Pass vaccinal : Loisirs et restauration, une récompense à la vaccination

Article réactualisé le 6 janvier 2022

Le pass vaccinal a été adopté par les députés de l’Assemblée nationale en première lecture, avec en toile de fond, une polémique présidentielle. Si le chef de l’Etat a envie “d’emmerder” les non-vaccinés, la profession, quant-à elle va devoir “enquiquiner ” ses clients et employés. Les débats parlementaires ont mis en exergue nos propos (lire ci-dessous): la triple vaccination ne change rien à la situation de 2020, sauf -à priori-, un confinement. Le bénéfice-risque économique semble donc satisfaisant. Reste la pandémie des cas-contacts des collaborateurs, absents de 7 à 14 jours dans les entreprises, à charge cette fois de l’assurance-maladie au lieu de l’assurance-chômage.

Comment gérer les réservations et les plannings ? Et comment éviter le préjudice économique des annulations des réservations, qui émanent aussi des clients. 

29 décembre 2021

Pour avoir droit aux loisirs et aux plaisirs, le Français doit s’acquitter de la “taxe vaccination”. Cette même taxe est jugée inutile pour les activités quotidiennes de la vie courante : travailler, chercher ses enfants à l’école, ou faire ses courses, car elles semblent “indemnes” de risques de contamination. 

Est-ce une approche intelligible d’un appel à la responsabilisation civique ? Pas de vaccin: pas de loisir ? Les services du CHRD (Café-Hôtel, Restaurant-Discothèque) seraient-ils alors une motivation (carotte), voire une récompense au droit de se divertir ? ou comme le 12 juillet 2021, une condition pour offrir des vacances à sa famille ? Finalement un ouvrier au smic, sans enfant, qui n’a pas le budget pour aller au cinéma, au restaurant, à la salle de sport, au théâtre, ou partir en voyage, quand sera-t-il motivé pour aller se faire vacciner ? Un profil socio-économique a t-il été identifié chez les non vaccinés ? 

A force de règlementer des injustices, le gouvernement suscite l’indignation. A force de manquer de fiabilité et de cohérence, l’État se discrédite compromettant son autorité. A force d’infantiliser et d’apeurer une population, les politiques génèrent de graves tensions. Démonstration.

Le covid ne connaît pas la trêve des confiseurs. A force d’avoir multiplié les recommandations à se tester pour les fêtes de famille, inévitablement les chiffres des cas positifs et cas contacts ont explosé avec un record de 208 000 nouveaux cas en 24h, ouvrant une voie royale à l’adoption du pass vaccinal. Auditionné devant l’Assemblée Nationale ce jour le mercredi 29 décembre, Olivier Veran, le ministre de la santé, estime qu’un million de français serait positif au coronavirus, prolongeant son estimation à 10% de la population, qui serait cas contact”

Ainsi, le pass sanitaire qui «ne devait jamais entrer en vigueur », s’apprête à muter en pass vaccinal, réduisant le délais à 3 mois pour se faire injecter la 3ème dose. La 4ème et la 5ème se profilant rapidement à l’horizon, de manière virale. Le champ des lieux d’application du pass sanitaire se transpose au pass vaccinal, mais excluant les tests négatifs. Les tests seront obligatoirement associés à 1 ou 2 doses  pour valider le pass vaccinal. On espère qu’ils vont redevenir gratuits car le 15 janvier 2022, tout le monde n’aura pas sa 3ème dose et devra à nouveau courir se faire tester. 

Pour avoir un pass vaccinal en règle, il faudra donc avoir au 15 janvier 2022.

  • soit les trois doses de vaccin
  • soit une dose de vaccin et un test négatif 
  • soit deux doses et un test négatif

Un vaccin homéopathique ? 

Faut-il s’interroger sur le mot vaccin ? Est-il dosé  “homéopathiquement”. Comparativement, celui contre le tétanos est valable 10 ou 20 ans, celui du BCG est efficace 10 ans, et l’Hépatite B s’élève à 25 ans. 

A la veille d’une forte probabilité de l’entrée en vigueur du pass vaccinal, l’opposition et la contestation sont à peine audibles.  Deux raisons s’en dégagent : les vacances scolaires et l’épuisement sur ce sujet. En effet,  le vacciné, harassé est immuno-déprimé. Avec toujours la grande question existentielle : pourquoi ne pas rendre plus simplement la vaccination obligatoire pour tous ? Elle couperait court à tous ces débats toxiques, qui divisent les familles, les amis et génèrent des tensions avec les salariés et avec la clientèle.

 

L’obligation vaccinale conforte le chantage à l’emploi

Que va changer le pass vaccinal dans les CHRD ? 

Il s’agit toujours d’une motivation, pour mettre en place « une obligation vaccinale déguisée » comme l’a déclaré Olivier Veran: c’est un droit aux loisirs. Alors pourquoi ce changement, générateur de nouvelles tensions ? L’obligation vaccinale conforte le chantage à l’emploi, avec en prime, le non-respect du secret médical, appliqué également à la clientèle. Il est permis de s’interroger et de s’inquiéter sur ces mesures liberticides acceptées sans sourciller. Alors que la profession avait déjà refusé de se substituer aux agents de police dans la vérification des identités, voici que le Premier Ministre exhorte nos jeunes collaborateurs à dénoncer nos éventuels clients fraudeurs.

