Hervé Lévy sillonne les Vosges avec le photographe Stéphane Louis. Ensemble, ils invitent à une ballade poétique, historique et photographique à travers 25 circuits, qui permettent de flâner entre les sapins, sur les chaumes, escalader des rochers fantastiques, dans le brouillard ou sous un soleil radieux. On espère trouver au détour d’un sentier une ferme-auberge ou jolies tables pour se sustenter d’avoir si bien randonner ou un hôtel de charme pour prolonger les bienfaits de ce bol d’air en mode “sylvothérapie”
Les mystère du Taenchel
Vous connaissez cette randonnée et pourtant au cœur de cette profonde forêt de sapins sont tapis des rochers aux formes étranges que la croyance populaire associe à des rites venus du fond des âges. Qu’en est-il ? extrait:
“Des rochers aux silhouettes alambiquées surgissent de la forêt, étranges structures minérales semées de cupules qui, dit-on, servaient à re- cueillir le sang des victimes sacrifiées lors de rituels primitifs. Les noms sont évocateurs : rocher des Titans, rocher des Géants (plus d’une centaine de cupules), rocher des Reptiles. Nous errons aussi dans la Nécropole, long couloir de pierre où se ras- semblaient les esprits de la montagne.
“Nous arrivons ensuite aux Trois Grandes Tables, où se trouve un anneau en fer, scellé dans la roche, auquel on accède par un escalier de fer. Y est gravé: in diluvio salus noae – j.j. becker – mdccclxxix. Il a été posé en 1879 par un habitant de Ribeauvillé, pour rappeler une autre légende attachée au Taennchel, celle de Noé: il y aurait amarré son arche au cours du Déluge. Curieusement, à quelques mètres, un autre anneau, plus grand, a été installé en 1938 pour évoquer la même histoire. Druides, géants, personnages bibliques, fées, gnomes… Tous se croisent ici dans une atmosphère de mystère renforcée par de multiples signes gravés dans la roche, sou- vent à demi effacés: lettres, croix, chiffres, symboles non identifiables… Même si le plus souvent, il s’agit simplement de marques visant à délimiter le territoire de telle ou telle noble famille, il est plus agréable de laisser son esprit vagabonder vers les contrées de l’imaginaire et de composer de terribles et sanguinaires histoires liées à des cultes oubliés.
Selon la légende – encore –, le sommet du Taennchel fut très tôt considéré comme un lieu où se concentrent les énergies, où les courants telluriques sont d’une grande intensité. ser certains promeneurs couchés – nus ou habillés – enlaçant les rochers pour y chercher force et puissance, ou des ra- diesthésistes amateurs ou professionnels.
À propos des Trois Grandes Tables, l’auteur écrit : « Nous mesurons une vibration de 250 unités H.L.V. sur le plan III (divin 49), et le vert + m. Le magnétisme est de 100% et le rapport cosmo-tellurique de 7/7. Je date le premier culte celtique au sommet de ces rochers à 550 avant J.-C. Comme nous apercevons trois bouleaux poussant en épis, nous pensons à un culte solaire.»
Voilà texte incompréhensible pour le profane mais pétri d’une puissante poésie que n’auraient pas reniée les Surréalistes
“Balade pour se perdre dans les Vosges”
Hervé Levy, Stephane Louis
Ed La Nuée Bleue260 pages
25 €