Les 17 et 18 septembre 2011, dans le cadre des journées du Patrimoine, l’association ” Les restaurants et les hôtels de Strasbourg ont une histoire” a invité les gastronomes à découvrir un menu médiéval et empire en différents lieux emblématiques et historiques de la ville, sous le patronage du critique gastronomique, Gilles Pudlowski.
Sous l’égide de l’historien Jean-François Kovar et du chef de cuisine du restaurant Le Tire-Bouchon, Jacques Becker, deux menus ont été préparés dans le respect des produits d’antan, de leur mode de préparation et des traditions culinaires de l’époque.
Toute la ville s’est parée et ambiancée d’Histoire, jouant des scènes de rues médiévales, partant à la rencontre de manants, jongleurs, cracheurs de feu, cavaliers, plongeant le centre historique de la cité, dans des festivités moyenâgeuses.
L’époque médiévale fait la part belle aux carnassiers et la viande est, aux XIVe et XVe siècles, l’aliment de référence des seigneurs, qui en consomment abondamment; du gibier chassé aux animaux de boucherie ou de basse-cour.
Jusqu’à la Révolution, La Hache est très prisée des Strasbourgeois. Située face au bâtiment de la Douane fluviale, centre de l’activité économique, où les marchandises transitent, elle est acquise en 1830 par Jean-Jacques Ansen, qui la transforme en une brasserie de belle renommée.
Alors, s’impatiente-t-on, que mangeait-on autrefois ?
En entrée, c’est une soupe à l’ortie et aux amandes, qui nous est proposée par un serveur costumé. Potage vanté pour ses vertus diurétiques, digestives, purificatrices et revitalisantes, elle était gouteuse. Les amandes broyées et le pain rassis, donnaient de la mâche au breuvage d’herbes.
Cuisiné aux épices (cannelle, marjolaine, gingembre, ou cardamome) et au vin rouge, bardé de gras, pour lui donner du gout et éviter qu’il se dessèche, ce poisson d’eau douce, par ailleurs carnassier, s’est révélé être une belle surprise.
Au moyen-âge, le poisson était essentiellement consommé salé ou fumé en période de Carême, où la viande, les oeufs et le beurre étaient interdits. Pêché dans le Rhin, le brochet est l’un des composants de notre célèbre matelote d’Alsace.
Dans la cocotte en fonte, se superposent lamelles de porc, oignons et panais, joli légume oublié au bon goût de châtaigne. Dans le bol, on retrouve des navets rissolés, mélangés à des châtaignes.
Le navet était l’un des légumes de base de la cuisine médiévale. Aisé à cultiver et propre à la nourriture des petites gens, le mot “navet” est, dès le 13è siècle, employé pour exprimer l’absence de valeur attribuée à quelque chose. La châtaigne était, quant à elle, un élément essentiel de l’alimentation rurale, surtout en période de mauvaises récoltes, consommée bouillie ou cuite dans la cendre.
Quand l’histoire des mets raconte l’origine des produits, lorsque les plats de naguère panachent la gastronomie d’aujourd’hui, quand les recettes défient le temps, les papilles sont en émoi et les saveurs prennent d’autant plus de valeurs, qu’elles sont narrées, pour rendre honneur aux belles traditions culinaires d’autrefois.
Par Sandrine Kauffer
Crédit photos : ©SAndrineKauffer
A la Hache
11, rue de la Douane – 67000 Strasbourg
03.88.32.34.32
www.alahache.com