Objet de prédilection et de convoitises pour l’esthète polisson, il ravira lors de vos soupers intimes, autant la muse que son poète. Coquillage évocateur, il possède comme l’huître moultes vertus aphrodisiaques, probablement dues aux ressemblances troublantes avec l’intimité profonde du sexe féminin.
Une fille laide et sotte est souvent gratifiée de moule, quolibet largement utilisé au bord de l’océan pour nommer ainsi une jouvencelle peu encline aux plaisirs de l’amour.
Essayez :
Ouvrez délicatement une belle moule d’Espagne. Une odeur marine flatte votre odorat, un parfum suave mêlé d’iode et d’algues fraîches s’échappe de la belle. Regardez- la, ouverte, béante, vivante…
Le choix des moules :
La région d’origine à peu d’importance, tout cela n’est qu’affaire de goût et de culture. La bretonne (Vaginus bretonnus), comme la normande (Vaginus normandus), toutes deux un peu farouches et quelquefois grassouillettes, sont des moules rustiques, goûteuses et fidèles. Celles de la mer du Nord (Cyprinus dieppus), plus rares, peuvent se révéler excellentes quoiqu’un peu froides et timides. La méditerranéenne (Moulus nicius), sous sa coquille frêle et légère peut se révéler trop salée et un peu trop frivole. La Hollandaise (Syphylus Vermeerdelfus), bien pleine mais plus fade que les moules Françaises, est une grande voyageuse souvent un peu fatiguée. Gardez les espagnoles (Moulus paëllatus) pour l’amuse bouche. Elles dévoileront leur fougue dégustées crues car elles vivent dans l’instant mais dépérissent vite avec l’âge.
De toutes, préférez les bouchots : elles sont bien élevées et ne traînent pas sur les bas fonds.
La moule commune (Mytilus edulis) reste une valeur sûre. Elle délecte toujours les plus exigeants des gourmands.
Sauvages ou d’élevages, les meilleures sont d’âge mûr. Trop jeunes, elles manquent de goût et de caractère. Trop vieilles, elles deviennent molles et perdent leur tonicité.
Lavez les biens, elles garderont toujours leur parfum iodé. Une exception cependant : celles que l’on déguste à même la plage, un soir de pleine lune ou entre ami(e)s, de façon impromptue.
Méfiez-vous des moules déjà ouvertes ou légèrement entrebâillées. Elles peuvent vous transmettre de vilaines maladies.
Les conseils du chef :
En cours de préparation, certaines moules s’ouvrent difficilement ou pas du tout. Certaines même se rétractent quand on les touche. Patientez, ce sont les meilleures. De chair ferme et délicate, parfumées à souhait, elles se révéleront délicieuses et tendres, et vous offriront subitement, sans retenue, avec fougue et passion un avant goût du paradis.
La recette: Ingrédients deux personnes
1 kg de moules
1 verre de vin blanc
1 dl de crème fraîche épaisse
1 filet d’huile d’olive
1 belle échalote
Une gousse d’ail
Un peu de persil haché
Poivre de moulin
*Faire dorer les échalotes ciselées dans l’huile d’olive. Ajoutez les moules nettoyées.
*Retournez-les pendant une bonne minute, puis ajoutez le vin blanc.
*Quand elles sont bien ouvertes, sortez-les à l’aide d’une écumoire. Réservez.
*Faire réduire le jus rendu par les coquillages. Ajoutez l’ail écrasé, le persil haché fin puis la crème fraîche épaisse.
*Poivrer à votre convenance puis ajouter les moules dans cette sauce iodée, juste le temps qu’elles se réchauffent et s’imprègnent de sauce onctueuse.
*Servez chaud.
Suggestions :
En accompagnement servez un bon riz Basmati ou des frites à la façon Bruxelloise.
Vins conseillés :
Un petit blanc du pays Nantais ou un Sylvaner racé.
Pour réussir ce mariage mets- vins, assurez vous que l’huile d’olive est bien extra vierge.
Excellente Saint Valentin !
Par Daniel Zenner