, surmontée d’une bolognaise de homard, Gnocchis façon grand-mère, asperges, et son jus concentré au vinaigre balsamique est un des classiques de la carte de JMK, né en 2008 et revisité au gré des saisons et des envies. Marié avec un Givry 2009, domaine de la Ferté, la Bourgogne est la région viticole partenaire de la soirée.
Le pré-dessert rafraichit avec son sorbet frisson passion, chantilly, gelée de caramel et crème vanillée.
En dessert l’aérien soufflé au fromage blanc, semble flotter avec légèreté comme pour narguer son socle de soupe de fraises.

Les mignardises et café concluent le menu tentation en toute beauté

Par Sandrine Kauffer

Crédit Photos ©JulienBinz