Le 17 avril 2015, Pascale et Jean-Luc Hoffmann entourés de leur famille, de leurs collaborateurs, de leurs amis et des représentants de la profession ont célèbré la date historique du 100ème anniversaire de la boucherie familiale
C’est en présence de Claude Sturni, député maire de Haguenau, Bernard Stalter, président de la chambre de métiers d’Alsace, Nicole Thomas, conseiller général du Bas-Rhin, Bernard Jauss, président de la Fédération des bouchers-charcutiers d’Alsace, Jacqueline Riedinger-Baltzer présidente de la corporation de la boucherie-charcuterie du Bas-Rhin, Michel Herrscher, président de la corporation des bouchers charcutiers de Centre Alsace, que Jean-Luc Hoffmann a narré l’hisoire de la maison, mêlée à celle de son parcours, conjugant tantot l’humour, le sérieux et l’émotion avec tendresse, dédiant la soirée à son ami Dany récemment décédé.
“Le défi de tous les entrepreneurs c’est la transmission !”, poursuit Claude Sturni pointant l’affiche de l’appli de la boucherie pour commander et s’informer.
Pour ce centième anniversaire, elle lui a offert, en avant-première, de découvrir la photo grand format du prochain livre de recettes de la corporation des bouchers charcutiers traiteurs d’Alsace
C’est sous un chapiteau que la soirée anniversaire battait son plein, plus d’une centaine d’invités ont dégusté des bouchées apéritives préparées par Didier, Nicolas, Christèle, Aline et Céline. Puis c’est l’équipe autour de Luc qui a servi un cochon de lait farçi. “Ce sera ma façon de rendre hommage à mon père Bernard décédé il y a presque 2 ans” précise Jean-Luc Hoffmann. “Il a écumé toute l’Alsace du Nord et même plus à découper ses cochons de lait farçis. Ce fût pour moi surtout celui qui m’a appris mon métier de boucher charcutier et qui me l’a fait aimer. Et c’est en pensant à lui, qui en a tellement livré dans sa vie, que j’ai tenu à vous proposer un cochon de lait farçi avec du gratin dauphinois”
“Tout a commencé en 1915 lorsque mon arrière grand-père Joseph, épaulé par son épouse Caroline démarre une activité de vente de viandes et charcuteries du côté de Beinheim. De leur union naquirent 6 enfants, 3 filles et 3 garçons devenus tous bouchers. Mais c’est le 2ème, Camille, mon grand-père, qui se montra le plus intéressé à reprendre l’activité de son père. Avec sa femme Irma, donc ma grand-mère, ils eurent 5 enfants, 2 garçons dont 1 mort très jeune et 3 filles.
Ils s’installèrent à Haguenau en 1937 en lieu et place de l’actuel Crédit Mutuel en face d’ici. La guerre venue, mon grand’ père fût incorporé de force dans la Wehrmacht et blessé sur le front russe. Au cours des combats pour la libération de Haguenau, le bâtiment de la boucherie fut détruit. Devant cette situation, mes grands parents durent réintégrer l’entreprise familiale de Beinheim avant de revenir en 1950 à Haguenau. Un terrain a été acheté et une maison construite avec un petit labo attenant et un magasin de vente.
Tout cela, car leur fils Bernard a lui aussi décidé de devenir boucher charcutier. C’était une époque où l’on vendait……
Et c’est comme ça que jusqu’à sa mort en 1969 Camille et Irma firent prospérer la boucherie Hoffmann. Ma grand’mère reprit le flambeau mais c’est plus mes parents Bernard et Lucie qui firent tourner le commerce et prirent le virage du traiteur. C’est l’époque des premiers coups de main. Il n’était pas rare pour moi en rentrant de l’école de passer un tablier et de devoir nettoyer une montagne de vaisselle. En fait, mon argent de poche ne venait que de cette façon. Et le samedi soir, combien de boums et de soirées ratées à cause des réceptions traiteur. Qu’est-ce que je fulminais à cause de cela mais c’est bien plus tard que j’ai compris “les bienfaits thérapeutiques” de ce traitement de bagnard.
