Il régnait comme une émotion indescriptible sur la scène d’Egast show à Strasbourg. Lundi 28 février, 2022, nombreux étaient ceux qui avaient rendez-vous avec Émile Jung.
Un rendez-vous virtuel, en pensée, où la communauté des cuisiniers s’est mobilisée, s’interrogeant de sa « présence », omniprésente. Fébriles, ils se sont préparés, avec enthousiasme pour l’organisation parfaite de cette journée hommage, de cette première édition du concours éponyme. C’est un grand jour, le grand jour des retrouvailles, entre professionnels et avec Émile. Le grand jour, où de surcroit les masques tombent, les visages s’expriment et plongent dans les souvenirs. La parole rend grâce à sa mémoire culinaire, telle une célébration, une ode à la gastronomie.
Vidéo les temps forts du trophée Emile Jung
Émile Jung bénéficie d’une renommée internationale, avec les 3 étoiles Michelin, qu’il a accrochées au célèbre et mythique crocodile avec Monique son épouse. Elle est arrivée, entourée des anciens collaborateurs, « sa garde rapprochée, les anciens du croco », qui se sont réunis autour d’elle pour revivre, ensemble, les temps forts de ces belles années des Jung au Crocodile. Tous les regards se tournaient vers Monique, gardienne de sa mémoire. Qu’aurait-il pensé du concours ? du sujet ? des candidats ? des dégustations ? Serait-il allé auprès de chacun d’entre eux, plonger sa cuillère dans leur préparation ? leur glisser un conseil pour réveiller la sauce ? oui, sans aucun doute. Il aurait distribué avec générosité son temps, son écoute, sa disponibilité, sa bienveillance.
Émile Jung aurait passé une journée formidable sur le salon Egast, un temple du partage, de la gastronomie, des rencontres, de la transmission, de la valorisation des produits, du savoir-faire et de ses acteurs. Oui, il aurait été très heureux sur le salon EGAST. Il se serait assis à la table du jury, partageant les commentaires de la dégustation avec Marc Haeberlin, Romuald Fassenet, Yohann Chapuis, Laurent Arbeit, et Jean-Paul Bostoen. Il serait passé de box en box, échangeant ses impressions avec le jury technique, ses deux anciens du crocodile, Laurent Huguet, son chef pendant 26 ans, et Matthieu Koenig. Pour rien au monde, Emile n’aurait manqué ce rendez-vous.
Les 6 candidats ont cuisiné une croustade aux fruits de mer, misant chacun sur un jus ou une sauce, sachant que le grand saucier, aurait apprécié.
Interview de Monique Jung
Ce concours prend tout son sens dans la mesure, où chaque candidat a exprimé ses motivations à participer à ce concours, mentionnant toujours les conseils et la bienveillance du chef. « Il faisait également partie des précurseurs en ce qui concerne l’apprentissage. Il mettait un point d’honneur à former des jeunes motivés à ce beau métier. Passion et travail vont de pair ! C’est un plaisir pour un chef de voir progresser ses protégés. Son engagement était tel qu’il partageait les joies et les peines de ses collègues au moment de la parution du livre rouge en février. Il les comprenait sûrement mieux que quiconque. Oserais-je dire qu’il est parti dans un autre monde le 27 janvier 2020 après la renaissance du Crocodile, nouveau phare de la gastronomie dans notre belle ville de Strasbourg, grâce à la famille Burrus. La cuisine était la passion de sa vie jusqu’à ce que la maladie le prive des plaisirs de la table. Émile était un chef original, peut- être un peu poète peut-être un peu rêveur, il écoutait le vent parler aux nuages, il mettait de la lumière dans nos nuits.
« Je suis particulièrement émue aujourd’hui et très touchée par la création du trophée Émile Jung », commence-t-elle entourée de la garde rapprochée des amis du Crocodile venue en nombre pour rendre hommage et la soutenir dans cette charge d’émotion. En effet, deux ans se sont écoulées après les obsèques du chef en la belle cathédrale de Strasbourg, et l’organisation du trophée. Deux ans qui semblent correspondre aux années covid. Deux ans et pour célébrer les « retrouvailles » sur le salon Egast, autour d’Émile Jung, figure emblématique du salon.
« Emile aimait le salon EGAST, et appréciait beaucoup Josiane Hoffmann, directrice du Salon qui savait en retour compter sur lui. Mon mari a été d’une fidélité imparable au salon Egast qui en est à sa 18ème édition. Il n’y en n’a pas une à laquelle Emile n’ait participé – en tant qu’animateur avec Hervé This et Jean-Georges Klein, avec Joël Robuchon et notre neveu Philippe Braun et tant d’autres.
Au moment du palmarès, Roger Bouhassoun très ému s’exprime sur la genèse du projet, les coulisses de l’organisation et l’objet de toute l’attention. « Émile était un grand homme d’Alsace, c’est une étoile qui brille toujours. On est tous là juste pour lui, bien sur aussi pour les candidats mais surtout pour lui, » insiste-t-il.
« En vous remettant ce 1er trophée », souligne Monique Jung à Jonathan Lux, « nous vous confions une lourde responsabilité. Je vous souhaite beaucoup de satisfaction à faire revivre les recettes de mon mari, celles qui lui étaient chères et celles qu’il n’a pas eu le temps de faire vivre. Je vous souhaite également la réussite dans votre beau métier si malmené en ce moment. Grâce à votre talent en devenir, je suis persuadée que la cuisine demeure un art qui donnera toujours de l’émotion et du plaisir en y mettant tout son cœur. Le présent étant indissociable du passé comme de l’avenir, la remise du trophée est en droite ligne de l’engagement d’Émile », souligne-t-elle.
Interview du gagnant Jonathan Lux
Palmarès
- 1er Jonathan Lux, Restaurant le cerf à Marlenheim
- 2eme Audrey Stippich, 6717 Nature Hôtel & Spa – Le Clos des Délices à Ottrott.
- 3ème Sébastien Hopgood, Restaurant l’Essentiel Barr
4ème ex aquo
- Jaimes Madeira, Restaurant le 15 La Vigie Ostwald
- Jean-Marc Porgye, Le clem’s à Haguenau
- Sylvain Scherer, Le Resto Du Coin à Strasbourg
Le jury de cette année était composé de :
- Romuald Fassenet, chef étoilé et MOF au Château du Mont Joly à Sampans
- Marc Haeberlin, chef étoilé à l’Auberge de l’Ill à Illhaeusern accompagné de son chef exécutif, Jean-Paul Bostoen MOF
- Yohann Chapuis, chef étoilé à L’écrin de Yohann Chapuis & Le Bouchon Bourguignon à Tournus
- Jean-Georges Klein, chef étoilé à la Villa René Lalique à Wingen-sur-Moder
- Laurent Arbeit, l’auberge Saint-Laurent à Sierentz
- Matthieu Koenig,chef de l’arbre Vert à Berrwiller
- Laurent Huguet, Maître cuisinier de France et consultant
- Jean-Fréderic Massias, Directeur de service ES
Interview Romuald Fassenet, co-président du jury