“Le projet de loi précise que les contrôles seront faits en cas d’incertitude, or souvent les professionnels connaissent leur client”, précise Jean-Baptiste Lemoyne. Donc, faut-il comprendre un contrôle d’identité aléatoire et donc non obligatoire ?

Enfin, le projet de loi renforce les contrôles du pass vaccinal, mais aussi les sanctions qui s’élèveront à 1000 euros dès la première infraction constatée. Une centaine d’amendements a été déposée par les parlementaires.

Entraînement avec le masque. Les clients assis n'en porteront pas. Sur la photo, c'est l'équipe de salle qui joue le rôle du client ©Sandrine Kauffer-Binz

Des commerces et des collaborateurs essentiels ?

Force est de constater que les salariés exerçant dans des activités de loisirs sont soumis à la même exigence et protection que le personnel de santé et les pompiers. Pour avoir le droit de travailler, ils sont soumis au pass sanitaire et bientôt au pass vaccinal. Mais quid des politiques, des policiers, des gendarmes, des militaires et des enseignants ? Les enjeux économiques et sécuritaires, la continuité du service public s’appuient sur ces catégories professionnelles, alors pourquoi ne sont-elles pas soumises à cette même obligation ? Quelle est la logique sécuritaire face au covid ?

 

Fermeture des discothèques prolongées et télétravail

Compte tenu de la situation épidémique, différentes mesures ont été annoncées :

  • Fermé depuis le 10 décembre, les discothèques resteront fermées jusqu’à fin janvier 2022
  • Consommation debout interdite dans les cafés, bars, restaurants.
  • Rassemblements limités à 2 000 personnes en intérieur et 5 000 personnes en extérieur.
  • Annulation de toutes les cérémonies de vœux en janvier
  • Télétravail obligatoire 3 jours minimum pour tous les salariés pour lesquels cela est possible.

Pour accompagner ces décisions, Jean-Baptiste Lemoyne a déclaré : « Nous allons travailler aux mesures de soutien, d’accompagnement pour les professionnels des discothèques et traiteurs, déjà touchés depuis début décembre. Ainsi, l’activité partielle avec un reste à charge zéro pour l’employeur est activée dès qu’il y a une perte de 65% de chiffre d’affaires. Toute les demandes sont étudiées, y compris celle d’abaisser ce seuil à 50% de pertes », annonce-t-il.

Toute la branche CHRD est impactée sur décembre, son mois d’activité la plus forte. Avec toujours deux poids et deux mesures, qui suscitent incompréhension et colère. Selon les syndicats, “les professionnels de la nuit s’estiment à nouveau trahis avec la prolongation de leur fermeture pour 3 semaines supplémentaires”. Pourtant, ils ont tout mis en œuvre, la vérification du pass sanitaire, celui de la  pièce d’identité, le masque obligatoire et parfois, des tests négatifs en prime.

Fermetures administratives, fonds de solidarité, aides et "je suis ouvert"

 

Demandes syndicales en attente de réponses gouvernementales

Les organisations professionnelles (GNC, GNI, UMIH et SNRTC) tiennent à rappeler l’engagement du Gouvernement à prendre toutes les mesures d’accompagnement économiques dès lors que des restrictions sanitaires viennent impacter leur activité. Ils demandent d’urgence la réactivation de l’accompagnement économique pour toutes les entreprises pour décembre 2021 et janvier 2022 et tout le temps des restrictions imposées. Le rétablissement du Fonds de Solidarité dans les conditions de novembre 2020 et l’aide « coûts fixes » notamment pour les plus gros établissements

Elles demandent le retour de l’activité partielle « covid-19 » sans reste à charge, des exonérations des charges sociales sur les salaires et une aide au paiement des cotisations. Les organisations professionnelles rappellent également combien il sera impossible pour de nombreux professionnels de rembourser, à compter de mars 2022, leur PGE dans les conditions économiques actuelles.

Roland Heguy lors du dernier Congrès de l’Umih

 

Des « aides » à « l’étude »

L’annonce est inquiétante. S’agit-il véritablement d’aides ? oui et non. Oui le secteur n’a pas fait faillite, mais la terminologie ” aides” résonne comme une atteinte à la dignité professionnelle et à l’entrepreunariat.

Il s’agit en fait d’une indemnisation pour une perte d’exploitation liée à une fermeture administrative. Il s’agit davantage d’une dette conditionnée et chère payée, quand il s’agit du PGE. Enfin, ces indemnisations ne devraient pas faire l’objet d’une négociation, voire d’une imploration d’urgence de la part des syndicats, car depuis deux ans, des outils automatiques auraient du être instaurés pour faire preuve de réactivité. 

Rendez-vous début janvier 2022 pour faire le point sur les nouvelles mesures sanitaires ; celles “contraignantes” et celles qui feront office “d’aides” actées par le gouvernement.

 

Par Sandrine Kauffer-Binz