Lorsqu’il s’agit de découvrir un vin au restaurant, c’est au sommelier de vous accompagner tout au long d’un parcours de dégustation. Romain Iltis, Meilleur Sommelier de France 2012 et l’un des Meilleurs Ouvriers de France en Sommellerie 2015, invite à découvrir les origines d’un vin singulier, le Klevener d’Heiligenstein.
Le chef sommelier de la Villa René Lalique, restaurant 2 étoiles au Guide Michelin, explique : « La particularité de ce vin, c’est d’abord qu’il est confidentiel, car on le retrouve uniquement sur les coteaux de 4 petits villages alsaciens : Heiligenstein, Goxwiller, Bourgheim et Gertwiller ».
L’histoire du Klevener
Ancêtre du gewurztraminer, vous le connaîtrez peut-être comme le savagnin rose, qu’il est possible de retrouver dans le vignoble jurassien. Sur le pied de vigne, sa grappe est assez petite et les baies ont une peau plutôt épaisse, qui arbore à maturité une belle couleur rosée. C’est en 1971, qu’il fut reconnu comme le huitième cépage alsacien.
« À l’époque on l’appelait le traminer. Son histoire est dingue car des pépins de raisin ont été retrouvés dans les pyramides d’Égypte. Les romains l’ont ensuite apporté avec eux jusque dans le village de Tyrole en Italie, qui se nommait, Tramin. De fil en aiguille, il arriva chez nous en Alsace » !
« On pourrait croire que son plus proche cousin est le gewurztraminer que nous connaissons dans la région et pourtant il s’agit du savagnin blanc, cultivé dans le Jura, un cépage connu, car il est utilisé dans la production du vin jaune ».
Déguster le Klevener
À la dégustation, ce vin peut-être plutôt sucré, mais également plus sec, tout dépend de la date de sa récolte, ainsi que de sa vinification. Un vin « tout- terrain » car il offre une riche palette aromatique avec des notes d’amande, de noisette, de fruits blancs et de fleurs. « Ce qui est drôle, c’est que l’on peut sentir de vraies similitudes avec le gewurztraminer, notamment grâce aux épices que l’on sent en humant le vin ».
Pour que la dégustation se déroule dans les meilleures conditions possibles, le Meilleur Ouvrier de France alsacien, misait sur quelques tapas ou des rillettes pour un casse-croûte. Le tout bien sûr à déguster à l’occasion d’un pique-nique dans les vignes sur la route des grands crus !
« J’aime ce genre de vin, sans prise de tête, avec quelques olives, de la charcuterie, du fromage de chèvre, des pickles… Du fait de sa large gamme aromatique, il fait le liant à chaque fois. L’amertume le rend digeste et nous donne envie de se resservir sans trop attendre, les notes d’épices permettent de l’accorder parfaitement avec des mets d’ailleurs, aux saveurs safranées ou de curry, ou encore grâce à sonacidité, il accompagnera parfaitement des sardines grillées ou même de l’agneau » !
Par Margot Reinartz