Dans le cadre de son Tour de France des Régions, Jean-Baptiste Lemoyne Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, interroge les acteurs touristiques et économiques pour préparer le tourisme d’après covid-19. Comment l’Alsace surnommée Coronaland dans le journal le Monde, stigmatisée par le cluster à Mulhouse et le déploiement du premier hôpital militaire sur ses terres, va-t-elle pouvoir séduire les touristes ? Quand et comment les restaurants vont-ils ré-ouvrir et dans quelles conditions ?
Pour tenter d’apporter des éléments de réponses et des proposition, des acteurs de la région Grand Est, dont Jean Rottner, président de la région, Marie-Reine Fischer, présidente de l’Agence Régionale du Tourisme Grand Est, Nicolas Stamm, chef cuisinier de la Fourchette des Ducs à Obernai, Roger Sengel, président de l’Umih Alsace, Josiane Chevalier, préfète du Grand Est et des acteurs économiques et touristiques, ont participé à une conférence téléphonique à l’initiative de Jean-Baptiste Lemoyne, lundi 11 mai 2020.
Du maintien nécessaire des aides aux mesures d’accompagnements personnalisées, «la solidarité devient un marqueur indélébile de notre ADN territorial. »
Nouvelle marque ombrelle « Destination France Est : le soleil se lève chez nous ».
Notre objectif : donner le ton d’une communication originale positionnée sur un tourisme qui reste debout malgré la crise à laquelle il a payé un très lourd tribut », précise Marie-Reine Fischer.
Après avoir invité le ministre et ses collèges à venir découvrir notre belle région et son art de recevoir Marie-Reine Fischer conclut; « cette crise est aussi une opportunité, celle de pouvoir accélérer la transformation et d’inventer, tous ensemble, le tourisme de demain. »
Roger Bouhassoun président des Chefs d’Alsace, Jean-Christophe Karleskind président de la Fraternelle des Cuisiniers d’Alsace, François Paul, Président du Prosper Montagné Alsace, Michel Husser, président des Etoiles d’Alsace, Jean-Claude Donatin président des Toques Françaises Alsace, Jean-Michel Mougard, président des Disciples Escoffier Alsace ont ainsi été contactés en amont pour préparer cet entretien.
« Je suis l’ambassadeur d’une région et d’une pluralité des métiers », précise Nicolas Stamm, « des winstub aux restaurants gastronomiques, des traiteurs aux artisans des métiers de la gastronomie, il faut prendre consciences que de nombreux commerçants sont impactés par nos fermetures : des fleuristes aux producteurs, des équipementiers aux fournisseurs. Le mot « solidarité » résonne positivement et nos réfléchissons à nous reconstruire ensemble et collectivement ».
« Notre souhait est de pouvoir ouvrir les restaurants à la même date que les autres régions, qu’il n’y ait pas de différenciation », introduit Nicolas Stamm. « Idéalement le 15 juin, mais nous aimerions pouvoir être informés en amont car on n’ouvre pas un restaurant comme on lève un rideau de fer », précise le chef. « Nous avons bien conscience que l’activé aura des difficultés à se relancer. C’est la raison pour laquelle, nous souhaitons le maintien du chômage partiel jusqu’à la fin de l’année ».
Il tient à préciser ; «Nous ne sommes pas dans une zône rouge, radioactive », se fâche Nicolas Stamm. « Il n’y a pas eu de catastrophe à la centrale nucléaire de Fessenheim, ni de contamination, ni de radioactivité ! », lâche le chef connu pour son franc-parler.
Colloque sur l’urgence de nouvelles propositions d’attractivités touristiques
«L’Alsace devra être la première région à montrer l’exemple, être pionnière pour réinventer le tourisme de demain et l’exercice de nos métiers de l’hôtellerie-restauration après covid-19. Nous ne pouvons attendre que toutes les aides et initiatives viennent de l’État. Nous devons reprendre notre avenir et notre devenir en main », souligne Nicolas Stamm qui conclut en remerciant l’État Français, « seul pays au monde à soutenir de la sorte nos entreprises et protéger les salariés ».
Ce colloque pourrait se construire dans la continuité des nouvelles pratiques de télétravail, call-conférences et visio-conférences qui se déploient aujourd’hui. Ces méthodes sont plus écologiques, économiques, réactives et réunissent dans des délais courts, hors contrainte géographique, de nombreux intervenants. Notes de synthèse et aux annales de colloque seraient des outils et leviers d’actions, pour agir rapidement avant la fin de l’été si l’on veut sauver la saison dans notre région.
«Il faut rester optimiste, mais pour autant il faut constater les réalités chiffrées et entendre la détresse du monde du CHRD qui redoute l’avenir. En accord avec notre président national Roland Heguy, nous demandons que 2020 soit une année blanche fiscalement ».
L’Umih demande une année blanche fiscale
Concernant les pertes d’exploitations, Roger Sengel rappelle qu’une négociation est en cours et a rappelé la « réunion de la dernière chance » de ce jeudi 14 mai. « Si les assurances et les syndicats ne parviennent pas à des accords, dans ce cas, c’est Bruno Lemaire qui va trancher et légiférer, mais il y a fort à parier que dans ce cas, ce sera en notre faveur. »
Le président de l’Umih 67 rejoint la position de Nicolas Stamm sur la prolongation du chômage partiel, mais le syndicaliste demande une reconduction et prolongation jusqu’à la fin 2021, avec une sécurisation au même taux que celui actuelle 84% du salaire net et sur la base des 39h.
« Il faut absolument éviter les licenciements économiques et si la rentabilité des affaires n’est pas au rendez-vous, je conseille aux restaurateurs de rester fermés »
A l’instar de Nicolas Stamm, Roger Sengel demande une ouverture des restaurants le même jour que le reste de la France, mais il l’envisage pour le 2 juin. « Nous attendons la réunion interministérielle du tourisme du 28 mai 2020, qui va décider de la suite du déconfinement. J’espère que nous pourrons avoir une vision intermédiaire pour avoir le temps de s’organiser et mettre en place les protocoles et valider les fiches métiers en ligne sur la DIRRECTE
«J’espère que le plexis ne sera pas obligatoire »
Par recueillis par Sandrine Kauffer-Binz