Mon épouse Pascale, est venue me rejoindre au début des années 1990. Ce ne fut pas une sinécure pour elle car elle venait d’un métier totalement différent. Et ensemble nous avons repris la boucherie le 1er janvier 1998 avec comme seule certitude le désir d’abandonner le service traiteur du samedi soir et dimanche. Ce ne fût pas très facile de le faire accepter par nos clients. Les réactions étaient plutôt du genre “die bruschees jo net”
Très vite les idées ont fusé dans nos têtes et nous avons posé les jalons du futur de notre entreprise. Première chose, soigner l’accueil des clients et le fidéliser grâce à la carte de fidélité. Nous avons aussi inculqué à nos collaborateurs une autre manière de vendre avec cet esprit jeune qui les anime encore aujourd’hui. En 2000 est aussi venu le temps de la diversification. Nous avons opté pour la vente sur marché, en 2004 de prendre un deuxième point de vente dans l’hyper centre de Haguenau, à contre courant d’autres , qui ne cherchaient qu’à s’en éloigner.
Et lorsque nous nous sommes sentis assez forts pour entreprendre la réalisation du projet phare de notre carrière, la transformation de notre magasin principal, nous y sommes allés, bille en tête. C’était en 2011.
Bien nous a pris, malgré l’investissement lourd, 900 000€, nous avons fait progresser la boucherie et embauché depuis 7 collaborateurs supplémentaires pour un chiffre d’affaires d’un peu plus de 3 millions d’euros. Et tout cela dans une conjoncture des plus moroses.
La plupart d’entres vous savent que j’ai couru quelques marathons, sans pour autant avoir les capacités physiques d’un dieu des stades. Et bien, quand on a la volonté de réussir quelque chose, qu’on se donne les moyens d’y arriver (l’entrainement) et qu’on a un mental fort (passer le mur des 30 km) on réussit à passer la ligne d’arrivée.
En revenant de New York en 2003, j’avais compris que je pouvais transposer ces mots à mon entreprise. Et cela m’a depuis toujours chevillé au corps.
Vouloir c’est pouvoir…
Une histoire d’hommes car il en a fallu et il en faut encore des bras pour transformer des carcasses de viande en steacks, charcuteries et produits traiteurs. Des hommes et des femmes qui font un bout de route de leur vie avec la maison Hoffmann ou toute leur carrière et puis qui se séparent comme un couple arrivé au bout de sa route ou qui sont rattrapés par la limite d’âge.
Un ami, présent ce soir, m’a dit un jour, bien avant de reprendre l’affaire familiale, que les plus grandes difficultés que je rencontrerai dans ma vie de patron sera la gestion humaine. Il avait un peu raison mais à contrario cela peut aussi se transformer en très belles histoires entre patron et employés dans un monde du travail où le respect de l’autre doit être placé bien avant les chiffres car il constitue la fondation même de l’entreprise.
Et là je me tourne vers nos collaborateurs, que je remercie au passage d’être venus avec leur conjoints et de s’investir tout au long de ce Week End pour le bon déroulement de ce centenaire.
Oui, je me tourne vers vous car notre prochain objectif est de se rapprocher de ce graal de performance et d’ambiance, sans pour autant être bisounours.
J’entends souvent des clients me dire qu’ils apprécient le personnel de la boucherie. Je ne vous le dis pas mais cela me rempli de fierté. Je préfère mettre l’accent sur les choses qui ne vont pas ou qui sont à améliorer.
Parce que le client c’est notre gagne-pain et que au-delà de tous les bla-bla c’est lui qui décide de notre réussite ou pas.
Du 20 au 25 avril nous mettons en avant 10 produits qui ont fait notre renommée au prix de 10€ le kg et du 27 avril au 2 mai tout client venant avec un bon d’achat de la première semaine obtiendra 10% de remise sur tout le magasin.
Ce qui nous fait dire “100 ans ça se fête et plutôt 2 fois qu’une”.
J’essaie à mon tour de transmettre mon savoir et de péréniser mon métier au travers de mon engagement auprès de mon organisation professionnelle. Je passe beaucoup de temps à m’occuper de formation d’apprentis et très prochainement à nouveau des examens.
Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je cours souvent de réunions en réunions. Si je peux me permettre mes multiples engagements en dehors de l’entreprise c’est parce que je peux m’appuyer sur une équipe de plus en plus autonome et que je félicite par la même occasion.
Et puis on dit souvent que la bonne santé d’une entreprise artisanale est due au conjoint, chez Hoffmann on ne déroge pas à la règle. Merci à toi, Pascale.
C’est aussi l’occasion pour moi de remercier mes ou nos amis de leur présence ce soir. L’amitié est une notion très importante dans l’équilibre de la réussite professionnelle et elle a toujours jalonné mon parcours professionnel”, conclut Jean-Luc Hoffmann.
Boucherie Hoffmann
5 route Soufflenheim
67500 HAGUENAU
Tél : 03 88 73 21 14
E-mail : courrier@boucherie-hoffmann.fr
www.boucherie-hoffmann.fr